Voilà encore une BD qui réussit l’exploit d’avoir une histoire forte, un dessin percutant et un scénario haletant. Et tout ça pour l’histoire vraie d’un champion maudit.

C’est en effet l’histoire de Boughera El Ouafi. Il fut le premier champion olympique français du Marathon, en 1928 à Amsterdam. Ok, là, je vous révèle l’histoire de l’épreuve, relatée dans la BD. Mais là n’est pas l’essentiel car il y a aussi l’art et la manière. La Marathon de l’époque, dans les conditions de l’époque avec les chaussures de l’époque, c’était quelque chose mais déjà le record de cet ouvrier sur les chaînes de Renault était autour de 2h20 !

A cette époque de l’entre-deux guerre, le sport n’était pas encore ce qu’il est aujourd’hui. C’était la glorification de l’amateurisme. Les USA étaient déjà dominants mais le marathon était encore un truc de blancs, les finlandais dominant avec les anglais. Il y avait bien un noir américain, l’arrivée des japonais mais c’était bien tout. Et l’équipe de France sélectionna ce petit ouvrier algérien que personne ne connaissait mais qui avait déjà battu les champions français.

Quand je dis champion maudit, c’est parce qu’il fut un de ces sacrifiés sur l’autel de l’amateurisme. Alors que d’autres fédérations défendaient leurs athlètes, en France, on le laissa tomber. Son crime : Avoir été payé pour des exhibitions à l’étranger, lui qui pouvait enfin sortir de la misère ouvrière par son sport. C’est l’après Marathon qui fut tragique et je vous laisse lire la fiche wikipédia que j’ai mise en lien au dessus. Je vous laisse imaginer les conditions d’entraînement de cet homme auquel Alain Mimoun rendit hommage 30 ans plus tard lors de sa victoire. A ce moment là, la guerre d’Algérie en était à son début et déjà il fallait choisir un camp ou mourir. Reste maintenant cette course, cet hommage en image que Nicolas Debon a parfaitement mené à bien tant son découpage est efficace et son dessin saisissant. A lire !