BD – Renaissance de Duval et Emem (2018)
Cette série de BD en 3 tomes, pour l’instant, nous emmène dans un futur relativement proche (2084) quand une civilisation extra-terrestre décide de sauver la terre de son autodestruction.
« 2084, les pires scénarios prédisant la funeste destinée de la Terre se sont réalisés. La Fédération des Intelligences Mammifères décide d’engager une intervention sur cette planète en voie d’extinction. Swänn, jeune extraterrestre droit et ouvert, se porte volontaire. Originaire d’une planète apparaissant comme une version réussie de notre monde, il souhaite contribuer à pacifier la Terre et empêcher son anéantissement. Sa rencontre avec Liz, au Texas, marque le début du choc des deux mondes… » Pendant ce temps, sa femme Sätie, médecin extra-terrestre, est envoyée en France pour soigner une mystérieuse fièvre.
Après 3 tomes, la série marque déjà une sorte de conclusion provisoire, contrairement aux deux autres. Et l’histoire est riche. Nous sommes dans de la pure science-fiction, façon space-opera parfois ou planet-opera plutôt. Il y a des conflits politiques en fond, de la guerre technologique avec des intelligences artificielles. Il y a ce couple Swänn – Sätie pour personnifier l’aventure avec son lot de scènes d’action. Tout cela est amené avec un dessin très détaillé sans être fouillis et en restant plutôt classique. La planète de nos deux amis est très colorée, avec ses espèces animales dangereuses ou inoffensives. J’ai pensé à Aquablue, parfois. Et puis c’est une sorte de Avatar inversé puisqu’il y a une occupation de la terre, que le but humanitaire peut dériver avec le temps sous l’impact politique.
Avec ces 3 tomes, l’histoire ne part pas trop dans tous les sens et n’est pas tirée en longueur pour faire des ventes. Je crains que cela change avec la suite (voir Aquablue, justement) avec d’autres « cycles ». Ne boudons pas notre plaisir d’entrer dans cet univers pour l’instant et d’en comprendre tous les rouages. Il y a d’abord cette Fédération des Intelligences Mammifères dont on comprend peu à peu le fonctionnement, dont on fait connaissance des intervenants, des pouvoirs. Et puis on peut réfléchir à tout le sens de l’interventionnisme humanitaire, sa difficulté. La Terre est devenue une sorte d’Haïti puissance 1000. Vient aussi le problème de vouloir imposer un modèle culturel inadapté, de risques aussi de modifier le biotope, etc.. Toutes ces problématiques sont sous-jacentes et rajoutent de la matière à une aventure qui resterait très classique.
Les personnages humains comme Liz sont presque moins bien traités que notre duo extra-terrestre. Les deux héroïnes humaines sont pourtant à la place où l’on retrouve d’habitude des hommes. C’est leur mari qui s’occupe des enfants et les protègent mais c’est elles qui continuent de travailler ou lutter, qui partent à leur recherche. Elles sont dures, violentes et pourtant aussi fragiles que les êtres humains peuvent l’être face à ces extra-terrestres aux pouvoirs étonnant. Reste ensuite le « design » de ce monde, des machines avec un côté très géométrique en opposition avec les rondeurs des extra-terrestres et des espèces diverses. Les machines humaines sont bien plus classiques, parfois trop contemporaines (les voitures), comme pour montrer l’énorme retard de l’homme, qui reste dans un état de sauvagerie guerrière.
Une série que je n’attendais pas avec autant de réussite, qui mérite de la notoriété. Mais comme je le disais, j’espère que les cycles à venir ne dénatureront pas le récit et l’univers. Avec un épisode par an, pas évident…