Qui sait que les libérateurs de Paris en 1944 étaient des républicains espagnols ? Pas grand monde car on a peu regardé la compositions de la 2ème DB du Général Leclerc. Paco Roca s’attache à décrire le parcours de ces hommes oubliés de l’histoire.

Et tout commence à Alicante en 1939 lorsque Franco remporte, avec l’appui italien et allemand, une victoire sur les brigades internationales et les républicains espagnols. Certains embarquent sur un bateau, qui à la manière des bateaux de migrants aujourd’hui, ne fut pas accepté dans nos ports français. Après des semaines à Oran, on accepte qu’ils débarquent pour les mettre dans des camps. En France aussi, les réfugiés espagnols finiront dans des camps, volés et humiliés, traités comme des pestiférés par un gouvernement qui n’est pas encore celui de Vichy. Sinon, pour sortir, on propose la légion étrangère. La défaite de 40 arrive, l’appel de Londres, De Gaulle. Les survivants de ces camps essaient de rallier cette force naissante. Ils arriveront en Angleterre pour être affectés sous les ordres d’un homme qu’ils respectent : Leclerc.

Paco Roca s’emploie à retracer cette histoire jusqu’à la libération de Paris. Il le fait en se mettant à la fois en scène dans cette recherche, avec la rencontre avec un de ces hommes, M. Ruiz. Il habite en France depuis la libération et a tout fait pour faire oublier son parcours pourtant héroïque. Son voisin ne sait rien de cette histoire qu’il nous conte peu à peu. Les chapitres se succèdent avec l’alternance entre la retranscription de ce qu’il raconte et son interview par l’auteur de l’ouvrage.

On y découvre donc la petite histoire de cette compagnie de la 2ème DB, la Nueve, constituée pour la large majorité, de républicains espagnoles. Ils sont emmenés par le “Commandant Putz”, ancien des brigades internatioles, et Raymond Dronne, un fidèle de Leclerc. On retrouve ce qui a été raconté plus ou moins bien dans des films comme “Paris Brûle-t-il ?”, l’horreur de la guerre, la camaraderie dans cette horreur et les idéaux qui font tenir ces hommes. Pour eux, c’est lutter contre le fascisme qui compte, justement. Ils rêvent de faire tomber Franco après la campagne française. Mais la peur de voir l’Espagne basculer dans le communisme est plus forte chez les alliés, et leurs espoirs seront décus.

Un joli témoignage très bien mis en image par Paco Roca et qui se révèle passionnant à lire.