Cinéma - Thelma et Louise de Ridley Scott (1991)
Il fait partie de mes films-cultes, ceux que je peux revoir et re-revoir sans lassitude. A croire qu’il était en avance sur son temps.
Je rappelle l’histoire, qui doit énormément à Callie Khouri : « Thelma Lauren Dickinson, la trentaine, est l’épouse au foyer frustrée et soumise de Darryl, archétype du macho d’autant plus parfaitement inconscient de son ridicule2 que son complexe de supériorité est renforcé par sa réussite professionnelle. Louise Elizabeth Sawyer, son amie, serveuse dans une cafétéria, l’a convaincue de s’évader pour un week-end à la montagne. Quittant l’Arkansas, elles sont bien décidées à profiter de ces heures de liberté. Elles s’arrêtent en cours de route, dans une boîte où Thelma abuse de l’alcool. Alors qu’un homme essaie de la violer sur le parking, Louise arrive in extremis, sort un revolver et empêche le viol. Devant la vulgarité et l’agressivité de l’homme, elle le tue. Louise refuse catégoriquement de se rendre à la police et décide de prendre la direction du Mexique, entraînant Thelma dans sa cavale. »
Quand je parlais d’en avance sur son temps, il faut rappeler que le thème du viol avait été peu traité par Hollywood et encore moins celui de la place de la femme dans le couple, dans le même film du moins. En 1988, le film « les Accusés » avec Jodie Foster en parlait avec talent…Une Jodie Foster qui fut d’ailleurs pressentie pour l’un des rôles, en compagnie de Michelle Pfeiffer. Le film fut dur à monter et prit du retard…ce qui précipita un changement d’actrices. Heriter de Susan Sarandon et Geena Davis n’est pas mal non plus ! Puisque je parle casting, on y retrouve l’excellent Michael Madsen et le nom moins excellent Harvey Keitel, plus quelques bons seconds rôles. Le casting participe allègrement au succès du film.
Nous avons là un film qui joue sur la fibre féministe et se transforme en Road-movie ou Course-poursuite. On peut aussi penser à un Bonnie and Clyde, un Tueurs nés mais c’est restrictif. L’abattage des deux actrices en fait aussi une sorte de Buddy-movie sans qu’il y ait une totale opposition de personnalité. Nous sommes dans une atmosphère très country/western avec à la fois les populations traversées, les décors, Mais pour une fois, nous avons deux « Calamity Jane » comme héroïnes et pas un héros gorgé de testostérone. Nous n’y perdons clairement pas au change. L’opposition entre les deux compagnons de nos héroïnes est aussi parfaite. Il nous faut aussi un inspecteur charismatique comme dans un bon polar. Et pour le méchant, on a … le FBI.
Ce qui fonctionne dans le film, au delà de l’affection que l’on porte aux héroïnes, c’est la construction d’un scénario qui mêle la comédie, les répliques cinglantes, l’émotion, les rebondissements, la révolte et l’action. On rit, on pleure, on se révolte, on sursaute, on se désole, bref, on participe dans ce film. C’est le film qui fit connaître Brad Pitt, que j’ai du mal à ne pas détester, justement. Une vraie tête à claques. Et puis il y a cette fin, totalement en décalage par rapport aux habitudes d’Hollywood. Chacun y verra une interprétation, entre ode au féminisme, à la liberté, à la rébellion…
Pour enrober ce joli packaging, il faut de la technique. Il y a déjà la photo très saturé, avec beaucoup de filtre polarisant pour ressentir cette chaleur étouffante, cette tension. Ridley Scott aurait-il été inspiré par son frère? Adrian Biddle ne nous avait pas habitué à cela. Et pour la musique, nous avons un Hans Zimmer très inspiré à la partition avec quelques accords de Pete Haycock. Cela ne s’arrête pas au thème puisqu’il y a également un bon choix de bande son, notamment une magnifique chanson de Marianne Faithful. J’ai du mal à trouver des défauts, même si certains trouveront cette saturation excessive ou certains sons datés.
Si j’en connais la fin et tous les rebondissements, je ne me lasse jamais de le revoir, de verser mes larmes après avoir ri et souri. C’est devenu un classique indémodable pour moi, d’autant que le thème n’a pas tant été repris que cela.