Actions militantes - Février 2025
Les températures baissent, mais la colère monte-t-elle ? En tout cas les actions ne baissent pas les bras même si on manifeste moins par grand froid. Encore que même le froid devient rare avec le réchauffement climatique du à l’activité humaine. Mais il y a quelques bonnes nouvelles sur tout ce qui est entrepris.
Les chiens de chasses, victimes eux aussi
Les chasseurs se disent amis de la nature mais traitent bien mal leurs auxiliaires préférés, les chiens : “Ce 27 janvier 2025, Animal Cross était partie civile dans une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) au tribunal judiciaire d’Auxerre. Pendant des mois, le prévenu avait détenu en captivité et maltraité 24 chiens utilisés pour la chasse, dans son chenil non déclaré, sans électricité ni évacuation des eaux usées, à Cruzy-le-Chatel (89). Des plaintes avaient déclenché l’intervention de la Direction départementale des services vétérinaires (DDSV) qui avait alors découvert des chiens d’une grande maigreur, exposés à un froid glacial, dormant à même le sol au milieu d’excréments. Les animaux ne sortaient que pour des parties de chasse au cours desquelles nombre d’entre eux se blessaient. Au total, le prévenu a été poursuivi pour 25 infractions, essentiellement administratives… une seule concernant l’absence de soins à des animaux domestiques, au titre de l’article R. 215-4 du code rural et de la pêche maritime ! Le tribunal a effectivement condamné l’homme à une peine de 100 jours-amende à cinq euros, quinze contraventions allant de la 3ème à la 5ème classe, et une interdiction de détenir un animal pendant 5 ans. (une pétition avait récolté 41 0000 signatures)
Les Abattoirs, ou le couloir de la mort
Le couloir est étroit. L’odeur de la mort plane. Devant lui, d’autres cochons sont déjà arrivés à la tuerie. Son tour approche. Il le sait. Il le sent. Il panique. Il tente de reculer, de grimper sur un autre cochon, pour fuir. Un employé s’approche, un aiguillon électrique à la main. Et le frappe en plein visage, à plusieurs reprises. Chaque décharge le fait se tordre de douleur. Ses cris sont déchirants. Dans ses yeux, je lis tout : la peur, l’incompréhension, l’effroi absolu. Il est soudain tétanisé. Il comprend peut-être qu’il n’y a pas d’issue.
L’émotion dans les yeux de ce cochon en dit long : les animaux ressentent la peur, la douleur et la souffrance, comme vous et moi. Récemment, c’est l’Abattoir du Rhone qui faisait parler de lui. Grâce à l’enquête de L214 révélant les conditions abjectes de mise à mort dans cet abattoir, l’abattage des cochons a été suspendu. Un premier pas, mais qui est loin d’être suffisant ! Les vaches et les moutons continuent d’y être abattus, dans des conditions tout aussi illégales et cruelles. Nous ne lâchons rien.
Et puis avant cela, il y a aussi les conditions d’élevage intensif : “ 80 % des animaux subissent d’immenses souffrances dans des élevages intensifs. Chaque année, plus de 5 milliards de poulets vivent entassés dans des conditions abominables. 330 millions de poussins sont broyés ou gazés. Tout ça est légal. Il faut que ça cesse. La législation européenne, souvent vieille de plus de 20 ans, ne tient pas compte des études scientifiques les plus récentes, ni des recommandations de l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Des directives donnent quelques limites à ce qu’on fait endurer à certains animaux selon leur espèce, mais d’autres n’ont même pas de protection spécifique.” Voilà pourquoi les associations européennes s’allient pour obtenir :
- la fin des cages,
- l’accès au plein air et moins d’animaux entassés dans les élevages,
- zéro mutilation : plus de queues et de becs coupés, de castrations, d’écornage,
- l’interdiction de tuer les poussins mâles,
- une réglementation pour les poissons, les dindes et les lapins, aujourd’hui élevés sans la moindre protection (et récemment des saumons d’élevage se sont échappés dans la nature.
Environ 91 % de la population européenne exige des conditions de vie décentes pour les animaux d’élevage (source Eurobaromètre 2023).
Sensibiliser à la condition animale
Le lobbying peut aussi être positif et l’éducation commence dès le plus jeune age. Welfarm, qui fête ses 30 ans, entreprend aussi cette démarche dans les écoles. En complément du prêt de son exposition « Les animaux, l’élevage et moi », Welfarm propose aux établissements scolaires une animation destinée à approfondir la réflexion des élèves sur la condition des animaux d’élevage et sur les manières de s’engager pour leur bien-être. Pour réserver.
L’élevage intensif, ce qui tue animaux et agriculteurs
Une action est en cours pour empêcher l’augmentation du nombre de poulets et de vaches enfermés dans un élevage industriel cruel à Tinchebray-Bocage. Si ce projet est approuvé, le nombre de poulets passera de 30 000 à 61 600 et celui des vaches de 150 à 250. Cela signifie que 31 600 poulets supplémentaires seront abattus tous les 35 jours et que 100 vaches de plus souffriront dans l’industrie laitière. Les élevages industriels sont des lieux de souffrance. Les hangars sont si surpeuplés que la densité atteindra 22 poulets par mètre carré – soit l’équivalent de trois poulets sur une feuille A3. Après 35 jours, ils sont envoyés à l’abattoir, où ils sont plongés dans un bain d’eau électrifié avant d’être tués. Mais c’est aussi signer la disparition de plus petites exploitations, souvent bien plus respectueuses aussi du bien être des animaux.
