BD - Le Reste du monde de Jean-Christophe Chauzy (2015)
Et si un enchainement de cataclysmes créait le chaos dans ce monde? Voilà le postulat de départ de cette série en 4 gros tomes. Une BD française “survival”, c’est assez rare pour le signaler.
Mais ici, pas de zombies ou de contamination par un virus dégénératif, ou encore de catastrophe nucléaire (quoique…). Non, juste le climat qui s’y met en même temps que des séismes. Et la vie de Marie, mère de famille dont le mari la trompe, bascule complètement. Elle allait quitter son lieu de vacances dans les Pyrénées pour reprendre sa vie de prof et là voilà à essayer de survivre dans la montagne, dans des ruines fumantes de villages dévastées par ce chaos naturel.
Mais le véritable chaos n’est-il pas créé par l’homme ? C’est une des questions qui vient rapidement dans le premier tome. La société sombre dans la sauvagerie et l’auteur nous renvoie à l’animalité. Il utilise même ce comparatif dans le tome 2. Rien de très nouveau sur le sujet en fait. Mais c’est bien amené, bien scénarisé. Et surtout on a droit à de belles planches souvent panoramiques pour montrer ce grand chaos global qui laisse la terre se reformer sans nous. Je suis un peu moins fan des visages, point faible dans ce dessin. Mais quel foisonnement de détails dans ces planches qui s’étalent sur deux pages. On y cherche à chaque fois cette petite part d’humanité qui resterait. Elle s’incarne encore dans Marie et ses enfants, avant de se laisser gagner elle aussi par la sauvagerie.
Je m’interroge pourtant sur cette sorte d’ingénuité que l’auteur peut avoir envers les deux enfants de Marie, des adolescents, Hugo et Jules. Certes, le récit s’étalant sur 4 ans environ, il y a une sorte de parcours initiatique dans cette catastrophe planétaire. Mais les personnages restent peu creusés, finalement, car on s’intéresse bien plus à l’humain en général, sa violence, sa volonté de domination par la force qui ici se retrouve souvent dans l’opposition hommes/femmes. Pas de révolution, d’innovation dans cette histoire, comme je le disais mais un rappel de ce que nous sommes, nous restons, qui peut faire faire des cauchemars.
Évidemment, un récit de fin du monde, par les temps qui courent, ce n’est pas idéal pour remonter le moral. Nous sommes loin du cataclysme décrit ici, rassurez vous. Mais au delà de l’aspect cauchemardesque, j’ai pris un certain plaisir à cette grande aventure survivaliste.