Protection animale - Sauvons les Veaux des bateaux de Brittany Ferries
Après 30 ans de suspension, la société de transport maritime Brittany Ferries décide de reprendre le transport d’animaux vivants. Les associations lancent à nouveau l’alerte !
“Derrière la décision de Brittany Ferries, c’est le destin de milliers de petits veaux qui va basculer ! Pour produire toujours plus de lait, l’industrie produit des veaux en nombre dont elle se débarrasse sans aucune considération. Parce qu’ils ne sont pas “valorisés” (entendez commercialisés) de la même manière par tous les marchés, les veaux nourrissons, arrachés prématurément à leur mère, seront donc encore transportés comme de vulgaires marchandises sur des centaines, parfois des milliers de kilomètres pour atteindre des pays où leur viande est davantage appréciée.
Ces trajets constituent le plus souvent un véritable calvaire. D’abord conduits depuis les exploitations agricoles irlandaises jusqu’au port de Rosslare, une étape qui peut se prolonger plusieurs heures en fonction de la localisation des fermes, les veaux transportés par Brittany Ferries embarquent en Irlande pour Cherbourg, en France. S’ajoute donc une traversée en ferry entre les deux ports qui pourra aller jusqu’à 19 heures. Après une courte pause à Cherbourg, les veaux poursuivent leur trajet vers leur destination d’arrivée, souvent située dans d’autres pays européens tels que les Pays-Bas. La durée totale de ces transports peut donc atteindre ou dépasser 50 heures ! Effrayés, secoués, maintenus dans des conditions inadaptées à leur jeune âge, ces veaux peuvent rester plus de 24 heures sans être alimentés.”
Brittany Ferries avait su se passer depuis 30 ans de ce transport. Les bouleversements nés du Brexit ne sont sans doute pas étrangers à cette décision. Le CIWF a besoin de support financier pour ses actions de plaidoyer auprès des instances européennes et ses enquêtes de terrain pour documenter et dénoncer ces pratiques cruelles. Avec le CIWF, ce sont plus de 120 personnalités (Camille Etienne, Laurent Baffie, …) , parlementaires et activistes qui se mobilisent contre cette décision. Avec Brittany Ferries, c’est aussi l’armateur CMA-CGM qui participe à ce calvaire. Le règlement européen 1/2005 sur la protection des animaux pendant le transport stipule des exigences d’alimentation pour les veaux non sevrés qui ne peuvent être respectées pendant les trajets de 18 heures en ferry entre l’Irlande et la France.
En outre, la commission européenne a affirmé que l’exportation par voie maritime de veaux non sevrés d’Irlande vers la France enfreignait la réglementation européenne. P&O Ferries, en revanche, continue de refuser d’exporter des animaux d’élevage vivants destinés à l’engraissement et à l’abattage. Ce n’est hélas pas le cas de Stena Line et Irish Ferries. Le 7 avril, des militants de L214 et CIWF se sont rassemblés sur le port de Cherbourg (Manche), pour protester contre la reprise du transport de veaux non sevrés par Brittany Ferries. Un riverain témoigne : « Depuis hier, j’entends à nouveau ces bêtes qui crient, se plaignent, sont apeurées. Elles ont les yeux exorbités car elles essayent de passer leur tête dehors. Comment peut-on accepter de traiter les bêtes comme des choses, comme du bois ou de l’hydrocarbure ? Ce sont des convois de la honte. » (Ouest France)
En janvier et février 2025, environ 5 700 veaux ont été exportés, d’après les chiffres du ministère de l’Agriculture irlandais. Le retour de Brittany Ferries sur ce segment permettra une augmentation substantielle du nombre de bovins transportés chaque année de l’Irlande vers l’Europe continentale. Selon Agriland, « le ferry concerné, le « Cotentin », effectuera ces traversées à l’approche de la haute saison des vêlages de printemps dans les exploitations irlandaises, période qui entraîne une augmentation du nombre de veaux irlandais vendus à des acheteurs situés dans plusieurs pays d’Europe continentale ». en 2022, la Fédération des vétérinaires d’Europe affirmait que : « les animaux devraient être transportés le moins possible, élevés aussi près que possible des lieux de leur naissance et abattus aussi près que possible du site de production » ; « les trajets longs (plus de 8 heures entre le départ et la destination finale) devraient être évités pour tous les animaux » ; « le transport d’animaux sur de longues distances par voie maritime doit être progressivement supprimé ».