Musique - Enrico Macias - Dôme de Paris 2025
Pourquoi refaire une chronique de la même tournée d’un artiste à 10 mois d’écart ? Voilà la question que je me posais avant le concert…mais moins après puisqu’il y a de nombreuses différences. Et d’ailleurs on peut entendre déjà la captation du premier en CD/Streaming.
Non pas qu’Enrico Macias ait un an de plus à 86 ans maintenant mais le déroulement de ce concert n’était pas le même. Le Dôme de Paris est une salle plus grande avec une ambiance différente. Scène plus grande égale disposition plus large de l’orchestre qui semblait à l’étroit à l’Olympia. La section cuivre était différente, masculine cette fois. Il n’y avait plus Joan Sfar pour dessiner sur le coté et donc plus de projection du dessin au dessus de la scène. L’écran présent ne servait d’ailleurs pas à grand chose. Mais surtout, comme à chacun de ses concerts, la setlist était bien différente de la dernière fois, tout en reprenant le principe des deux parties séparées par un entracte d’une demi-heure. Mais parlons quand même des à-coté et de l’avant concert, qui a son importance.
Confortablement installés non loin de la scène, nous étions proches des plus fans des fans. Certaines avaient pu être dans un “Meet and Greet” d’avant concert, confirmant la présence de quelques people en coulisse puis dans la salle comme Hugues Aufray, Christophe Dechavanne ou Thierry Ardisson. Mais la première (mauvaise…) surprise fut de voir débarquer Eric Zemmour, entouré de gardes du corps, dont un était armé. Pas de sifflets mais plutôt de la bienveillance pour cet homme multi-condamné pour injures raciales, dans cette partie de la salle. D’ailleurs, on entendait quelques conversations regrettant la disparition de C8, l’éviction d’Hanouna. On s’inquiétait pour sa santé et un des proches de la production disait que cela lui avait fait un coup et qu’il était constamment entouré de gardes du corps. Je vous passe les remarques sur les affiches de LFI, maladroitement créées par de l’IA..Zemmour faisait son petit happening puisque beaucoup se faisaient photographier avec lui. Il s’est même déplacé, toujours avec sa meute, pour aller chercher sa compagne, Sarah Knafo. Je me suis donc retrouvé à moins de 2m d’eux lors de leur retour à leur place. Ils étaient heureusement loin derrière. Avec autant de sympathisants de Zemmour autour de nous, j’avais l’impression d’être en infiltration dans les milieux d’extrême-droite, ha ha. On le sait aujourd’hui Bibi et Extrême-droite française sont proches. Un peu plus tard, ce fut l’acteur Ary Abittan, après son année de “purgatoire médiatique” qui était présent avec là aussi des familiers venus le saluer. Sa famille est du 15ème, non loin de la salle. Et juste après, c’était Patrick Timsit, plus discret, et sa compagne. A l’entracte, ce fut un défilé auprès d’Abittan, certains n’hésitant pas dans le surjeu de la familiarité. Le bling-bling et le paraître étaient monnaie courante dans ces premiers rangs.
Le concert a commencé avec un peu de retard et d’abord avec l’entrée flambloyante de l’orchestre au levée de rideau. Pas d’Enrico mais seulement les trois choristes au chant, avec le “Enrico Big Band” donnant son plein. Puis la star arrive paisiblement sur la droite de la scène, la voix légèrement enrouée pour cette première minute. Cela s’est très vite amélioré et d’ailleurs, il était vocalement plus en forme qu’à l’Olympia, sur la durée. Oh ce n’est plus le jeune homme dans ces déplacements, mais qui lui en voudrait à 86 ans. Le choix de faire le début du concert sur “Paris, Tu m’as pris dans tes bras” n’était pas forcement bon, tant c’est un grand moment pour une salle parisienne. Comme d’habitude, il l’a adapté pour caser “Dôme de Paris, tu m’as pris dans tes bras”…Au moins l’ambiance était déjà là. Il enchaîne donc sur ses classiques avec son orchestre et sa section rythmique dotée d’une batterie et d’un percussionniste oriental. Mais changement aussi puisqu’il empoigne très tôt sa guitare pour deux morceaux. “Adieu mon pays” parle à beaucoup de personnes dans la salle, les juifs séfarades notamment, et ne parlons pas des quelques nostalgiques de l’Algérie Française, surtout avec les polémiques historiques actuelles. Le jeu est rouillé les premières secondes mais il retrouve vite sa dextérité sur l’instrument. En plus il est bien aidé par ses deux guitaristes habituels, notamment sur “Gh ! Guitare, guitare”.
