BD - George Sand, fille du siècle de Severine Vidal et Kim Consigny (2021)

Aussi étrange que cela puisse paraître, George Sand n’a jamais eu droit à un biopic (du moins sur sa vie complète). Par contre, là voilà encore au centre d’une nouvelle biographie en bande-dessinée. Un lourd volume de 340 pages qui essaye de rendre hommage à l’autrice et à son œuvre.

Mes souvenirs de l’œuvre sont un peu lointains, entre “La Mare au diable”, “François le Champi” … Sans doute un tort car sa biographie va me rappeler la variété de son travail. Mais tout commence par sa naissance et son enfance. Avant le pseudonyme de George Sand, il y a Aurore Dupin de Francueil. Elle a une petite ascendance noble du coté de son père, un officier de l’armée impériale (Napoléon 1er), lui même apparenté à la famille De Saxe. Mais du coté de sa mère, c’est plus complexe car on la dit femme de petite vertu ou arriviste, à l’époque et la famille de son père n’aime pas ce mariage. Ce clivage familial va profondément marquer la jeune Aurore, qui perd aussi son père très jeune, dans un accident de cheval.

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Tiraillée entre sa mère et sa grand mère qui l’élève avec des précepteurs parfois tyraniques, elle grandit dans le domaine de Nohant, possession familiale depuis 1793. Elle grandit avec son demi-frère Hippolyte dans cet environnement campagnard mais aristocratique. Elle y puise son goût de la nature, des paysans, mais son éducation l’amène à découvrir les arts et surtout l’écriture qui est vite sa passion. Si sa mère est un peu moqueuse de ce goût, ce n’est pas le cas de sa grand-mère qui la pousse dans cette voie. On parle assez peu dans ce livre du rôle de l’arrière-grand-mère, Louise Dupin, qui fascina la jeune Aurore par son histoire dans le “siècle des lumières”. Aurore Dupin est éprise de liberté aussi dans ce carcan aristocratique et loin de sa mère. Elle est un peu “garçon manqué”, comme on disait, jouant avec les enfants de domestiques ou de paysans, chevauchant rapidement dans un costume d’homme, et aimant la compagnie des hommes d’esprit. C’est assez surprenant qu’elle se marie jeune à un petit aristocrate un peu rustre mais elle saura reprendre sa liberté pour devenir l’autrice que l’on connaît.

La scénariste Séverine Vidal s’est inspirée évidemment de biographies existantes, d’émissions de radio et autres documents pour nous conter cette longue histoire pleine de rebondissements. Le sous-titre “Fille du siècle” nous montre aussi la modernité de cette femme qui outre sa liberté sexuelle qui fit scandale autant que son costume d’homme, trouva à décrire dans romans, nouvelles et pièces, la société de son époque. Elle fut socialiste et même un peu communiste. Elle fut féministe sans s’en revendiquer. Mais elle s’éloigna toujours de la violence de cette société, que cela soit dans la révolution de 1848 qui lui fit perdre des amis que durant la Commune qu’elle regarda de très loin, regrettant les dérives des deux camps, dont le sien.

Évidemment, on rencontre Musset, Chopin mais aussi Delacroix, Mérimée, Flaubert, Balzac. Mais aussi Napoleon III ou Baudelaire pour les moins amicaux ou sympathiques. Kim Consigny a choisi un dessin épuré, pas très loin de celui de Catherine Meurisse, la couleur en moins. Car il n’y a pas besoin de couleur pour suivre l’histoire de George Sand et comprendre l’origine de son pseudo. On y comprend que sa propre vie impacte fortement ses écrits, parfois avec scandale. Et si le but des biographies d’auteurs est de refaire lire, c’est plutôt réussi avec les petites notes autour des principaux ouvrages. Pas vraiment de temps morts non plus dans ce long récit qui saute parfois quelques mois ou années pour nous garder en haleine.

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Ecrit le : 14/02/2023
Categorie : BD
Tags : bd,biographie,féminisme,socialisme,histoire,2020s

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