BD et cinéma - Beck de Harold Sakuichi (1999)
Il y a des mangas qui ont marqué des générations de lecteurs, ont eu droit à des adaptations cinéma ou TV. Beck est de ceux-là, parce qu’il parlait d’un sujet original à l’époque : La musique et surtout la guitare !
Beck, c’est le nom d’un…chien, dans l’histoire, celui de Ryusuke. Mais c’est aussi l’histoire d’un groupe de musique, en l’occurrence de rock fusion, qui est formé par Ryusuke. Mais le véritable héros de l’histoire, c’est Yukio “Koyuki” Tanaka, un adolescent solitaire, souffre-douleur d’une bande dans son école. Ils se rencontrent le jour où Yukio essaye de sauver ce chien “un peu rapiécé”. Ce jour là aussi, Koyuki découvre que Ryusuke est un guitariste virtuose et donc sa nouvelle passion : La Guitare. C’est la formation du groupe Beck que nous suivons alors ainsi que le parcours initiatique de Yukio, le tout avec le mystérieux passé lié à la guitare de Ryusuke : Sa Gibson Les Paul a des impacts de balles !
Avec un tel héros, le manga est classé dans les Shonen, les mangas pour les jeunes garçons. Il y a bien une héroïne féminine, Maho, la soeur de Ryusuke, mais elle va alimenter une romance potentielle. On a aussi Chiba, le chanteur rappeur au grand cœur, roi de la bagarre. Puis viennent Saku, le meilleur ami de Koyuki, et Taira, le bassiste. Pour être complet, il faut rajouter aussi Ken’ichi Sato, le professeur de guitare qui va inculquer la culture à son élève Koyuki. La particularité est aussi que Ryusuke comme Maho ont une double culture, ayant vécu aux USA, l’exemple pour ce qui est du rock…Ce qui se matérialise par un lien avec un gros groupe à succès : Dying Breed et son leader Eddie.
Dans ce classique parcours initiatique, le lecteur apprend aussi des éléments de culture rock, évidemment centrés sur la guitare, entre la Les Paul du héros, mais aussi les Stratocaster, Telecaster. La guitare du héros s’appelle Lucille, comme celle de B.B. King, alors que le nom du groupe et du chien vient de Jeff Beck, le guitariste, évidemment. La musique (car le Manga fut aussi accompagné d’une série et de sa musique) est très marquée par les Red Hot Chili Peppers et les Rage against The Machine, deux groupes très en vogue dans ces années là.
Et tout ça dure 34 volumes avec tous les problèmes de longueur d’une série. On fait durer, on introduit des personnages, des intrigues et tout ça en sachant que le fil rouge c’est la carrière du groupe et sa volonté de participer à un festival national pour devenir célèbre. A force de travail, d’abnégation, d’amélioration continu, notre héros va devenir guitariste à part entière. La série animée ne dure pas aussi longtemps que le manga, et d’ailleurs, on pourrait presque couper les tomes en 2, tant l’histoire peut aussi s’arrêter à mi-parcours. Le truc qui fonctionne bien c’est qu’avec l’Anime, on a eu des bandes sons, donc on peut aussi accompagner la lecture de ces titres musicaux pour être plus dans le truc.
Et puis il y a eu enfin une adaptation avec de vrais acteurs, un “live action”, comme on dit. Sorti 10 ans après le début de la série, il simplifie beaucoup l’histoire tout en restant fidèle globalement à la trame. Le héros est un peu plus âgé mais sans doute que le public l’est aussi, depuis le temps. C’est parfois un peu simpliste ou caricatural mais attachant quand on est lecteur du manga avant. Il n’y a d’ailleurs pas tant de films que ça sur la musique, quand on y pense. Le film est passé inaperçu chez nous car…pas sorti. Et maintenant les volumes complets du manga sont rares. Je ne parle même pas de la série. Les modes passent vite en musique mais pour ceux qui s’intéressent à la musique, à la guitare, c’est un must. Il y a évidemment une vision très japonaise de l’instrument, sur la performance, le perfectionnement, la recherche de l’authenticité et de l’âme du groupe, une dimension assez spirituelle parfois.
