Musique - Arno - Opex (2022)

C’est un peu l’histoire d’un rendez-vous manqué avec cet artiste. Plusieurs années que j’avais un brouillon pour une chronique d’album, sans même rien savoir de sa maladie. Et 2022, le décès et un album posthume…

Un rendez-vous manqué car je n’arrivais pas à faire le lien entre le personnage, quelques chanson et un album complet. J’aimais quelques titres, la personnalité, la voix rocailleuse, cassé, brisé et la liberté qui ressortait de tout cela. Mais je n’arrivais pas à trouver comment l’aborder, ni quel album prendre. J’ai failli finir une chronique en début d’année 2022…mais non, toujours pas. Et puis, voilà que j’apprends à la radio son décès, un matin. Mais là aussi, je ne me vois pas prendre un album pour cet hommage. Jusqu’au jour où l’annonce d’un album posthume bouleverse tout ça. Ce n’est pas forcément l’album testament comme j’ai pu l’entendre avec Ronnie Atkins (qui est toujours de ce monde au moment où j’écris ces lignes). Non, juste quelque chose qu’il avait envie de faire, à ce moment…et que j’avais envie d’entendre.

image

J’ai pourtant eu le même sentiment que d’habitude à l’écouter à chaud. Ça part dans tous les sens parfois, c’est brut, libre et ça me laisse toujours un goût d’inachevé mais pourtant, j’ai trouvé un fil conducteur, il me semble : La vie, sa vie… Comme toujours, c’est une base rock-blues avec des paroles en anglais et français. Pas de flamand pour ce Belge d’Ostende…donc flamand. Le titre est d’ailleurs le nom d’un quartier de cette ville. Cela fait quelques années que le français a pris une grande part. Il y a aussi deux invités : Mireille Mathieu qu’il admirait et Sofiane Pamart, le pianiste “à la mode” en ce moment. Tout ça pour deux titres plutôt marquants sur cet album. Et il a été accompagné par son frère au saxophone, ou ses enfants. Une belle conclusion en famille.

Comme souvent, les paroles sont courtes, cinglantes, avec sa poésie parfois crue. “Embrasse le passé, il n’existe plus. La vie aujourd’hui, elle est plus importante” dit-il sur La Vérité. La vie, le temps, un brin de nostalgie c’est ce qui ressort sans tristesse excessive, avec la pudeur habituelle qu’il masquait dans sa personnalité tourmentée. J’aime ce Take Me Back lent, lancinant. “Now it’s modern feel, The feel of goodbye, And the feel of Hello.” On y retrouve son amour du rock, du blues, un son bien à lui, devenu intemporel. Il s’excuse…Et reprend I can’t dance de Tjens Couter, que je ne connaissais pas. C’était son groupe des débuts, dans les années 70. Le titre date de 1980…Je n’ai pas voulu écouter la version originale. Restons dans l’instant, justement…Le titre a été changé en ajoutant la négation mais le texte reste. Tout un symbole.

Arno est Honnête, avec lui-même, son public. Le texte surprend, intrigue. Et puis en milieu d’album, il y a ce moment avec Mireille Mathieu, La Paloma Adieu. Un faux duo car enregistré séparément et qu’il n’entendra jamais…Et pourtant, après quelques écoutes, ça fonctionne. Quelle poésie avec cette émotion de Mireille Mathieu. Ils ne semblent pas se répondre ou s’entendre mais un peu comme le marin de la chanson et la Paloma. Et puis on revient à la famille, avec Mon Grand père, personnage mystérieux, aventurier sans doute. Et là aussi on imagine avec “La vie a commencé gratuit pour le reste de notre vie” toutes les vies qui s’entrecroisent, comme dans sa ville portuaire natale. “Mais on s’en fout, on fait la fête. Embrasse mes deux boulettes”, dit-il dans Boulettes à l’apparence crue mais si touchant au fond. Il parle souvent des pleurs des hommes, de ceux que l’on masque, de la nuit comme refuge, de la nuit pour rêver comme dans One night with you.

J’aime ce Court-circuit dans mon esprit qui est si bien accompagné au piano, de manière épurée et mélodieuse. “La vie est trop courte pour être petit”. Une jeunesse perdue ? L’anarchie ? Non, il ne sera jamais vraiment politique, même si l’on sent poindre ses opinions dans quelques chansons. Il fallait aussi parler d’Elvis, sa passion. Et puis conclure…Le dernier titre d’une vie, I’m not gonna Whistle. Juste une phrase, le sifflement …Même pas. Mais une voix qui reste, qui marque pour ces dernières secondes. Adieu Arno ? Sans doute pas car il y a 50 ans de musique qui restent.

Le dernier clip video


Ecrit le : 19/10/2022
Categorie : musique
Tags : musique,rock,arno,2020s,blues,chanson

Commentaires : par Mastodon ou E-Mail.