Cinéma - Adieu les cons d'Albert Dupontel (2020)
Encore un film tué par le confinement, malgré 720 000 spectateurs en seulement 10 jours d’exploitation. Si les césars ont été généreux, il faut bien avouer aussi que Dupontel a réussi son pari.
Car cette fois, pas d’adaptation, après l’excellent “Au revoir là haut”, 3 ans plus tôt. L’histoire est originale et complètement écrite et scénarisée par Dupontel :
À 43 ans, Suze Trappet (Virginie Efira), une coiffeuse, apprend qu’il ne lui reste que peu de temps à vivre car elle est atteinte d’une maladie auto-immune causée par les produits qu’elle utilisait dans son salon. Se remémorant ses souvenirs, elle se souvient de son enfant qu’elle a eu adolescente, ayant accouché sous X sous la pression de ses parents. Elle se met alors en quête de le retrouver avant qu’il ne soit trop tard.
Arrivée aux services d’administration, on lui apprend que son dossier n’est pas numérisé et que cela peut prendre plusieurs mois pour le retrouver. Dans le bureau d’à côté, JB (Albert Dupontel), un informaticien de génie, s’apprête à se suicider, en laissant un message d’adieu filmé, à la suite de la décision de sa hiérarchie de confier un système de sécurité à des personnes plus jeunes que lui. Mais en voulant tirer sur lui-même avec un fil relié à la gâchette d’un fusil de chasse, il tire trop fort et le fusil se retourne, tirant sur la paroi adjacente, blessant gravement l’agent administratif qui s’occupait du cas de Suze.
C’est après cette cascade d’évènements improbables que le film part pour encore 1h10 restantes (sur 1h27) menée tambours battants. On a droit au passage à quelques figures de la comédie sur petit écran, en plus des habitués de Dupontel et quelques bons seconds rôles habituels du cinéma franco-belge. Je dis franco-belge pour Virginie Efira mais aussi Bouli Lanners, sachant que l’on a aussi Jackie Beroyer, Terry Gilliam himself, tout de même. Et donc Nicolas Marié dans le rôle de M. Blin, qui lui vaut un césar du second rôle. Dupontel a soigné ses dialogues, comme souvent, avec des scènes mémorables. Mais il y a de jolies trouvailles de mise en scène, comme l’escalier quand Suze et JB quittent l’administration, ou encore l’immeuble de bureau “télécommandé”.
Vue la gravité du sujet, nous sommes bien dans une comédie dramatique, avec course-poursuite en bonus. Il y a du pittoresque comme sait le faire Jeunet, avec d’ailleurs une colorimétrie très jaune qui n’est pas sans rappeler ce réalisateur. Il y a de l’absurde sur fond de critique sociale et de cette petite caste de l’administration. Outre le single de la Mano Negra que l’on entend, il y a une belle musique de Christophe Julien. Le film est plein de paradoxes, alternant les moments sensibles, les rires, les pleurs. Du bon cinéma comme je l’aime, même si Dupontel a fait parfois mieux. Et finalement, tout ça nous parle d’amour, que cela soit celui d’une mère pour un fils, le manque d’amour dans l’administration, celui des êtres solitaires qui en ont en réserve, etc… Un amour au centre de cette affiche et que les spectateurs des premières séances ont bien senti. Il ne reste qu’à donner un peu plus d’amour au cinéma, maintenant.