Cinéma - La Nuit des Généraux d'Anatol Litvak (1967)

Si ce film n’est pas considéré comme un chef d’œuvre, je lui trouve pourtant bien des qualités, à commencer par son parfait mélange entre film de guerre et thriller.

En effet, le réalisateur ukrainien Anatol Litvak nous fait voir la deuxième guerre mondiale et le nazisme sous l’angle d’une enquête policière qui commence en 1942 à Varsovie. On retrouve le cadavre d’une femme affreusement mutilé. Le seul témoin qui a pu voir le meurtrier n’a vu qu’un pantalon d’uniforme avec une bande rouge : Un général de la Wehrmacht. C’est le Major Grau (Omar Sharif) qui est chargé de l’enquête. Bien vite il s’oriente sur trois suspects : Le général Kahlenberg (Donald Pleasance), le général Gabler (Charles Gray) et le général Tanz (Peter O’Toole). Dans ce faux “whodunit”, Grau est contrarié dans son enquête par sa mutation ordonné par … deux des généraux. Il doit attendre 1944 à Paris pour retrouver ses trois suspects, au moment où l’armée Allemande est en déroute.

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L’œuvre de Litvak, juif ukrainien ayant vu la montée du nazisme en Allemagne, puis fui en France et aux USA, est très marquée par le nazisme. Il a été un des premiers à critique l’Allemagne avant la guerre mais ici il prend soin de distinguer les militaires des bourreaux et bouchers. C’est justement un des surnoms de Tanz, général froid, psychotique. La reconstitution du Paris de l’occupation est troublante même si historiquement il y a quelques soucis (la division Nibelungen est autre chose que celle présentée). A cela s’ajoute la tentative d’assassinat d’Hitler en toile de fond sur la deuxième partie du film, la fameuse opération Walkyrie. C’est donc bien un film de guerre avec ses scènes de batailles et combats.

Mais c’est surtout un bon thriller dont on se doute assez rapidement du coupable. Mais comment confondre ce coupable ? Grau marche sur des œufs face au pouvoir de ces généraux, chacun ayant son centre d’intérêt. Et il trouve un allié dans un policier français (Philippe Noiret), puis une amitié. Leur face à face est splendide, les dialogues savoureux. Oui, les meurtriers de masse sont des héros dans cette guerre, quand Grau ne s’intéresse qu’à un “petit meurtre”. Le casting est une des forces du film avec un O’Toole habité de par sa condition physique de l’époque (dépression, alcoolisme). Sharif est encore au top de son charisme et trouve un partenaire de choix avec Noiret et cette sorte de flegme britannique et de bonhommie française. Plummer en Rommel n’est pas mal non plus.

Comme on parle d’acteurs français, il y a Pierre Mondy dans un rôle plus léger. Mais c’est aussi une belle partition de Maurice Jarre qui s’inspire certes des maîtres allemands dans certains moments mais trouve aussi de belles envolées plus légères. Le film est long pour l’époque avec ses 2h28 mais je n’y ai pas trouvé d’ennui, ni à la première vision, ni après d’autres séances. C’est un tout, une film homogène malgré le fait qu’il hésite entre les genres. Le scénario de Kessel et Dehn tient pour beaucoup dans cet équilibre. Et pour son avant-dernier film, le vieux routier de la réalisation tient bien son sujet. Un classique pour moi qui tient une jolie place dans ma cinémathèque.

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Ecrit le : 01/07/2021
Categorie : cinema
Tags : film,cinéma,1960s,cinémathèqueidéale,guerre,thriller

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