Cinéma - Flow de Gints Zilbalodis (2024)
Quel besoin de faire parler des animaux dans des animés quand il suffit d’écouter et regarder. Voilà la première leçon que l’on pourrait tirer de cette fable animée.
Le réalisateur letton Gints Zilbabodis nous embarque dans un monde où l’humain a mystérieusement disparu, où la nature a repris ses droits mais qui va être bouleversée par une gigantesque inondation (Flow…). Un chat noir essaie d’y survivre et se retrouve embarqué dans une épopée où il fera des rencontres salvatrices. C’est sur une barque qu’il fait cette odyssée en compagnie d’un Capybara (origine : Amérique du sud), d’un Labrador (Amérique du nord), d’un Lémurien (Madagascar) et d’un Serpentaire (Afrique). Au delà des différences, c’est l’entraide qui les sauvera…
Comme les héros du film, c’est une alliance d’animateurs lettons, belges et français qui a produit ce petit chef d’œuvre. Pas de paroles donc mais juste les véritables cris des animaux qui communiquent ainsi entre eux, en plus de l’attitude. Le réalisateur a bien observé chacun des espèces présentes dans le film qui se veut hors du temps que l’on connaît. Futur proche ? A quel endroit ? Certains animaux rappellent des formes préhistoriques de ceux que l’on connaît. Les architectures des traces humaines qui subsistent sont plutôt proches de l’est de la Méditerranée ou du proche orient, notamment la voilure de la barque. Qu’importe finalement puisque l’on se laisse porter comme le courant et on contemple simplement les décors faits d’aplats de couleurs en numérique pour ne pas sombrer dans l’habituel style des animés ou dans le photo-réalisme. Le film a un cachet visuel incontestable. Mais il faut aussi saluer la bande son magnifique du réalisateur et de Rihards Zalupe. L’ambiance et les moments dramatiques y sont magnifiés, si c’était encore possible de faire plus beau. Et puis le film a été réalisé avec un logiciel bien connu des libristes : Blender. Le réalisateur avait d’ailleurs réalisé son premier film en solo avec Maya…mais d’autres productions ont déjà été réalisées avec Blender.
Alors certes, l’animation n’a peut-être pas la fluidité d’un studio Ghibli ou d’autres pointures actuelles venues du Japon. Mais l’histoire est aussi belle et palpitante que la plastique du film. On a envie d’aider nos protagonistes, de les prévenir du danger. Ils font preuve de ce que l’on appelle faussement «humanité» entre eux… de la solidarité face à ces cataclysmes et ces dangers. Le message peut-il être plus clair dans ce monde où la nature semble toujours instable malgré la disparition des parasites humains. Tout n’est pas aussi simple lorsque d’autres espèces font preuve d’égoïsme ou de cupidité. Mais ça, il faut le voir pour le découvrir. Dans la salle, il y avait finalement plus d’adultes que d’enfants. Il n’y a pas d’animation survitaminée façon «train de la mine» ni de paroles et je ne sais comment des enfants déjà conditionnés à l’animation US prennent cela. Aux parents de prendre le risque pour ce film à conseiller à tous pour cette parenthèse enchantée qu’il procure. Multi-récompensé dans les festivals d’animation, il le mérite largement et c’est un des films de l’année pour moi.