Cinéma - Lamb de Valdimar Johannsson (2021)
Voilà un film difficile et qui, malgré ses défauts, ne peut qu’interroger le spectateur. Car il parle de religion, de paganisme, et d’humanité.
María et Ingvar vivent reclus avec leur troupeau de moutons dans une ferme en Islande. Lorsqu’ils découvrent un mystérieux nouveau-né, ils décident de le garder et de l’élever comme leur enfant. Cette nouvelle perspective apporte beaucoup de bonheur au couple, mais la nature leur réserve une dernière surprise…
Le film est difficile car de prime abord, si je vous dit ce à quoi ressemble l’enfant, vous aurez peut-être envie de rire. Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, le film installe une atmosphère sombre, glauque, angoissante. Il faut dire que ça sort des productions A24, déjà coupable du terrible Midsommar. Ça utilise encore des ficelles paganistes mais on voit ici plus de liens avec la religion chrétienne. Il n’y a qu’à voir l’affiche, le nom de l’héroïne, par exemple. Mais il n’y a pas que la religion chrétienne qui donne ici des symboles. Il y a un lien très fort entre l’humain et l’animal qui s’installe, un lien qui se distend parfois. Le regard d’une des brebis est particulièrement prenant.
Et puisque l’on parle de la manière de filmer, le film est esthétiquement beau et épuré, avec des paysages magnifiques, du moins si on aime la désolation, la nature vierge, entre gris, bleu et vert. Peu de dialogues mais ce qu’il faut dans le jeu des acteurs avec en tête la magnétique Noomi Rapace (révélée dans Millenium). C’est grâce à la mise en scène et la mise en image que cette histoire ne sombre pas dans le ridicule, suggérant plus que ne montrant durant la première moitié du film. Ce n’est pas un film d’action ou d’horreur, juste du fantastique, de l’angoisse. Et donc le rythme reste lent jusqu’à être pesant, créer un malaise tout en laissant le temps de s’interroger.
M’interroger sur le sens, je continue à le faire avec cette fin étonnante. La surprise finale, je l’avais éventuellement sentie au début du film avant d’abandonner cette théorie. L’agneau pascal ? L’agneau de la pâque juive ? Ou bien autre chose quand on en apprend plus sur le passé de ce couple, de la famille. Le prix du bonheur ? Le déroulement du film aurait même pu laisser plus de place à des explications. Mais finalement, c’est pas si mal comme cela.
Un film qui se mérite (déjà, il faut trouver une salle qui le passe), qui n’est pas fait pour apporter de la joie mais une sorte de nausée avec son atmosphère. Un film pour public averti, en somme.