Cinéma - Joker, folie à deux de Todd Philips (2024)

Après un premier épisode particulièrement réussi, Todd Philips ét Joaquin Phoenix étaient attendus pour la suite du Joker. Surtout que le réalisateur a choisi une tournure inattendue avec Lady Gaga à l’affiche.

Amateurs de super-héros, passez votre chemin ! Ce film n’est pas pour vous… Voilà c’est dit et ça explique les mauvaises notes de beaucoup de site. Ce film sort de ce carcan et va dans le musical, ce genre un peu suranné qui revient en grace ces derniers temps. Évidemment cela avait tout pour me plaire. Deuxième élément que j’apprécie, le personnage de Harley Quinn, alias Lee Quinzell, petite amie du Joker dans les DC Comics partage, l’affiche. Mais les fans en sont pour leurs frais puisqu’elle n’est plus Docteur dans l’Asile d’Arkham, mais juste une «fan» du Joker qui fait tout pour le rencontrer, alors qu’il est incarcéré dans cette prison-asile.

Poster

Sans qu’on le sache, tout le postulat du film tient dans le dessin-animé qui ouvre le film : Le Joker combat sa propre ombre, et tout ça en musique. Si dans le premier, le Joker avait pris le pas sur Arthur Fleck, sa vraie identité d’enfant battu et d’adulte humilié, cette fois c’est plus complexe car il doit se défendre au tribunal. Le public est devenu fan du Joker tandis que son avocate tente de faire ressortir Arthur Fleck. Et cette mystérieuse Lee qui débarque dans l’asile (comme pensionnaire) pense se retrouver chez ce personnage qualifié de schizophrène. Elle est pyromane et dit être de son quartier…Le coup de foudre est immédiat. Todd Philips choisit de prendre un rythme bien plus lent que les films de super-héros puisque là c’est un film d’anti-héros. Le sujet affiché est la folie et effectivement on reste centré sur cette identité trouble de notre anti-héros, et les rêves ou hallucinations qu’il a sous forme de numéros musicaux. Après tout, les musicals ont beaucoup usé de ce stratagème sans que ça choque personne. Ici nous avons des standards de jazz, et même l’emblème de la comédie musicale : That’s entertainment. On a même un titre de Jacques Brel !

La performance musicale n’est pas le but dans ce film, contrairement aux modèles. Joaquin Phoenix chante avec une voix cassée et fragile et cela convient très bien. Lady Gaga reste sobre, elle qui affectionne aussi les standards des crooners. Il faut justement montrer que ce sont des rêves dans une crise de folie. Pas de couleurs dans l’environnement carcéral, alors que ces rêves apportent la couleur habituelle du Joker. C’est effectivement déroutant, mais cohérent dans ce choix artistique du réalisateur. Mon problème vient plus d’autres choix : Celui d’Harvey Dent (qui deviendra double-face…) joué par un très transparent Harry Lawtey, tandis que le chef des gardes est bien mieux joué par Steve Coogan. L’autre défaut c’est de garder un peu trop de mystère sur Harley Quinn, personnage tellement riche dans la saga de Gotham/Batman. Le sujet reste le Joker et la folie et voilà pourquoi il n’y a pas une Dr Lee Quinzell. Et puis enfin le dernier défaut, c’est la fin…. Mais ça, il faut le voir pour comprendre. Encore qu’après réflexion, ce n’est pas si surprenant.

Je n’ai pas pu échapper à l’impression d’un hommage au Vol au dessus d’un nid de coucou de Milos Forman, dans un des retours à l’asile d’Arthur/Joker, ou bien dans d’autres scènes. Le jeu de Joaquin Phoenix est encore une fois d’une justesse incroyable, avec cette folie contenue qui maintient une tension. Peut-être pouvait-on espérer plus de folie, justement dans les numéros musicaux mais c’est pour un choix décidément plus réaliste du réalisateur, comme c’était déjà le cas dans le premier opus. On oublie définitivement la Lady Gaga du début de carrière pour l’actrice-chanteuse d’aujourd’hui. Elle a quand même du mal à exister face à Phoenix et son rôle omniprésent. Il y a également une petit galerie de pensionnaires de l’asile pour qu’on y croit. La longueur du film ne m’a pas posé problème parce que justement j’aime ce coté schizophrène du film entre musical, drame et film d’anti-héros. Et si le problème était de faire d’un tueur à héros dans le premier, il est finalement tout autre ici, avec en toile de fond des interrogations sur la folie de ce monde qui broie les individus.

Une Bande-annoncevideo


Ecrit le : 12/10/2024
Categorie : cinema
Tags : Cinéma,film,drame,super-héros,folie

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