Suite de ce petit journal d’une campagne inattendue, toujours au premier tour. Quand la Gauche se prépare … mal !

Pendant ce premier tour, il y a donc eu une soirée questions-réponses avec le candidat de la circonscription. Cela avait lieu dans un local PS avec les différentes composantes du Nouveau Front Populaire. Et cela a mis en lumière ce qui mine les partis de gauche depuis des années et les différencie de la droite et son pendant, l’extrême droite. Bien sûr, le candidat ne répond pas à beaucoup de critères de LFI ou même du PCF et des écologistes, voire de la gauche du PS, mais l’objectif premier n’est pas là. Il est de passer un premier tour en éjectant si possible le camp Macroniste et surtout le camp Bardeliste. Il en est hélas ainsi de faire des compromis dans un premier temps, sans perdre de vue le second ou le troisième temps. Mais ce furent des questions quasi identiques pendant 2h, ou des petits points de détail sur le tract qui cite Glucksman au lieu du Nouveau Front Populaire. Si le candidat a fait mine de prendre acte, je n’ai personnellement pas une grande confiance sur sa capacité à défendre des points essentiels du programme. Qu’importe pour l’instant, on lui mettra bien la pression et on lui rappellera l’enjeu 2027 après la fin de ces législatives, si ça ne se termine pas trop mal.

En voyant cette réunion et quelques vieilles militantes passant leur temps à critiquer les intervenants et pénalisant l’écoute, je me disais que la Gauche ne fait que se diviser sur des détails par rapport aux objectifs du bien commun. J’en veux pour preuve cette tradition dans les mouvements Trotskistes de se diviser pour un rien. Le NPA est ainsi divisé en 2, s’opposant à LO dans des élections, etc. On ne sait plus vraiment quoi faire du GDS de Filoche et on a perdu de vu les anciens Radicaux de gauche où se trouvait parfois Christiane Taubira et quelques autres socialistes perdus. La diversité des idées c’est bien et cela permet de faire émerger des dynamiques mais divorcer à la moindre dispute, ce n’est pas sain. Aussi, j’entrevois un futur problème à LFI car on a vu «une purge» à l’occasion de ces élections. Ce qui ne me convient pas là dedans, c’est la méthode. Car s’il y a de bonnes raisons de mettre à l’écart les Corbières, Guarido, Simonet, il y avait les mêmes pour Autain ou Ruffin et surtout cela aurait pu être fait dans la clarté, pas par un petit coup sournois qui renforce ceux qui sont dégoûtés de la politique.. Certains de ces dissidents ont des renforts pour se faire entendre et pas d’autres. Ce qui se prépare, c’est donc une scission de LFI avec d’un côté les fidèles de Mélenchon et de l’autre côté les tenants d’une ligne plus consensuelle qui va se rapprocher immanquablement du PS et des verts pour la prochaine présidentielle (quelque soit sa date…). Cela me désole.

J’avais écrit par le passé que les Insoumis ne pourraient jamais gagner seuls, même en faisant le coup du vote utile au premier tour. Déjà ll n’y aurait pas de front républicain au second tour (et Mélenchon le prédisait déjà en 2012), mais le vote LFI - Mélenchon plafonnait déjà même en gommant le côté sanguin du patron du parti. Nous sommes dans un pays hypocrite où nous voulons un monarque mais qui donne l’apparence d’un démocrate. Très peu pour moi pour le monarque, mais là encore, il faut savoir ce que l’on veut. Si l’on veut rompre avec certains traités qui continuent de miner l’union européenne, ce n’est pas en étant mou que l’on y arrivera. Mais c’est aussi en manœuvrant par des compromis avec des alliés. Je pense à ce que réalisaient deux personnes d’un bord opposé : Margaret Thatcher ou Angela Merkel. Deux personnalités très différentes mais qui ne faisaient pas toujours dans le consensus. On voit aujourd’hui ce qu’est devenue la CDU ou même le SPD avec un manque de charisme criant et une difficulté à imposer une ligne. Aujourd’hui, voit-on émerger une personne aisément reconnaissable à gauche ? Non, et c’est le cœur du problème dans une politique devenue clairement du marketing. La marque Mélenchon parle encore dans beaucoup de quartiers mais devient trop usée. Sa stratégie a été perdante durant cette législature passée…Et Ruffin l’a bien senti avec d’autres dissidents, on peut leur donner cela. Mélenchon voulait Quatennens pour lui succéder, mais il s’est dézingué lui même. Ruffin est malin mais encore tendre et il a montré de grosses failles autour de l’antiracisme qui vont lui jouer des tours. Au delà, personne de crédible (certainement pas Glucksman). Me voilà donc dans un problème à l’avenir pour savoir vers quoi je militerai. Je reste fidèle à mes opinions animalistes de gauche, ce qui me fait aller vers le petit parti REV, mais ce n’est pas avec ça que l’on changera les choses. Or la politique, c’est quand même fait pour ça, pas pour participer. Y’a les J.O. pour ça, hé hé.

