La fin du 19ème siècle a vu naître beaucoup d’utopie et avec elles d’essais de communautés. Cette bande-dessinée retrace l’histoire vraie de l’Essai, située à Aiglemont dans les Ardennes

Je ne vais pas raconter toute l’histoire de cette éphémère colonie libertaire ici. Il y a des articles déjà sur le sujet. A l’origine de cette aventure, il y a Jean-Charles Fortuné Henry, anarchiste révolutionnaire qui après un long séjour en prison pour ces activités qu’on diraient “terroristes” aujourd’hui, décide d’acheter un lopin de terre dans les Ardennes pour mettre en action ses principes. D’abord seul, il fait peur aux villageois puis est rejoint par d’autres hommes qui partagent ses idéaux. Petit à petit, la petite cabane devient maison, puis étable. La terre inculte devient champs prospères et l’exemple fait boule de neige. Au point d’attirer du monde, presse, politiques, poètes, artistes…

Visuellement, j’ai apprécié cet ouvrage dès la couverture, au trait épuré. Puis dans les pages, il y a un côté peinture très présent, une peinture du début 20ème siècle, par exemple. L’histoire se suffit à elle-même mais j’aurai l’occasion de revenir sur ce thème de l’utopie d’une colonie sous un autre angle. Qui dit utopie sous-entend que ce n’est pas réaliste. Sans tout dévoiler, vous vous doutez que cette colonie n’a pas continué à survivre, avec ou sans son créateur. Et la notion même de créateur allait à l’encontre de ce concept anarchiste. Ni dieu, ni maître. L’humain est ce qu’il est.

Il y a plusieurs manières de lire cette bande-dessinées. On peut d’abord y voir l’intérêt historique même si nous avons ici peu d’anecdotes de ce type. Le contexte anarchiste de la fin du 19ème en France est rappelé succintement. Il y a l’envie de lire une histoire, une aventure et c’est quand même une sacrée aventure limite “survivaliste”, comme on dit aujourd’hui. Partir de rien, ça ne s’improvise pas et il faut des outils ou construire de l’outillage. Il y a la réflexion sur les interactions humaines, sur les possibilités de vivre dans de petites bulles sociétales qui agissent les unes avec les autres. Sans forcément adhérer aux thèses défendues par cet homme, ou sans y être opposé strictement, il y a moyen de trouver de l’intérêt à l’ouvrage. C’est mon cas, donc j’en parle.