Le gouvernement Bayrou et le Sénat, fossoyeurs du bio
Non seulement le sieur Bayrou cumule les mandats, mais il faut se souvenir qu’il est aussi agriculteur à ses heures…un ami de la FNSEA? Beaucoup le sont au Sénat et cela s’illustre encore : Après avoir échoué à supprimer l’Agence Bio, le Sénat vient de lancer une nouvelle offensive contre l’agriculture biologique, en faisant supprimer de la Loi d’orientation agricole (LOA) tout objectif chiffré de développement de la bio en France. Le 19 février, une Commission mixte paritaire décidera de confirmer ou non cet inquiétant retour en arrière, véritable provocation politique. La version de la LOA votée par l’Assemblée nationale prévoyait de mettre à jour le Code Rural en actualisant les objectifs de développement des surfaces bio en France (« 21 % en 2030 », à la place de la formule actuelle obsolète de « 15 % en 2022 »).
En effaçant brutalement cet objectif au mépris des souhaits des Français·es et même de l’avis du gouvernement, le Sénat réaffirme sa volonté obstinée de bloquer la transition écologique de l’agriculture française. Nous l’avons fait plier sur l’Agence Bio, nous devons insister et l’empêcher de passer en force ! L’action est ici
Et à ce sujet, la bataille de l’Eau continue. Greenpeace a édité un rapport sur le sujet, fruit de 9 mois d’enquêtes. Car “L’agriculture représente 58 % de l’eau consommée en France métropolitaine, principalement à des fins d’irrigation. Saviez-vous que cette eau bénéficie seulement à 1 agriculteur sur 5 ?”. Le rapport est ici en PDF.
Des bonnes nouvelles aussi
Singes et Noix de coco
“Après que PETA Asie a révélé la maltraitance endémique dans l’industrie thaïlandaise de la noix de coco (dénonçant le fait que les employés enchaînent, frappent et fouettent les singes pour les contraindre à grimper aux arbres et à en cueillir les fruits), de nombreux grands commerçants et supermarchés ont abandonné les marques liées au travail forcé des singes. Lorsque Whole Foods a honteusement échoué à protéger les singes en refusant d’agir, les entités PETA se sont directement adressées à leur fournisseur de noix de coco, Merit Food Products. Elles ont aidé cette entreprise à marquer l’histoire en devenant le premier producteur thaïlandais de lait de coco à éliminer le travail forcé des singes de sa chaîne d’approvisionnement. Allant encore plus loin, le distributeur alimentaire américain Andre Prost (propriétaire de la marque de lait de coco A Taste of Thai) a abandonné toutes les noix de coco thaïlandaises et s’est engagé à ne s’approvisionner qu’auprès de Chef’s Choice Foods, un producteur de lait de coco basé en Thaïlande qui a cessé de s’approvisionner en fruits dans son pays d’origine à la suite des enquêtes menées par PETA Asie. Les enquêteurs de PETA Asie se sont aussi rendus en Thaïlande pour dénoncer les « écoles » cruelles où les employés emprisonnent des bébé singes et les « forment » à cueillir des noix de coco. Arrachés à leur mère, attachés avec des cordes si courtes qu’ils peuvent à peine bouger et poussés à la folie par le confinement sans fin, ces petits finissent par être vendus à des cueilleurs de noix de coco. Nous demandons instamment au gouvernement thaïlandais de fermer ces structures misérables et d’interdire officiellement le travail des singes dans cette industrie.”
Deux municipalités arrêtent la corrida !
Pierre Froustey, courageux maire de Vieux-Boucau (Landes), a décidé de ne plus organiser aucune corrida. Il déclare : « Nous considérons qu’à Vieux-Boucau, cette tradition n’est plus. » Pour le Conseil municipal, il ne s’agit pas d’une tradition locale. La municipalité supprime donc les spectacles de mort, au profit d’autres formes de tauromachie, comme la course landaise, événement exempt d’effusion de sang.
A La Brède (Gironde), le maire Michel Dufranc, a annoncé l’annulation de la corrida, invoquant, officiellement, des raisons budgétaires. « À La Brède, c’est la mairie qui finance la corrida et toutes les associations de la ville en profitent. » Il ajoute : « Je ne mettrai jamais les finances de la mairie en danger ». Comme pour Samadet en 2022, il s’agit d’une suspension qui deviendra certainement définitive, comme toujours…
Michelin s’engage à ne plus faire la promotion des delphinariums dans ses guides
C’est une excellente nouvelle pour entamer l’année : Michelin, célèbre éditeur de guides de voyages, a pris la décision louable d’exclure les delphinariums et autres spectacles impliquant des animaux marins en captivité de ses publications. Cet engagement auprès de PETA lui vaut de recevoir un « Prix de l’entreprise respectueuse des animaux » de l’association. La nouvelle politique des guides Michelin est clairement dans l’air du temps, coïncidant en effet avec la fermeture définitive du parc marin polémique le Marineland d’Antibes.