Cinéma - Asteroid City de Wes Anderson (2023)
Une fois n’est pas coutume, je vais chroniquer un film que je n’ai pas aimé. Ça ne veut pas dire détester tout de même mais j’ai beaucoup d’interrogations
Je suis plutôt fan de ce que crée Wes Anderson visuellement et de ce point de vue, je n’ai pas été déçu. J’ai retrouvé encore ces gimmicks (cf une chronique précédente), c’est à dire un narrateur, des chapitres et la tendance au film à sketch. Mais là, je n’ai pas vraiment compris l’histoire qu’il veut nous raconter dans cette ville perdue dans le désert, baptisée Asteroid City. «Nous sommes en 1955. Le site est surtout célèbre pour son gigantesque cratère de météorite et son observatoire astronomique à proximité. Ce week-end, les militaires et les astronomes accueillent cinq enfants surdoués, distingués pour leurs créations scientifiques, afin qu’ils présentent leurs inventions.» … Disons que ça, c’est ce qu’essaie de vendre la bande annonce. Mais en réalité, ce n’est pas vraiment l’histoire du film. Cette ville est en fait la vision cinématographique d’une pièce de théâtre qu’embarque un écrivain, Conrad Earp (Edward Norton). La pièce est vue en couleur tandis que la construction de la pièce est en noir et blanc.… une astuce déjà vue mais efficace pour comprendre. Sauf qu’à force de faire des sauts, d’y insérer des flash-back dans tous les sens et de faire jouer plusieurs rôles à chaque acteur, on s’y perd et parfois les acteurs eux-même. On a tardivement l’apparition du metteur en scène Schubert Green (Adrien Brody), sans comprendre vraiment ce qu’il apporte
Et c’est le premier problème, déjà entrevu avec French Dispatch : A force de vouloir intégrer de nouveaux acteurs dans sa «troupe», comme une sorte de collectionnite aigu, il multiplie ses personnages et rend cela illisible/incompréhensible, et surtout vain. C’est encore pire ici avec ces deux histoires imbriquées qui multiplient par deux les personnages. Si au moins c’était au service d’une histoire complexe mais il n’y a guère d’intrigue dans tout cela, aucun twist pour justifier de tels artifices. C’est une succession de plans d’une inventivité confirmée mais qui semblent n’exister que pour eux-même. J’ai pensé à une sorte de réflexion sur la création dans son sens le plus large, puisque les petits génies sont des créateurs, comme le personnage du photographe, l’auteur, ou même le self-made man (Tom Hanks), dans un certain sens. J’ai aussi pensé à une mise en abîme de la création d’un film mais je pense plus à une dérive narcissique qui se perd, à trop vouloir nous perdre. J’aime bien les films que je ne comprends pas tout de suite mais là, j’ai beau tourner le truc dans tous les sens, même extra-terrestres, je ne vois plus. Peut-être qu’un lecteur m’aidera à comprendre ?
Donc ça reste très joli à regarder mais ça devient long, très long, et on commence à connaître les ficelles de ce réalisateur. J’en ai la flemme de souligner certaines prestation, comme celle de Jason Schwartzman et Scralett Johansson. Dommage qu’Edward Norton ou Tilda Swinton ne puissent développer leur personnage respectif. Ou encore que Willem Dafoe ne puisse montrer un peu plus son talent, avec son magnétisme habituel. En plus, pas de Bill Murray cette fois. Bref, certains pourront ajouter la ligne Wes Anderson au CV, et lui pourra ajouter de nouvelles lignes dans ses acteurs/actrices. Mais je crains qu’il commence à rayer aussi des spectateurs, parmi ses fans.