Culture - La revue trimestrielle 2023/T3
Comme je l’avais dit, il y aura parfois quelques billets sur le blog mais de manière aléatoire. C’est le cas avec ce billet qui fait un peu suite à la Revue de Médias mais en moins complet. Je cible ici uniquement les lectures, visionnages culturels avec mes commentaires succincts.
Quand j’en sentirai le besoin, je mettrai dans un billet de ce genre ce que je trouve intéressant culturellement parlant. Je pense que trimestriellement, c’est déjà suffisant. Et puis c’est un peu un retour aux sources puisque j’ai commencé par ça. (pour le reste, c’est du domaine de l’actualité et de l’éphémère donc ça reste sur le raindrop)
Cinéma -Série
- Barbie, le film (2023) : Un film plutôt adulte qui fait dans l’autodérision et le féminisme light. De bons délires, quelques agreéables scènes chantées et dansées pour un divertissement à la gloire du produit. Payer pour une pub ? Pas loin mais on ne s’ennuie pas.
- Elementaire (2023) : Pixar a-t-il vieilli ? C’est ce que l’on peut penser quand on voit la faible audience de ce film. Et pourtant, il est très bien en parlant de tolérance, de migrations forcées, de racisme avec une romance improbable entre une fille du feu et un garçon de l’eau. Techniquement magnifique, l’intrigue aurait pu être un peu mieux amenée et on sent quelques coupes pour contenir tout dans 1h40. SYMPA.
- Anatomie d’une Chute (2023) : Crime passionnel ou suicide, voilà la question qui taraude le spectateur dans ces 2h30 intenses. Une vraie réussite dans le scénario et la mise en scène avec une actrice incandescence. Une palme d’or méritée ! A VOIR
- Indiana Jones et le cadran de la destinée (2023) : Tout commencçait bien dans ce 5ème opus mais à trop mettre de poursuite, on en oublie le scénario, les dialogues…et on va peu à peu dans le grand n’importe quoi. Cela reste un honnête divertissement mais moins marquant que les précédents. Bref, Indiana Jones, sa place est dans un musée maintenant.
- Un métier sérieux (2023) : Enièmre film sur l’école et les profs mais cette fois par le spécialiste de la médecine, Thomas Lilti. Il va voir la vie de ses personnages profs en dehors de l’école et donne encore une autre humanité sans ennuyer ou juger. On y voit la démission, la perte de motivation, les lourdeurs, l’abandon de la hiérarchie mais aussi les crises de couples, les doutes, les dépressions. UTILE.
- Mystère à Venise (2023) : Keneth Branagh adapte un roman mineur d’Agatha Christie. Classique, scolaire et ennuyeux avec un dénouement plus que capillotracté. PASSABLE.
- Anti-Squat (2023) : Un film social qui dénonce une disposition de la loi ELAN qui en voulant protéger contre les squatteurs, pérennise une exploitation des mal logés. Un film glacial, dur, porté par Louise Bourgoin qui paraît parfois irréel par son coté implacable. SOCIAL
Lectures
- Comment je ne suis pas devenu un salaud de Matthieu Blanchin (2023) : Un récit autobiographique plutôt glauque sur l’enfance. Une sorte de rédemption de l’auteur délicate à supporter et au dessin inégal, même si ça a du style.
- Judee Sill by Juan Díaz Canales et Jesus Alonso (2023) : Le scénariste de Blacksad nous parle d’une artiste maudite bien réelle, une folkeuse partie trop tôt. Certains noms sont modifiés (Geffen…) mais on suit le parcours chaotique de ce génie de la musique. Un album à redécouvrir surtout : Hear Food, plus abouti que son premier.
- La nuit de Philippe Druillet (1975) : «En 1975, Philippe Druillet perd sa femme Nicole, victime d’un cancer foudroyant. Il exorcise sa peine dans un album au pessimisme assumé, pointant l’absence totale d’échappatoire à l’issue finale.» Une oeuvre compliquée à lire, sans concession, une rage qui déborde des pages. Et justement, le style de Druillet c’est déjà de déborder de tout cela, d’être parfois dans le détail, d’autre fois dans le too much, avec un scénario anecdotique et cette histoire personnelle en filigrane.
- Le corps est un vêtement que l’on quitte d’Eric Liberge (2020) : Remarquable BD sur le délicat sujet des Expériences de Mort imminente (EMI). Un dessin détaillé, fin qui passe du monochrome à la couleur avec bonheur et une histoire qui tient la route tout en expliquant ce mystère pour la science et la médecine. Pour les curieux.
