Cinéma - Nomadland de Chloé Zhao (2020)

J’avais noté ce film sur mes tablettes depuis 2020 et il m’a fallu être sacrément patient pour le voir. Pourquoi ? Le thème, Frances McDormand, les images, Frances McDormand, … Et pourtant j’ai hésité à faire la chronique parce que je me disais qu’il y en avait déjà assez.

Non, il n’y en a pas assez. Un oscar, ok, bon cru cette année. Mais la sortie française juste après la semaine de reprise, c’est dur. On a envie de voir autre chose que ce thème qui paraît déprimant au premier abord : Fern (Frances McDormand) est obligée de quitter sa ville d’Empire, rayée de la carte après la fermeture de l’usine de plâtre. Elle a perdu son mari. Elle vend ses biens et part avec sa camionnette vivre comme une nomade des temps modernes. Elle bosse d’abord pour Amazon pour Noël puis de boulot en boulot retrouve une communauté de nomades, fait des rencontres.

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C’est l’Amérique des déclassés, des déplacés que l’on rencontre. Ceux de la crise des subprimes et de l’industrie. Et en même temps c’est une allusion à l’Amérique des pionniers, des premiers colons qui partirent dans l’Ouest sauvage. On y retrouve justement ces paysages prodigieux du Mid-west, ces états un peu oubliés aujourd’hui mais qui était celui des grandes plaines après les rocheuses, jusqu’au désert. Cette Amérique du blues, de la country blue-grass est filmée par Chloé Zhao, réalisatrice chinoise mais vivant à Londres et aux USA. L’histoire est issue d’un livre documentaire de Jessica Bruder. Et de cet aspect documentaire, il reste l’essentiel du casting. Frances McDormand, qui produit, a le rôle de l’héroïne, avec David Strathairn (Dave). Mais les Linda May, Swankie, Bob Wells sont de vraies personnes de cette vie de nomade bien réelle aujourd’hui aux USA.

Les états se font concurrence sur l’emploi, les salaires, poussant les gens à se déplacer en fonction des saisons, des besoins. La précarité est partout et surtout dans l’immobilier avec des maisons que l’on ne peut acheter qu’avec des prêts. Le mode de vie états-unien est clairement remis en cause et on entend ce discours avec Bob Wells, initiateur d’une communauté. Pourtant, pas de critique d’Amazon ici, employeur profitant amplement de la précarité pour s’implanter à bas coût, mais avec des salaires vus comme “bons”. Il vaut mieux que Searchlight assure ses arrières pour la distribution, sans doute. Le propos est plus de décrire cette vie de nomade. Par chance, Fern et les autres ne font pas de mauvaises rencontres dans cette Amérique de la pauvreté. J’y vois les limites d’un film qui essaie de garder de la positivité.

Je vous épargne la conclusion qui laisse place à plusieurs interprétations. Une ode à ces personnes courageuses qui partent à l’aventure sur les routes, souvent pour survivre plus que pour vivre mais y retrouvent des valeurs d’entraide et de solidarité qui semblent avoir disparues ? On opposera ainsi le barbecue chez la soeur de Fern avec les repas dans la communauté de Bob Wells.

Un très joli film magnifié par de très beaux décors naturels, souvent dans des tons bleutés, et une musique discrète et touchante du pianiste italien Ludovico Einaudi. Il n’est pas trop tard pour une séance de rattrapage.

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Ecrit le : 22/07/2021
Categorie : cinema
Tags : film,cinéma,2020s,pauvreté,nomadisme,USA

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