Réflexion - S'informer autrement ou ne pas s'informer
Il y a plus de 4 mois, je refaisais un tuto sur les Flux RSS, cet outil d’information essentiel pour sortir des bulles d’informations prémachées…mais aussi entrer dans sa propre bulle. Et il y a trois mois, Cyrille écrivait aussi une réflexion autour de ce besoin de s’informer et de comment le faire. De quoi nourrir ma propre réflexion que j’ai laissé faire son oeuvre jusqu’à aujourd’hui.
La première question que je me suis posée, c’est s’informer sur quoi ? Il y a tant de domaines que l’on peut s’y perdre et on ne peut pas être informé sur tout. Donc j’aurais tendance à dire qu’il faut s’informer sur les quelques passions que l’on peut avoir. Ce qui est dans notre quotidien aussi. Pour ma part, j’aurais besoin d’avoir mon petit flux d’information locale, à savoir ce qui provient de la mairie ou des communes alentours. En comptant l’activité politique locale, ça fait aussi quelques informations à glaner. Ma passion pour la géopolitique (j’y reviendrai…) me fait m’informer en anglais et français essentiellement sur ce qui se passe dans le monde. Le monde est vaste et j’ai donc choisi un flux par continent, environ. Et ça fait déjà beaucoup trop car il y a des redondances. Je pourrais rajouter ensuite des sujets spécialisés comme l’automobile, l’informatique, le logiciel libre, la musique….STOOOoooooop là c’est déjà trop. Imaginez que ça fait potentiellement des centaines d’articles par jour. Donc déjà je vais devoir faire des choix ou mieux choisir ma manière de m’informer. Le flux RSS a l’avantage de tout capter et regrouper mais l’inconvénient de vraiment tout prendre, sans filtre, même si on peut en configurer un peu dans les outils, comme la fréquence de mise à jour, par exemple.
Il va donc falloir restreindre les sujets. Et pour cela, je me suis posé les questions essentielles : Pourquoi suivre ce sujet ou un autre ? Je réponds sans doute à un besoin. Par exemple, je m’informe peu sur les people et les familles royales…pas de besoin. Je n’ai plus trop de besoin sur l’informatique en fait et je n’ai donc plus de flux ou si peu dans le domaine. Juste de quoi connaître les tendances pour ne pas être largué. Alors que pour la musique, se pose le problème du genre car il sort énormément de choses chaque jour mais pas forcément dans mes styles de prédilection. Et puis je finis par me poser la question de la géopolitique. Je m’intéresse à cela depuis le lycée et ça ne cesse de m’intéresser, les sources ayant changé bien des fois avec quelques périodes d’arrêt. Un goût donné sans doute par d’excellentes profs de géographie…mais aussi une curiosité pour les atlas de tous genres. L’envie de comprendre la complexité du monde, connaître les autres ? Difficile à répondre mais c’est un besoin ancré profondément. Au point que cela me désole de voir des conflits oubliés ou mal traités par les JT.
Maintenant que je restreins les thèmes et les sources, il reste quand même un problème : La fréquence de l’information. Je n’utilise aucune application d’information sur le smartphone et j’ai déjà supprimé bon nombre de notifications, d’ailleurs. Mais l’agrégateur de flux est certainement l’adresse où je vais le plus. C’est donc mon problème parce que je le mets à jour trop souvent, parce que j’y vais tous les jours, voire plus. Enfin, j’y allais…J’ai testé d’y aller une fois par semaine et ça me paraît une bonne idée. Sauf que pour les sites d’information, ça fait du 300 à 400 articles à lire. Ce que je ne fais pas et je vire donc directement les plus anciens avec le risque de rater quelques chose. Mais d’où vient cette idée que je rate quelque chose ?
C’est cette forme de drogue de l’information qui nous joue des tours. On s’aperçoit très vite que l’on vit très bien sans savoir ce qu’il se passe chaque jour. Mais l’information n’est plus faite pour un format plus lent. Il faut feuilletonner, décupler les articles sur un même sujet, rajouter toujours et encore un nouvel article qui ne fait rien de mieux que le précédent. Le même piège que regarder des heures les chaînes d’information continue qui abrutissent sur un ou deux sujets en boucle sans, en définitive, apporter d’information. Donc mon nouveau réglage c’est de me donner une période environ une fois par semaine pour me concentrer sur l’information et pas plus. Dans FreshRSS, il est possible de gérer chaque flux pour sa remise à jour, plutôt qu’une valeur par défaut forcément excessive. C’est le cas dans n’importe quel agrégateur et on peut moduler selon le type de site.
Reste le problème de la sélection des sources qui finit par enfermer dans notre propre bulle. Il faut donc être relativement ouvert à des sources qui ne seront pas toujours dans notre opinion politique et que l’on recoupera avec celles plus de notre bord. Ainsi j’ai des sources parfois très libérales, tout autant que des sources plus à gauche mais par contre j’ai banni toute source diffusant des contre-vérités et autres “fake news”… et ça commence à faire de moins en moins de sources fiables en France, quand on voit les dernières errances des chaînes publiques. Il reste que selon l’humeur, on a plus ou moins envie de lire certaines choses, d’être informé ou pas. Les mauvaises nouvelles qui s’accumulent, ce n’est pas très motivant. Et comme l’on parle d’information, il faut parler aussi de la différence entre journalisme et éditorialisme, dans cette sélection. Si l’information n’est jamais neutre, il convient quand même de différencier les deux, tant le mélange des genres est devenu courant sur les chaînes de télé, par exemple. On retrouve donc des faits, choisis évidemment, mais des faits…avec des avis d’éditorialistes et, chose plus sournoise, des opinions de la rue choisis souvent à dessein et pas de manière équilibrée. Comme s’il fallait nous apprendre à penser d’une certaine manière.
Il devient donc plus difficile aujourd’hui de s’informer et certains font le choix de ne plus s’informer ou de prendre une synthèse pré-mâchée (genre Hugo Décrypte…ou même via une IA). Difficile de fixer un seuil à tout cela. Ne pas s’informer finit par nous faire moins comprendre le monde et ses impacts sur nos vies. S’informer uniquement sans prendre le temps de faire ses propres synthèses rend notre intelligence passive, moins apte à l’analyse. Des études scientifiques tendent à le prouver en tout cas. Chacun est évidemment libre de choisir son information, ses centres d’intérêt, des plus sérieux aux plus futiles. Entre surinformation et non-information, le choix est plus complexe que pour nos aïeux. Souvenez-vous, le grand-père qui allait chercher son journal quotidien, voire recevait son hebdo. Et la grand messe du 20h…Tout ça nous suffisait bien, sans avoir besoin de tonnes de flux, de notifications malgré les biais déjà présents et la course au spectaculaire qui existe depuis le 19ème siècle, au moins. A méditer dans nos choix pour ne pas passer à coté de …ce qui est sous nos yeux.