- Le printemps de Sakura by Marie Jaffredo (2022) : Le parcours d’une enfant franco-japonaise orpheline de mère qui passe son été chez sa grand mère japonaise. Un dessin très classique au service d’une histoire tendre et touchante. A LIRE
- Musée de Christophe Chabouté (2023) : Voilà un album de Chabouté plus déroutant. Un magnifique hommage à l’art à travers le Musée d’Orsay en même temps qu’une chronique de la vie d’un musée. Comme souvent, quasi muet, il faut se laisser aller dans la contemplation, le rythme de cette vie fantasmée. Comme j’aimerai visiter un musée seul la nuit et parler ainsi avec les œuvres !
- Opus by Satoshi Kon (2013) : Sujet intéressant que ce mangaka qui se retrouve dans l’histoire qu’il dessine. Mise en place un peu longue mais bon développement avec paradoxes temporels, angoisse de la fin de page, etc…en 2 tomes de 200 pages chacun, ce qui n’est pas tant que ça finalement.
- Première neige d’Eric Corbeyran et Jun Byung Byun (2009) : Un album graphiquement magnifique sur une relation amoureuse qui peut apparaître comme toxique, dramatique. Le traitement en encre et aquarelle est surprenant et convient parfaitement à la poésie et la mélancolie qui se dégage de ces pages. Un propos fort qui n’inspirera pas de la gaité.
- Une féministe révolutionnaire à l’atelier de Fabienne Lauret, Elena Vieillard (2022) : La vie d’une militante syndicaliste au coeur de l’usine Renault de Flins, en BD. Dessin minimaliste mais récit édifiant, notamment sur le racisme et le machisme dans ce milieu..A LIRE
- Nellie Bly, dans l’antre de la folie de Carole Maurel et Virginie Ollagnier-Jouvray (2021) : Nellie Bly, je l’avais découverte dans Culottées de Pénélope Bagieu puis lu un peu plus sur sa carrière et quelques bribes d’articles. Je rêvais d’une mise en image, notamment de ce fameux séjour en asile psychiatrique qui lança sa carrière. Voilà qui est fait avec brio par Carole Maurel dans un style qui convient parfaitement à l’époque. Le dessin est précis, coloré mais aussi rend parfaitement les ambiances. On a quelques inspirations lovecraftiennes dans cette sorte d’Arkham Asylum dans un passage, ce qui n’est pas pour me déplaire. Mais le fantastique s’arrête là pour une détresse bien réelle de ces femmes internées pour tout sauf la folie. Avec cet album basé sur le reportage de Nelly Bly, on en apprend beaucoup sur sa vie, ses engagements sociaux et féministes (même si elle ne fut pas dans un parti ou un groupe), tout autant que sur l’histoire des asiles de fous, comme on appelait cela à l’époque. Un grand album même si j’ai été un peu perdu dans le scénario de Virginie Ollagnier-Jouvray. A LIRE
- Kowloon Generic Romance de Jun Mayuzuki (2020) : Une série qui part un peu sur un mensonge : Ce n’est pas une série de charme, ni une romance shojo. C’est un seinen de SF dans une cité dystopique près de HongKong. A travers la romance, on y croise des thématiques yaoi, des paradoxes temporels, des clonages et le tout enrobé avec des personnages féminins un peu bimbo d’aspect et des beaux hommes musclés. DISTRAYANT.
- Vers les étoiles de Mary Robinette Kowal (2018) : Et si…une météorite chutait sur terre et y condamnait la vie dans moins de 10 ans. Et si les humains décidaient de coloniser la Lune pour s’en sortir…en 1952 ! Voilà le postulat de de départ de cette belle Uchronie SF en 2 tomes qui fait un parrallèle avec notre situation actuelle de réchauffement climatique, mais aussi parle de féminisme puisque l’astronaute héroïne est une femme. Le développement est un peu long au milieu mais c’est très documenté et réaliste. Pour les amateurs de SF.
- La jeune femme et la mer de Catherine Meurisse(2021) : Catherine Meurisse a résidé plusieurs mois à la Villa Kujoyama comme artiste résidente. Elle trouve une inspiration personnelle à travers des figures artistiques et les croyances locales. Un joli voyage dans l’imaginaire et le réel qui tente de rendre ce pays en quelques pages. AGREABLE
- Houppeland de Didier Tronchet (2003) : Si Tronchet a souvent pris le parti des petites gens face aux puissantx, c’est un incursion dans un univers dystopique et délirant : Un noël tous les jours avec le repas, c’est pas courant. Mais surtout c’est bien la dictature du bonheur obligatoire, de la consommation.. Le dessin caractéristique de Tronchet (cf JC Tergal, Raymond Calbuth) dans la lignée de ses meilleurs albums. Des courses-poursuites, des personnages secondaires affligeants, une histoire d’amour improbable et voilà de quoi passer une bonne journée sans bonheur obligatoire. A LIRE.
