Cinéma - La Venue de l'Avenir de Cédric Klapisch (2025)

Depuis “Chacun cherche son chat” et la trilogie de “l’Auberge espagnole”, je suis plutôt fan des films de Klapisch. Un cinéma sensible, choral, parlant souvent de la famille et des relations humaines. Le voilà qui me touche à nouveau dans son nouveau film.

J’avais déjà été intrigué par la bande-annonce mêlant le Paris de la fin 19ème - début 20ème et la Normandie d’aujourd’hui. Une famille doit décider si une maison familiale d’une ancêtre disparue en 1944 doit être détruite pour céder place à un centre commercial. En ouvrant cette demeure, ils découvrent de vieilles photos, une peinture mystérieuse et se mettent à enquêter sur l’histoire de cette femme, Adèle (Suzanne Lindon) et son parcours tumultueux. Entre imaginaire et réalité, Seb (Abraham Wapler), Guy (Vincent Macaigne), Céline (Julia Piaton) et Abdel (Zinedine Soualem) allient leurs compétences respectives et se découvrent eux-même. Klapisch alterne donc l’histoire de ces 4 cousins dans notre époque et des flash-backs entre 1870 et 1914 environ, en Normandie et surtout à Paris, alors en pleine révolution artistique et industrielle : La photo prend son essor, le cinématographe débarque, l’électricité se déploie, la peinture se transforme…

affiche

Pour l’ancien photographe Klapisch, c’est l’occasion de parler de cet art et de son influence, jusqu’à la transformation imposée à la peinture qui devient moins académique. Le film est à la fois un hommage à l’impressionnisme avec beaucoup de clins d’œils dans les scènes mises en image par Alexis Kavyrchine et aux précurseurs de la photo, même si on voit assez peu des techniques de Felix Nadar (Fred Testot). Pourtant ce n’est pas un documentaire, faisant fi du réalisme parfois pour une vision plus fantasmée des choses. Ainsi, si le Montmartre de l’époque comportait des cultures, ce n’était pas forcément aussi propre et champêtre. L’aspect social des choses est très propre, bien loin des écrits des naturalistes. Le but du film n’est pas là puisque partant de la réalité, Klapisch et son co-scénariste Santiago Amigorena ont construit une sorte de conte. Ce n’est pas aussi stylisé qu’un film de Jeunet mais on se laisse aller aux rêves.

A cela, il oppose une réalité plutôt crue avec une influenceuse, copine de Seb le “créateur de contenu” qui se fiche de la culture et de l’histoire pour sa propre personne. Céline pense à sa carrière “disruptive” et Zinedine à son métier qu’il aime (prof). Face à eux, il y a Guy, apiculteur rêveur qui essaye de vivre son utopie. Comme souvent avec Klapisch, il y a de très bons second rôles comme la spécialiste d’histoire de l’art Calixte (Cécile de France, une habituée), ou Pomme (très cinégénique..)dans le rôle d’une … chanteuse. Je pense que le fait d’avoir pris beaucoup de filles et fils de dans le casting est volontaire pour centrer tout cela sur la transmission et la famille. Les parallèles de l’histoire entre ce Paris du passé et notre époque sont nombreux. Peut-être que Suzanne Lindon n’était pas le meilleur choix pour être la fille de Sara Giraudeau (parfaite et touchante dans ce rôle) mais son jeu n’est pas en cause.

L’histoire fonctionne totalement et on ne voit pas passer ces 2h, perdus que nous sommes dans les méandres du passé à découvrir toutes les célébrités de cette fin 19ème qui gravitaient autour de Montmartre et des expositions de peinture. Même Sarah Bernhardt (Philippine Leroy-Beaulieu) est conviée à la fête. Le ton reste celui de la comédie, comme souvent chez Klapisch avec un soin sur les dialogues. Le tournage a eu lieu en France est met en valeur la Normandie, Le Havre comme Paris et sa proche banlieue, les trucages n’étant pas trop grossiers. Il ne fallait pas que cela soit trop parfait pour garder cette impression d’imaginaire chez nos quatre “héros”. La musique a aussi son importance avec d’abord la très belle chanson de Pomme et un répertoire à la fois classique mais aussi plus surprenant avec la techno de Rob.

Si l’on accepte le postulat du film, à savoir une histoire invraisemblable, c’est un bonheur de passer ces deux heures. La réalisation de Klapisch nous y aide largement. Et si le dénouement ne fait pas appel à un twist impensable, tant mieux car on a ainsi envie de s’y replonger pour entrer un peu plus dans l’analyse des scènes et du sens (des sens ?) que veut donner le réalisateur à son film. Le titre, ce jeu de mots, est un premier indice. Ces personnages sont à des carrefours de leur vie et doivent faire des choix pour l’avenir. Ils se trouvent aussi à des périodes de grand évolution du monde comme nous le vivons aussi aujourd’hui sans toujours nous en apercevoir. Il est agréable de voir un film qui n’essaye pas de tout expliquer et laisse la part belle à notre propre imaginaire et nos propre réflexion.

La Bande annoncevideo


Ecrit le : 02/06/2025
Categorie : cinema
Tags : film,cinéma,famille,peinture,photographie,1900s,2020s

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