BD - Kiki de Montparnasse de Catel et Bocquet (2007)
Je connaissais un peu de l’histoire de cette femme qui fut modèle et muse de nombreux artistes dans les années 20-30. Ce long roman graphique permet de découvrir la vie de cette femme libre
L’histoire commence alors qu’Alice Prin naît du côté de Châtillon-sur-seine. Aucun père reconnu, une mère qui la laisse chez sa grand-mère en allant chercher fortune à Paris, la vie ne commence pas sous les meilleurs auspices. Elle fréquente plus l’école buissonnière que la vraie. Lorsqu’elle a 13 ans, elle rejoint sa mère qui lui fait faire de petits métiers, mal payés, éreintants, quand un jour un sculpteur lui propose d’être modèle. C’est le déclic qui lui fait rencontrer des artistes sans le sou, et la fait subvenir elle-même à ses besoins. Elle rencontre un certain Modigliani, ou encore Soutine, comme modèle, parfois amante comme avec Maurice Mendjizki, souvent muse. Elle devient peu à peu une figure du quartier de Montparnasse où gravitent beaucoup d’artistes dans les mouvements dadaïstes, surréalistes. Elle fait surtout la rencontre de Man Ray, peintre et photographe…
La biographie de Kiki est longue et tumultueuse pour une vie finalement assez courte. Elle a été poussée à écrire sa biographie par un de ses amants, Henri Broca, si bien que tout ce qui se retrouve dans cet ouvrage est beaucoup emprunté à cette autobiographie ainsi qu’aux autres témoignages des acteurs de cette période. J’avais un peu oublié certains des aspects de l’oeuvre de Man Ray ou que l’oeuvre de Foujita avait été très marquée par son amie Kiki. C’est donc un beau moyen de découvrir cette période artistique très riche avec les disputes entre surréalistes, dadaïstes et autres.
J’ai été un peu dérouté par le choix du dessin en noir et blanc avec des traits plutôt simples, épais, même s’il y a du détail. Peut-être que j’attendais aussi plus de couleur, celle qu’elle aimait contrairement à Man Ray. On s’y fait au fil de l’album. Les chapitres sont entrecoupés par des adresses importantes, des années, un portrait d’une bâtisse. Il y a parfois des sauts importants, déroutants pour s’attacher à une anecdote en particulier. J’ai hésité à chroniquer l’ouvrage par cet aspect inégal mais le personnage l’emporte.
Kiki était libre, trop pour cette époque qui malgré quelques excès, restait très conservatrice. Sa liberté était de disposer de son corps selon son bon vouloir, déjà. Elle eut de nombreux amants, en refusa sans doute autant, laissant parfois la fortune de côté pour éviter l’ennui, pour garder le plaisir. Elle ne voulut pas être le jouet d’un réalisateur d’ Hollywood, par exemple, Man Ray ayant été un des seuls à la “dompter” dans quelques uns de ses films expérimentaux. La passion l’emportait toujours, que cela soit pour chanter que dans des excès de stupéfiants pour s’échapper du quotidien. C’est ce qui finit par l’emporter alors que la deuxième guerre mondiale l’avait plongée dans l’oubli.