Musique - Barbara Pravi - On n'enferme pas les oiseaux (2021)
Depuis sa performance à l’Eurovision 2021, je m’étais fixé un rendez-vous avec le prochain album de cette chanteuse qu’on a un peu trop vite qualifiée de nouvelle “Piaf”. Je sors un peu de ma zone de confort et c’est par curiosité aussi.
Car avec son CV d’autrice-compositrice pour d’autres, je m’attendais à de la pop ou de la chanson plus traditionnelle. Pourquoi pas, quand c’est bien fait, j’en écoute aussi beaucoup. Mais souvent on trouve des artistes d’un titre, des “One-shot” éphémères comme on dit. J’avais écouté ce qu’elle faisait avant pour elle et j’avais quand même un bon espoir d’entendre des choses intéressantes (cf sa reprise de DePretto mieux que l’original, … ok c’est pas dur). La galette argentée sort et avec elle les albums numériques, streaming et un nouveau single “Saute” très différent. Pas au même niveau que “voilà” mais des choses intéressantes. J’y reviendrai.
Dans l’album, on commence justement par le titre iconique “Voilà”, que madame et moi aurions voulu comme apothéose plutôt qu’en présentation. Le marketing ? Je zappe volontairement…“Le jour se lève” aurait fait une belle intro, avec cette douceur, sa voix susurrée du début, avec son voile caractéristique. Il a la “gueule de l’amour”, avec le doute, la fragilité de ces moments. Plutôt joli et suivi d’un interlude qui fait bien la liaison qu’on lui demande. Je suis beaucoup plus client de “L’homme et l’oiseau”. Oui, c’est une chanson à texte d’allure classique. On la sent fan d’une autre Barbara célèbre mais ce n’est pas une copie, pas chanté pareil non plus. Mais que j’aime ce texte qui parle de liberté sur ce piano voix. Elle a son phrasé, son intensité, surtout dans cette dernière minute. Et toujours cette thématique de l’amour fugace…
Et “Saute” passe à quelque chose de plus pop, plus dansant avec quelques touches orientales et jazzy. Là aussi un thème sur le saut de l’inconnu, les incertitudes de la vie qui est assez récurent. L’ensemble est agréable et fait une jolie récréation dans l’album tout en étant cohérent par le texte. “Je l’aime, je l’aime, je l’aime” répond avec un certain classicisme à ces précédents titres. Il y a un coté très “comédie musicale” je trouve, avec un imaginaire d’une danse exaltée d’une femme qui est amoureuse, comme si c’était la première fois. J’aime. Avec “La Vague” on retrouve plus de gravité puisque la chanson est parlée. C’est une femme qui parle de ces accès de rage, de colère qui arrivent parfois, qui gâchent les relations. C’est aussi ça l’amour, … Un texte qui me touche particulièrement.
On sent vraiment déjà une artiste et une auteur à fleur de peau. Alors avec “La femme” on retrouve de l’intensité dans la voix sur une musique qui n’est pas inconnue. Texte encore une fois intéressant : “Qui a décidé ce qu’est la femme ? Un bouton de rose, un brin de flamme”. Là aussi on retrouve des accents orientaux et même hip-hop. Elle parle aussi de ces épaules pour pleurer, ces amis, “mes maladroits”. Dans “La Ritournelle” on retrouve un texte parlé et la thématique de l’amour, de la nostalgie, de l’innocence, un brin de folie. Un texte très captivant, très joué. Celle que l’on attendait en Edith Piaf, nous parle bien d’oiseaux mais surtout d’elle même en restant ce qu’elle est, Barbara. Et on termine A Cappella.
J’ai été finalement surpris par cet album qui ne va pas beaucoup dans le commercial à outrance. Les titres ne sont, en effet, pas très radiophoniques, à part peut-être deux. Elle ne s’est pas trahie justement parce que j’ai ressenti quelque chose de très personnel dans les textes, dans les fêlures qui transparaissent aussi dans cette voix. Ce n’est pas toujours l’intensité qui captivait dans “Voilà” en live mais il y a quelque chose de très touchant dans cet ensemble. Peut-être que ça tient à moi ? Peut-être est-ce le moment ? Je ne saurais dire si je vais laisser l’album tourner longtemps. Je ne saurais même dire ce qu’il pourrait y avoir après. Comme elle le dit avec ce thème de l’incertitude de la vie, qui peut savoir ?