OVA - Roujin-Z de Hiroyuki Kitakubo (1991)
C’est peut-être le premier OVA que je traite ici et pas le dernier. Ce film destiné à sortir sur support-physique au Japon avait vraiment de l’intérêt à l’époque et n’a pas tant vieilli.
Car il faut dire que le scénario est d’un certain Katsuhiro Otomo (Akira, Domu…) qui était bien plus présent au cinéma et en animation qu’en temps que dessinateur à l’époque. Et au Japon, le format OVA (ou OAV) était prolifique en ce temps. Il désignait les films d’animations qui ne sortaient pas au cinéma mais directement pour le très lucratif marché de la vidéo. En plus, le Manga est sorti après le film.
Si ce film est encore à voir, c’est parce qu’il aborde trois thèmes majeurs au Japon : Le vieillissement de la population, la remilitarisation et le choix entre tradition et modernité. Vous me direz, il n’y a pas que le Japon pour certains de ces thèmes. Surtout que par rapport au vieillissement, Otomo parle de la robotisation comme solution, par rapport à l’humain pour soigner les personnes agées. En pleine folie autour de la médecine à distance pour combler les déserts médicaux, le thème est bien d’actualité. Mais ici l’histoire est celle de Kijuro Takazawa, un vieillard qui se retrouve utilisé comme “cobaye” dans une expérience de robotique menée par Terada et Hasegawa. Terada s’intéresse à la santé tandis que Hasegawa est le créateur du robot et son programmateur. Mais l’infirmière Haruko (et étudiante en médecine) du vieillard n’est pas d’accord avec le traitement qu’on lui inflige de force par ce robot si froid.
Si ce robot est froid et mécanique, on comprend très vite que quelque chose ne tourne pas rond. Et le vieillard appelle au secours son infirmière qui parvient à s’adjoindre les services de vieux du service gériatrie qui sont d’anciens hackers laissés sur le carreau par la société. Et les voilà qui en remontrent justement à ce Hasegawa qui cache quelque chose et manipule Terada. Comme souvent dans Otomo, il y a une opposition des générations qui doivent finalement collaborer. Et comme souvent chez Otomo, on va vers une énorme chaos à partir du milieu de l’histoire dont on ne sait s’il est possible d’en sortir. Ce chaos est encore une fois lié à la technologie et au fait qu’elle peut échapper à l’humain pour devenir malsaine. C’était avant Fukushima.
En près d’une heure et demi, on a un film qui mêle l’action à l’humour et s’adresse à un public adolescent et adulte. Il n’a pas vieilli car on voit justement beaucoup de prototypes de robots au Japon ou des applications actuelles qui répondent par ces êtres synthétiques au besoin de compagnie des personnes âgées seules. Avec le vieillissement de la population, le Japon manque aussi de bras pour ces métiers assez mal payés, là bas aussi. Un problème que l’on rencontre de plus en plus en Europe également. Ce qui n’a pas vieilli non plus c’est la remilitarisation du Japon, sujet toujours brandi par le parti de droite au pouvoir. Sans parler aussi des robots militaires que l’on voit déjà en fonctionnement ailleurs dans le monde.
Un film un peu méconnu qui m’a été conseillé par un gentil manchot du Cotentin.