Autre nouveauté, la venue de la femme d’un des guitaristes, pour l’accompagner à l’harmonica sur “Les Gens du nord”. Une réussite avec une partie improvisée de l’instrumentiste, du plus bel effet. Il y a globalement moins de discours entre les chansons pour remettre cela dans un contexte chronologique. Mais il y a quand même des échanges avec le public qui reprend les chansons à chaque fois. On retrouve la jeune chanteuse suisse Noa, dont l’histoire est intimement liée à Enrico. Beaucoup de nostalgie bien sûr, autour de l’Algérie, de la France et l’image du chanteur est aujourd’hui double, entre celui qui chante la paix et l’amour et cette vision nostalgique fantasmée qu’il peut véhiculer. Il a intégré la chanson “Malheur à celui qui blesse un enfant” à sa setlist cette fois. Il en profite pour la dédier à la famille Bibas, famille franco-israelienne dont les jeunes enfants furentenlevés et tués le 7 octobre 2023. Mais pas un mot sur tous les autres enfants victimes dans ce conflit qui a beaucoup à voir avec … le colonialisme. Est-ce cela qui a provoqué un incident en fin de première partie ? On peut le penser mais la présence de Zemmour aussi. Une ou plusieurs boules puantes ont été utilisées dans le concert sans que l’on sache où. Cela animera l’entracte avec un repli du public dans les couloirs, le bas de la salle, et une aération qui fera vite baisser la température.
Mais après un petit mot d’Enrico Macias disant qu’il préfère mourir que céder à la barbarie, le concert reprend et fait vite oublier l’incident. C’est la partie la plus orientale du concert avec des chants en arabe, berbère ou hébreu. Le public se lève, se déplace au devant de la scène, surveillé quand même par un maigre service d’ordre (d’ailleurs la fouille fut bien légère à l’entrée, toujours aussi mal organisée…). Les youyouh retentissent enfin et l’on esquisse des pas de danse. Enrico est encore alerte pour cela. Des ballons rouges avec l’effigie du chanteur arrivent mystérieusement des rangs supérieurs et nous amusent comme des enfants (même si la symbolique peut poser question). C’est la fête pour cette dernière heure de spectacle. On a même la surprise de voir le journaliste Thomas Sotto (de RTL, hum…) arriver pour reprendre avec lui “J’ai perdu 25kg”, mettant un peu d’humour au passage… Après la présentation de chaque personne de l’orchestre, il fallait aussi que son “troisième chef d’orchestre” arrive pour jouer du violon à l’orientale. Un moment suspendu pour le solo avant que la salle s’enflamme à nouveau pour les derniers morceaux. Cette fois, il y a un rappel avec plusieurs morceaux. Il y a évidemment le “Ya Rayah”” de Dahmane El Harrachi qui a depuis longtemps dépassé les frontières de la musique Chaâbi, et d’autres morceaux plus traditionnels qui étaient repris par les connaisseurs.ses dans la salle. Tout le monde avait le sourire aux lèvres, la musique faisant, comme promis par Enrico au début, oublier tous les soucis.
Il recevra un énorme bouquet de roses blanches par des enfants (petits enfants ?) et entonnera même une reprise a capella du “Mendiant de l’amour”. Il a bien donné en effet et qu’importe les errances et polémiques, le passé, quand la musique peut réunir, rendre joyeux. Était-ce le dernier concert ? Il semble que non, ainsi que l’album…Restons sur ce sourire et cette joie après plus de 65 ans de carrière pour celui qui commença avec son beau-père, Cheikh Raymond et enchanta le monde avec sa guitare, sa voix, et son sourire bienveillant.
Edit : Il y avait même Meyer Habib dans la salle et le chanteur a posé avec ces personnes…Sénilité ?