BD - La Bombe de Alcante, LF Bollée et Denis Rodier (2020)
C’est une des grosses sorties de la fin d’année passée, une BD consacrée à l’histoire de la bombe atomique. Evidemment, ça ne s’adresse pas aux plus jeunes mais à travers plus de 450 pages, c’est un gros travail historique mis en image.
Comme j’apprécie l’Histoire, que j’ai déjà parlé ici d’Hiroshima, du projet Manhattan, je ne pouvais qu’être attiré par ce gros tome. Deux scénaristes et un dessinateur, il fallait bien cela pour réunir tous ces pans de l’histoire de cette terrible invention. Il y a des faits que l’on connaît même à travers le cinéma, comme le sabotage d’une usine en Norvège, le Débarquement, Il y a des noms de scientifiques que l’on connaît comme Heisenberg, Openheimer, comme Einstein, ou Fermi. On a oublié Szilard et bien d’autres que le McCarthisme et le Général Groves avaient écarté ou que l’on a tué lorsqu’ils étaient du mauvais côté. Il y a Hiroshima et Nagasaki, les décisions politiques, les choix de sacrifices d’humains. Il y a la recherche scientifique, la compréhension du phénomène physique et sa maîtrise qui aboutissent à la fois à la bombe mais aussi à l’énergie nucléaire.
Un très joli volume
Les belges Alcante et LF Bollée mettent tout cela en scène avec d’un côté la connaissance des BD d’action, la passion du Japon et de l’autre la rigueur plus journalistique. L’équipe fonctionne parfaitement pour passionner le lecteur à chaque instant. Le québecois Denis Rodier met cela en image dans un style très classique, ligne claire qui penche parfois vers une école classique américaine (Eisner par exemple). C’est tout à fait cohérent avec le sujet abordé et très fin et détaillé pour que l’on ait l’impression d’être dans un film noir. Car il y a de l’espionnage, de la tension, des suspicions pour donner envie d’en savoir plus, même si l’on connaît l’issue de cette histoire. Le choix du dessin en noir et blanc est donc le bon.
Si on se dit que cela fait presque 10 albums de 48 page, cela permet de juger un peu plus du colossal travail qu’il y avait à réaliser ici. Toutes les petites anecdotes amusantes ou inquiétantes donnent de la matière au lecteur et il est difficile de lâcher le livre, sinon quand les muscles fatiguent à porter l’ouvrage. Maintenant, je suis aussi le bon public pour ce type d’ouvrage. Il s’agit véritablement d’un parfait mix entre le livre d’histoire et le divertissement qu’est aussi la BD. Je mettrai bien cela dans des mains plus adolescentes (j’aurais été client à cet age) pour voir mais je pense que cela s’adresse à des adultes, de par le style, la maturité nécessaire et les quelques éléments techniques pour comprendre tous les enjeux.
Un ouvrage qui mérite vraiment le détour, en tout cas, et peut servir d’introduction à bien des sujets autour de la bombe, comme le choix d’y recourir, le principe de la dissuasion nucléaire, les traités anti-prolifération, etc… Comme le citent les auteurs, Gen d’Hiroshima en est le parfait complément. Et cela fait prendre conscience qu’il y a des humains derrière tout cela, comme protagonistes et victimes. Et que Szilard avait aussi raison de prévenir du danger… Danger toujours présent, rappelons le.
La vision de Szilard