- Le Cœur en braille de Joris Chamblain et Anne-Lise Nolin (2023) : A la base, c’est un roman “jeunesse” mais ça passe très bien l’adaptation en BD. Une histoire d’ados, une romance, un parcours initiatique mis en valeur par un très beau dessin de Anne-Lise Nalin. Si la trame générale est classique, il y a ce qu’il faut de rebondissements pour passionner mais finalement, je le trouve trop court…parce que c’est réussi en terme de sensibilité. A LIRE
- Henri Désiré Landru de Christophe Chabouté (2006) : Chabouté se lance dans une presque Uchronie en revisitant l’histoire de ce célèbre tueur en série. Mais à trop en faire, cela devient incroyable…Reste un magnifique dessin noir et blanc qui convient parfaitement à l’ambiance de cette histoire.
- Siddhartha de Hermann Hesse (1922) : Sous l’apparence d’une fable exotique (pour l’époque et pour un lecteur européen), Hermann Hesse nous amène dans un parcours initiatique et une réflexion sur la vie en générale. Il parle aussi des faux prophètes, quelque part , mais surtout de libre arbitre, de liberté. Un petit livre par la taille mais un grand livre par sa manière de nous amener à méditer et à lire patiemment chaque ligne. A LIRE
- L’Incroyable histoire des animaux de Karine Lou Matignon (2022) : Un bon résumé des liens entre l’homme et les animaux. Cela ne risque pas de réconcilier avec l’humain tant les horreurs semblent s’accélérer avec le temps sur les derniers siècles. Et de quoi aussi remettre les pendules à l’heure sur quelques philosophes visiblement pas si intelligents.
- Printeurs de Ploum (2020) : Je suis partagé sur ce livre car l’univers développé par Lionel “Ploum” Dricot est excellent, à défaut d’être complètement original. C’est globalement très bien écrit. Mais parfois le naturel revient au galop et il nous fait quelques tirades plus idéologiques et surtout en décalage avec l’univers du livre. C’est là sans doute les limites de l’autoédition ou dans de petits éditeurs. Je dirai un bon début car je me dis qu’il y a du potentiel à développer autour de cet univers qui fait quelques clins d’oeil à PK Dick, à Soleil vert, entra autres choses. A LIRE si on aime la SF
- Le Rite d’Amaury Bündgen (2022) : Une BD d’Heroic Fantasy plutôt contemplative et qui appelle à une suite. Le dessin est fin, travaillé, détaillé et efficace tant dans les scènes statiques que dynamiques. L’histoire surprend par la lenteur du début avant que l’intrigue ne se dévoile. POUR AMATEURS.
- Kimchi Baguette de Siliki (2021) : Je suivais ses aventures avec Mâtin sur instagram mais voici le premier album de cette dessinatrice coréenne. Un regard d’expatriée sur notre pays mais surotut l’occasion de parler de sujets peu courants comme le racisme anti-asiatique et tous les clichés qui vont avec. Ca fait souvent mouche et puis il y a une recette de Kimchi vegan en prime !
- U29 de Rotomago (2005) : Une adaptation d’une nouvelle des débuts de Lovecraft. Si le dessin n’est pas forcément en cause, l’ambiance pesante typique de Lovecraft n’est pas vraiment là dans ce huis-clos. Le mythe de Cthulhu n’étant pas encore là, on peut être déçu malgré la bonne volonté du scénariste.
- Yézidie ! d’Aurélien Ducoudray (2022) : Une BD qui cherche son public : Un public jeunesse car on ne montre aucune violence tout en traitant un sujet qui en recelle (guerre, massacres, viols)..et on ne va pas assez en profondeur sur le sujet pour un public plus agé, (voir ce livre).
- La Pagode des brumes - Yoko Tsuno 23 (2001) : Une BD qui fait suite à la précédente de Yoko Tsuno mais qui tire trop sur la corde ou fait des redites dans le scénario. Dommage de laisser autant de portes ouvertes, même si en abordant les années 2000, la série commence à marquer son age.
Musiques et Sons
- Coming from Reality de Rodriguez (1971) : Sixto “Sugarman” Rodriguez est décédé. Une folk psyché funky qui a failli être oubliée sans un documentaire qui le relança dans les années 2000. Et deux albums studios donc celui-ci.On pense à Dylan forcément mais aussi à Motown et à la vague psychédélique des années 60-70. Sympa à écouter.
- Heart Food de Judee Sill (1973) : L’artiste maudite de la folk dans son deuxième album. Toujours un coté psychédélique et religieux (avec sa voix en double…) mais un talent certain pour la mélodie. Il se dégage quelque chose d’unique de l’ensemble, même si ça fait penser parfois à Joni Mitchell sur quelques titres. A écouter.
A la prochaine