Littérature - 7 milliards de jurés de Frédéric Bertin-Denis (2020)

Mêler politique et policier, c’est toujours compliqué. Mais quand en plus c’est sur un fond d’anti-capitalisme, cela ne peut que me motiver à entamer les hostilités.

L’histoire : Un même jour à travers le monde, sept figures de proue du capitalisme le plus vorace sont enlevées. Une action concertée revendiquée par un groupuscule anarcho-écolo décidé à juger ces «  malfaisants  » sur… Internet. Chef d’accusation  : crime économique et écologique contre l’humanité. Jury  : 7 milliards d’êtres humains  ! L’inspecteur-chef  El Gordete, policier espagnol un brin anar et humaniste, est chargé de débusquer les terroristes et de tenter de libérer les otages avant l’exécution de sentences courues d’avance  : la peine capitale !

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Evidemment, notre policier espagnol ne se charge que de l’enlèvement d’un des otages, un grand ponte de l’industrie textile, mélange de Zara et Desigual. D’ailleurs les autres otages sont très inspirés de figures réelles. L’histoire se passe en 2022 quand le livre a été écrit en 2019-2020. Ainsi, on a un patron français de société pétrolière qui fait penser bougrement au précédent patron de Total. Mais comme le dit l’introduction, toute ressemblance est purement fortuite. Manolo El Gordete est un brin caricatural : Bon vivant, picolant du Whisky, rebelle vis à vis de sa hiérarchie incompétente. Mais il est attachant pour cela et pour ses amitiés dans le milieu gauchiste. Oui, si vous êtes vraiment bien à droite, oubliez tout de suite ce livre qui va vous horripiler dans ces discours sur la corruption du capitalisme, sur l’asservissement du vivant, des êtres humains. Allez, il y a bien le discours du patron espagnol pour sa défense, mais ça fait léger.

Le défaut du livre : On se doute que ces enlèvements risquent de mal finir. Mais l’auteur a le bon goût de nous mettre un méchant bien dégueulasse. Un ancien skinhead, forcément, ça inspire l’antifa qui sommeille. Notre auteur franc-comtois et linguiste a choisi opportunément de faire se dérouler l’histoire dans une Espagne marquée par le séparatisme catalan. Pour un français, ça rajoute un peu d’exotisme. Mais tout cela reste aussi crédible, l’auteur étant familier de l’Andalousie. Je n’en dirai pas autant des éléments techniques concernant les piratages et l’utilisation du web. On reste un peu simpliste de ce coté là. Le suspens est présent avec l’alternance du récit du point de vue du policier et des activistes. D’ailleurs ces activistes se dévoilent aussi peu à peu et sont aussi attachants que pouvaient l’être les héros de la Casa de Papel…dans les premières saisons. J’ai eu parfois l’impression qu’il y avait eu inspiration.

Un polar réussi qui se lit bien et vite, sans atteindre les sommets du genre. Il n’y aurait pas eu l’aspect anticapitaliste, forcément, cela m’aurait moins attiré. Mais ne croyez pas pour autant que c’est une apologie de l’action violente.


Ecrit le : 27/07/2022
Categorie : litterature
Tags : 2020s,politique,policier,thriller,capitalisme

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