BD - Yoko Tsuno 1 – Le Trio de l’Etrange de Roger Leloup (1972)
Voilà une série de bande-dessinée belge qui a une place bien à part. Une des premières héroïnes, de la science-fiction, des extra-terrestres, et encore une série qui a survécu jusqu’à nos jours avec (seulement ? ) 29 albums. L’occasion était trop belle de se pencher sur le premier opus.
Aux commandes de la série, un seul homme, Roger Leloup, ou presque puisqu’il aura le renfort de coloristes. Mais ce que j’aime dans les premiers numéros d’une série, c’est que rien n’est encore figé, entre le dessin, la place des personnages, les relations et l’univers. Dans ce premier numéro, c’est donc la rencontre entre Yoko Tsuno, ingénieure en électronique d’origine japonaise, et Vic et Pol deux compères travaillant à la télévision. Yoko Tsuno ne fait pas dans l’héroïne sexy comme on a eu dans les Barbarella, par exemple mais mise sur son intelligence, ses connaissances. Et ça change tout, surtout quand les sciences étaient (et sont encore) très sexuées avec une majorité de mâles!
Vic Vidéo, réalisateur de télévision, et Pol Pitron, cameraman, croisent un jour la route de Yoko Tsuno, ingénieur en électronique. Ils lui offrent un travail pour un reportage sur un gouffre et le mystère de la résurgence de son cours d’eau.Durant le reportage, ils sont aspirés par un siphon et découvrent une civilisation extraterrestre, les Vinéens, qui vivent sous terre, depuis 400 000 ans…
On sent encore un peu l’influence de Peyo dans le dessin de ce premier numéro mais ce n’est pas désagréable. Il y a un univers proche de ce que Christin et Mezières développaient déjà quelques années auparavant. Yoko Tsuno reste sur cette planète mais fait un peu le lien avec Laureline. Ce qui se dégage, c’est sa personnalité, avec des répliques cinglantes à ceux qui vont vite devenir ses faire-valoir. Le trio s’installe au fil du tome ou peut-être devrait-on dire le quatuor avec la vinéenne Khâny. On sent une certaine proximité entre les deux personnages, Khâny apportant la sagesse ) Yoko Tsuno qui est plus dans l’action et l’exubérance humaine. Les vinéens ont un petit côté vulcain, d’ailleurs, Star Trek étant sorti quelques années avant.
Ce n’est sans doute pas le meilleur numéro de cette série dont j’ai finalement du lire 3 ou 4 exemplaires seulement. Ils m’avaient marqué mais il y en avait peu dans ma bibliothèque par rapport à tous ces héros testostéronés. Le côté scientifique est encore peu développé avec beaucoup de choses qui tournent autour du magnétisme ce qui n’est pas toujours très réaliste. Mais les engins, les décors sont fouillés déjà, très réalistes. Les couleurs sont encore une marque de cette époque mais font aussi le charme de ce premier numéro. Là encore, il y a des bulles importantes, comme cela se faisait encore. Je ne sais pas encore si je reparlerai d’autres numéros de cette série au fil de mes relecture mais c’est important de ne pas l’oublier et de la faire lire aux plus jeunes. On pense que c’est démodé mais il y a tout un imaginaire passionnant, presque … intemporel.