Mais j’ai aussi en mémoire des livres et biographies d’hommes et de femmes politiques qui parlent de ce qui les a fait entrer dans ce monde et ce qui a provoqué des compromis et compromissions. Il y a l’envie de garder un pouvoir qui pourrit tout. C’est évidemment valable pour une mairie, une députation mais même à l’intérieur d’un parti. Je n’ai aucune envie de garder la «capitanat» d’un groupe d’action, mais je tente quand même de le garder en vie pour des jours meilleurs. Au niveau local, idem, je pense aussi à l’avenir dans une municipalité aujourd’hui très à droite (autrefois à gauche comme en témoigne des noms d’écoles) étant donnée la population de cadres supérieurs qui a les moyens d’y habiter, face à un parc immobilier locatif en diminution. Nul doute que l’on verra émerger là aussi une candidature d’extrême droite visant ceux qui voient la déliquescence des services, les problèmes d’insalubrité et de sécurité. Il y a moins de médecins. Le commissariat est plus loin et ouvert en intermittence. Les routes sont dans un état déplorable, etc…Donc je me prépare à la fois à voir un gouvernement de gauche consensuel qui ne remplira pas les espérances diverses et fera à nouveau le lit de l’extrême droite (voir ce qui se trame dans une sorte d’alliance possible entre sociaux démocrates, anciens Hollandistes, gauche de la Macronie et dissidents LFI), mais aussi à un gouvernement d’extrême droite qui ne fera pas trop de vagues pendant 3 ans mais préparera patiemment le démontage de nos libertés et de tout l’aspect social de ce pays. Je ne peux me résoudre à la neutralité, mais je me prépare à une sorte de clandestinité.

Aussi, le peu de discussion que j’ai eu avec des électeurs me conforte qu’il y a un souci de perception de la situation et clairement de racisme plus résiduel du tout mais carrément vociféré. Combien de fois nous dit-on «je l’ai vu à la télé» ou j’ai vu ça sur internet pour les plus jeunes. Aucun recul, aucune autocritique pour aller voir la réalité, pour comprendre avec d’autres sources. Je pense à ce mythe de l’immigré plus payé que le retraité ou le smicard, par exemple. Je pourrais distribuer les fascicules d’ATD quart monde que l’on ne me croirait pas plus. La lucarne magique est vue comme évangile. Le mal est profond et on le voyait déjà, en souriant béatement, aux USA. Obama en parlait dans son pavé, tiens… La CNCDH dans un récent rapport montre qu’un un an, les français qui considèrent les enfants d’immigrés comme n’étant pas de vrais français a doublé (21-42%). J’ai entendu les pires confusionnismes durant ces dernières semaines, des juifs qui appellent à voter RN par peur des arabes (Klarsfeld!!), des quasi appels au meurtre par des listes (Anne Sinclair et tout le «printemps républicain», cet organe de harcèlement). Les pires heures de la France reviennent en mémoire. Je vois des dizaines d’émissions sur les arrestations de délinquants qui installent un climat anxiogène même dans les villes où il n’y a aucun problème. «Je vois comment ça se passe»…

Oui moi aussi je vois quand je reviens dans ma ville d’origine, et c’est vrai que les commerces ont changé. Mais pourquoi ? Parce qu’on a préféré aller dans des «Malls» comme aux USA, des centre commerciaux plutôt que dans le centre ville qui devient comme les centres des villes US. Plus de primeurs, plus de quincaillerie, à peine une boulangerie. Il y a 4 centres commerciaux. Je suis allé récemment voir ma famille dans grande ville du centre de la France qui vote allègrement RN. Même symptôme dans le centre ville et même pas moyen de se trouver un sandwich vegan, kebab sans viande compris, à peine une supérette et on ne fera quasi rien sans voiture. Le coupable n’est pas l’étranger mais NOUS par nos comportements stupides… Ma femme comme moi n’avons aucun problème pour faire nos courses dans le quartier le plus pauvre de la ville, juste à 100 m de chez nous. Je vois les quartiers se «barricader», devenir des ghettos de riches ou de pauvres qui ne se rencontrent plus. La tâche me paraît maintenant immense quand il paraît plus facile de ne rien faire ou de céder aux sirènes de ceux qui désignent l’étranger, l’autre, comme le bouc-émissaire. Je pourrais bientôt me taire, me terrer en attendant que cela passe. Je pourrais me dire que ce ne sont que les étrangers, les musulmans qui paieront, pas moi…sauf qu’après eux, ça sera qui ? Le vegan, l’asiatique, le juif, le rom, l’homosexuel, le trans, le métissé, le gauchiste, le roux, l’handicapé, l’albinos…Cela n’a jamais de limite, comme beaucoup de choses chez l’humain du 21ème siècle et d’avant. En attendant, Alea Jacta est. Le groupe a fait le job et j’espère juste pouvoir les remercier tous avec le sourire.