Cinéma - West Side Story de Robert Wise et Jerome Robbins (1961)

Au moment où Steven Spielberg sort un remake, il est particulièrement utile de se pencher sur la première adaptation cinéma de ce musical de Broadway de 1957.

La vision de la bande-annonce du Spielberg m’a semblé étrangement fade et sans âme par rapport aux souvenirs que j’avais des deux premiers visionnages du Wise/Robbins. J’avais le souvenir de cette partition de Leonard Bernstein avec ses cuivres, son swing, ses rythmes hispaniques. J’avais le souvenir de la photographie de Daniel L. Fappani. J’avais le souvenir de quelques numéros, de Rita Moreno et George Chakiris. Il fallait bien un troisième visionnage pour le reste de cette libre adaptation de Roméo et Juliette au Manhattan des années 50. Le livret est signé Sondheim (qui vient de nous quitter) et Laurents avec Bernstein. On peut considérer que c’est un film de Wise sur la chorégraphie de Robbins qui créa ce spectacle à Broadway.

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L’histoire est celle de Maria et Tony. Elle est porto-ricaine et soeur de Roberto, le chef de la bande des Sharks. Il est blanc, fils de migrants européens et ami de Riff, chef de la bande des Jets. Les deux bandes se disputent le quartier. Mais un jour Tony et Maria se rencontrent et c’est le coup de foudre. Le problème du film (et à priori de celui de Spielberg), c’est que Chakiris (Roberto) a plus de charisme que le héros, tandis que Natalie Wood (Maria) est bien jolie mais n’a pas le piquant de son amie Anita (Rita Moreno, qu’on retrouvera dans le remake). En dehors de cela, ce film donna un coup de vieux aux comédies musicales de l’époque justement grâce aux chorégraphies modernes de Robbins et à son thème bien plus réaliste. La danse y est plus contemporaine mais amène aussi des rythmes hispaniques, tout en gardant des numéros plus humoristiques dans la grande tradition Broadway.

L’introduction est elle-même fabuleuse avec ce survol du quartier, les bandes qui se cherchent en dansant, les bagarres, l’utilisation du basket ball, les mouvements de caméra. Le tout sur une des meilleures partition de Bernstein. En dehors des hits “Tonight”, “I feel pretty”, “Maria”, j’aime beaucoup le ballet sur “America” qui met justement en valeur Rita Moreno et George Chakiris. D’ailleurs Chakiris chante vraiment, contrairement aux autres premiers rôles qui sont doublés. Encore un acteur qui arriva trop tard pour ce genre cinématographique. Le thème du film est le conflit entre vagues migratoires (comme certains disent), ce qui reste particulièrement d’actualité. D’ailleurs le film était un peu plus tolérant que la version Broadway vis à vis de Puerto Rico dans les paroles d’America. C’est aussi cette actualité qui a poussée Spielberg à faire un remake, peut-être plus intéressant politiquement que musicalement.

A le revoir, je trouve que le film n’a pas trop pris de ride. Il y a bien quelques effets visuels démodés (les flous de cadre) mais l’aspect très graphique, les couleurs saturées lui gardent un sacré cachet. Sauf que certains visages étaient foncés par le maquillage ce qui était à l’opposé du discours du film (en plus des clichés et de l’amalgame entre Puerto Rico et les hispaniques en général). Musicalement, cela reste évidemment dans une tendance très jazz-latino avec des incursions très classiques. Mais les chorégraphies de Robbins restent d’une efficacité redoutable, entre modern-jazz et ballroom avec une touche de danse contemporaine, bien plus que des films musicaux récents. La faiblesse du film vient de la recopie du thème de Roméo et Juliette de Shakespeare, ce qui rend certaines scènes banales voire mièvres. Je regrette toujours la fin du film qui manque d’intensité par rapport au modèle Shakespearien. Mais je ne peux rien attendre d’un remake, à moins de revenir à la source même de l’histoire et d’oublier Bernstein…Ce serait un comble N

L’introduction video


Ecrit le : 09/12/2021
Categorie : cinema
Tags : film,musical,cinéma,drame,1960s

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