Musique - The Hu - Rumble of Thunder (2022)
Est-ce que j’aurais imaginé un jour chroniquer un album mongol ? Certainement pas mais les frontières de la musique hard-rock et metal sont sans cesse repoussées. Car il s’agit bien de heavy metal !
je dois cette découverte, une fois de plus, à ma chère et tendre spécialiste du domaine. La vision de quelques vidéos semblait aussi de bon augure alors nous voilà parti pour l’écoute de ce dernier opus. En effet, le groupe a été formé en 2016. Un premier album en 2019 et donc ce deuxième album. Ils se sont fait connaître avec des reprises Metallica mais ils sont maintenant loin de cela avec un style bien à eux qui mélange les instruments traditionnels mongols et les plus habituels guitare, basse, batterie. A tel point que devant ce succès, l’état mongol les a décoré de l’ordre de Genghis Khan.
Alors bien sûr, je ne parle pas mongol. Il y a une certaine parenté avec l’ancien turc, d’ailleurs, du fait de l’histoire de ce peuple ancestral. Mais les mystères de la musique rendent pourtant des émotions par delà la barrière de la langue. Mais comme je n’aime pas mourir idiot, j’ai passé quelques paroles à la moulinette du traducteur. Comme je m’en doutais, les paroles parlent du peuple mongol, du rapport à la nature, d’histoire, de guerres aussi. Le titre “Black Thunder” par exemple avec “le tonnerre noir du ciel éternel dans un ciel nuageux irisé”. Evidemment, dans cette musique metal, il y a de la puissance, et on le voit dès la pochette de cet album avec une sorte de loup stylisé, animal on ne peut plus symbolique chez les mongols.
On pourrait dire qu’après un premier album qui étonnait, cet album est conçu pour conquérir encore mieux le monde. Déjà, il y a des titres en anglais, même si tout le chant reste en mongol. C’est clair avec This is mongol avec une rythmique appuyée sur fonds d’instruments à corde traditionnels. Le riff fait tout de suite dans l’efficacité, quitte à être répété à l’envie. Le chant fait souvent aussi la part belle aux chœurs. J’aime particulièrement Yut Hovende plus lent avec des sonorités très asiatiques faisant penser à certains chants et musiques bouddhistes. Pourtant les voies et chœurs sont plus guerriers et donnent cette impression de puissance. Cela tranche par exemple avec le très réussi Triangle sur une rythmique plus pop et entraînante. Plus surprenant, et certainement à cause des instruments à corde et autres flûtes, on trouve des similitudes avec la musique celtique.
Les thématiques ne sont pas non plus étrangères à ce que l’on retrouve dans le metal nordique. Il suffit d’entendre le refrain de Teach me pour voir des liens avec des chants vikings où la bière coule à flot. Pourtant le groupe ne renie en rien ses racines par cette musique qui appelle à la joie et la communion. Certes les voix sont gutturales et brutales mais on se laisse volontiers embarquer dans des chevauchées épiques dans les immenses steppes mongoles. Et au fil des écoutes, on oscille entre des sonorités “metalleuses” typiques des groupes qu’ils admirent et qui hantent nos souvenirs des années 80 à nos jours, avec d’autres sonorités qui lorgnent parfois même vers le symphonique. Le break de Black Thunder en est un des exemples. Il manquait une ballade pour contenter tout le monde. Mother Nature est plus intéressant par son break que par le refrain assez banal. Mais qu’importe ce petit point faible.
Au final voilà un très bon album de cette année passée qui se laisse écouter et réécouter sans le moindre ennui avec une sensation de découverte perpétuelle.Après le Black Metal de Chthonic à Taïwan, l’Asie est bien un nouvel épicentre du hard-rock et du metal mondial.