Cinéma - The French Dispatch de Wes Anderson (2021)

Et voilà enfin le nouveau film de Wes Anderson. On ne va pas voir un film, on va voir un “film de Wes Anderson”, tant depuis quelques années le réalisateur américain a su créer son propre style, un peu à l’image de Tim Burton dans un autre genre. Bref, on aime ou pas.

Je vais le dire tout de suite, pour moi, ce n’est pas son meilleur. Et cela tient à un petit détail : C’est un film à Sketchs, donc par définition inégale et déséquilibré. Et pour remettre dans le contexte, il s’agit d’un hommage du cinéaste au magazine “The New Yorker” et notamment à ses reportages sur la France qu’il a sans doute fantasmée dans sa jeunesse. Ici, le journal est renommé “The French Dispatch”, antenne française du Evening Sun de Liberty dans le Kansas. Son rédacteur en chef meurt et ce doit être le dernier numéro. Les auteurs se réunissent pour faire paraître les derniers articles. Le film est divisé en chapitres représentant un article. Et tout se passe dans la ville fictive de Ennui-sur-blasé (tourné à Angoulême), sorte de mélange entre la ville française de province et Paris dans les années 50.

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La particularité de Wes Anderson est justement de fabriqué un monde imaginaire, coloré, inventif. Le cadre de la France des années 50-60 est approprié et chaque plan est un ravissement, sorte de Mélies moderne avec des dimensions Feliniesque, ou Kurosawesque dans le baroque, l’aspect graphique et la maîtrise de la photographie. Je n’ai vu le film qu’une fois, en V.O. et j’ai eu du mal à saisir tous les détails, tant il y en a. Cette fois, je trouve que la qualité en devient presque un défaut. Il en fait trop et cela finit par distraire de l’histoire. Enfin des histoires qui auraient pu être aussi des courts-métrages car le lien entre elles est bien lointain. Il a mis le paquet sur le casting, avec ses habitués (Tilda Swinton, Bill Murray, Adrien Brody, Frances McDormand…) et de nouveaux venus made in France ou apparentés comme Léa Seydoux, Hypolyte Girardot, Mathieu Amalric, Lyna Khoudri, Cécile de France, Guillaume Gallienne. Aucun problème, la direction d’acteur suit aussi (bien que là, Chalamet est transparent face à Mc Dormand…bref) et s’intègre à son univers si particulier. Enfin, Alexandre Desplat nous gratifie encore d’une excellente partition.

Pourtant, je le trouve moins efficace qu’un “Famille Tennenbaum”, “Moonrise Kingdom” ou “Grand Budapest Hotel”, pourtant déjà divisés en chapitres. Il y a des longueurs sur les 3 gros chapitres du film qui ne fait pourtant “que” 1h43. Cela vient en partie de l’introduction qui donne un rythme puis ce rythme s’éteint peu à peu pour reprendre à chaque début de chapitre. Il n’y avait pas ce défaut sur les autres de ses films. Il faut évidemment aimer l’absurde de son cinéma qui le rapproche de certaines œuvres littéraires surréalistes. C’est toujours une esthétique rétro très caricaturale, à l’image d’un Jeunet chez nous par exemple. Et de ce coté là, il a poussé très loin le détail. Sur l’histoire en elle même, il s’amuse aussi des clichés français avec entre autres l’art contemporain, la gastronomie et Mai 68. Le discours, à l’image de celui de Tilda Swinton, reste parfois décousu. Le fait qu’il utilise aussi un dessin animé plus classique que le reste de ses œuvres sur le dernier chapitre n’est pas non plus le meilleur choix selon moi.

Pour qui n’a jamais vu un film de ce réalisateur, ce n’est pas celui que je conseillerai en premier. Malgré ses défauts, j’ai passé un bon moment de dépaysement, rappelant que le cinéma est aussi quelque chose de magique et poétique et pas uniquement une machine à effets spéciaux. J’aime ce coté très artisanal et pourtant extrêmement pointu, ce cinéma de cinéphile aussi avec ses références. On sent un cinéaste qui s’amuse et cela reste communicatif. Peut-être faut-il maintenant qu’il se tempère pour garder un équilibre avec l’histoire.

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Ecrit le : 02/11/2021
Categorie : cinema
Tags : 2020s,filmsàsketchs,cinéma,film,fantastique,fable

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