BD – Désoeuvré de Lewis Trondheim (2005)
Attention ouvrage générationnel. Trondheim fait une pause dans sa production et s’interroge sur la lassitude du dessinateur, et la fragilité des auteurs de BD.
Évidemment ça me parle car Trondheim est alors quarantenaire. Ça me parle car je traverse régulièrement ces crises de création… toutes proportions gardées. Pour qui ne connaît pas Trondheim c’est le créateur de Lapinot et de Donjon (avec Joann Sfar), et il se représente souvent comme un humain à tête d’oiseau (perruche? ). Ici ce sont les autres auteurs qu’il croise qui sont transformés eux aussi sous sa plume. Juste du noir et blanc, proche du croquis, au jour le jour.
Et pour les guest stars, il y a du beau monde… de l’époque. On y croise en effet la fine fleur de la BD franco-belge avec évidemment Sfar mais aussi sa majesté Gotlib, Franquin, André Geerts et j’en passe… trop. Le récit est d’abord une réflexion personnelle, une sorte d’introspection après une pause de près de 100 jours sans dessiner. L’auteur a simplement perdu l’envie ou le sens de ce qu’il dessine. Et Trondheim est très prolifique. On peut le voir aujourd’hui sur Instagram. Il en vient à penser que la qualité de ce qu’il fait, baisse et que c’est inéluctable. Il s’interroge alors sur les dessinateurs et auteurs en général, avec des théories sur la dépression, sur l’enfance solitaire, etc… Puis il se met à interroger ses collègues, chacun apportant des témoignages, du vécu. De l’autobiographie, on passe à des sortes d’interviews.
J’aurais dit pareil…
Un ouvrage qui me touche donc et me fait m’interroger sur moi-même. On se sent moins seul pourrait on dire mais ca ne donne pas de solution. Sinon faire des pauses et moins se poser de questions? Il est normal que l’on se répète en toutes choses, surtout quand c’est son métier et pas seulement un hobby… Trondheim a aussi ce même problème mais va ici sur un terrain différent de son oeuvre principale avec ses qualités et défauts. Un album qui échappera à une part du public…Ce qui explique sans doute qu’il soit édité en marge de l’oeuvre principale.