Blog - Le progrès en pause

La semaine dernière, comme tous les trois ans, j’ai eu droit à un nouveau PC à mon boulot puisque c’est de la location. Je ne m’attendais pas à une révolution mais là, c’est carrément du surplace.

Sur le papier c’est du Core i5 7ème génération, 8go de Ram au lieu de 4, mais … Windows 10 au lieu de 7, du SSD. Dans la famille Intel comme AMD, j’ai cessé de jouer aux jeu des 7 familles donc j’ai demandé à Papa Wiki de m’aider. 7ème, c’est pas du tout récent (fin 2016) donc en gros j’ai changé au bout de 3 ans pour un truc sorti il y a 3 ans. Quel monde formidable. J’ai quand même la Fenêtre de Redmond (WA) dans sa dernière mise à jour. Outre les nombreux verrous qui empêchent de faire ce que l’on veut, c’est surtout la gourmandise d’un système qui ne fait rien de mieux que l’ancien, qui m’exaspère. Quand je pense que je peste parfois par quelques ralentissements de mon Atom de 10 ans sous ma Debian. Alors là, c’est presque pire parfois. Déjà ils me filent un vieux IE ou cette merde de Chrome…que j’ai remplacé rapidement par mon panda roux préféré. Mais avec des sites internes développés avec les pieds à la sauce Microsoft, bourrés de scripts, je ne suis pas aidé. Ma boite a vendu son âme à Microsoft jusque dans le “clahoude”, rendant les serveurs distants et stockages encore plus éloignés que par le passé. Gain d’exploitation ? Peut-être financièrement, pas vraiment en productivité ou même en sécurité. Je connais un responsable informatique a mangé son chapeau (rouge ?). Je ne maîtrise plus rien du stockage de mes données de boulot qui, pour le coup, sont trop sauvées à mon goût.

Alors Ok, le système démarre vite avec un SSD récent (là encore, pas mieux que le petit Atom en SSD sous debian) mais le navigateur rame toujours en bouffant de la RAM (quelqu’il soit),** le Office n’est pas franchement plus rapide**, et le menu Windows franchement rétrograde avec son flat design “à la mode” du moment. Tous les goûts sont peut-être dans la nature mais à quoi bon sortir un OS pour juste … sortir un OS. Peut-être pour me le donner à ronger, l’os. Mais ne soyons pas chien. L’intégration du nuage maison est presque plus merdique qu’avant d’ailleurs avec des bugs étranges, des redirections foireuses. Et en même temps, je me pose déjà la même question sur les enchaînements de version x.0 des Mint, Ubuntu, Debian qui ne sont pas de franches révolutions mais de banales évolutions. Les révolutions sont plus dans la forme de l’environnement (dont on a le choix, d’ailleurs) même si rien n’a bougé depuis quelques temps, dans les modes de diffusion des packages et logiciels, dans l’aspect sécuritaire, ce que l’on voit moins, c’est vrai au niveau utilisateur desktop. Bref, le progrès, c’est parfois de ne pas changer ce qui fonctionne, et pas d’être partagé par tous. Pas de chance, mon PC de boulot fonctionnait bancale depuis le début et de moins en moins (USB aléatoire, ethernet aux abonnés absents). Et celui là aussi, même si je soupçonne un problème de profil. Merci HP.

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WinXP, c’étiat joyeux

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Win 10, c’est moche et triste, mais y’a des tuiles, wahoo

Le pompon a quand même été quand j’ai voulu utiliser un convertisseur USB/RS232 parce que sur un portable, tu n’as pas de port série. Le pilote s’installe, tout va bien. Je branche le bouzin et là, erreur 10 dans le panneau de config des périphériques. En fait, après une petite recherche, je tombe sur la FAQ du constructeur et je trouve le fait que c’est la première définition hardware du machin et que ce n’est pas compatible avec …Windows 10. Donc tu balances tous tes convertisseurs à 20 balles et tu rachètes le même en révision B jusqu’à la prochaine fois parce que je ne sais pas qui a décidé de ne pas supporter un composant de chez Prolific ou FTDI. Sûrement une action de rétorsion de Donald la houpette. Oh, on a un peu l’habitude avec les windaubes sur les petits convertisseurs chinois aux pilotes mal finis. Bah oui, le monde de la mesure reste encore avec pas mal de communication en port série. Je m’en suis même sorti avec un bon vieux terminal sous Putty pour faire une acquisition, l’autre jour. Ca ne parlera qu’aux anciens. Si encore j’avais pu me payer un bon port série garantie supporté pendant 10 ans. Oups, ça n’existe pas.

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Si tu retrouves ça au Ghana, c’est moi qui l’ai jeté

C’est un peu comme quand je regarde la consommation de voitures récentes par rapport à la mienne. Là dans un trajet Paris-Normandie-Paris par autoroute avec du vent, j’ai fais du 5,4L/100km avec un véhicule hybride essence de bientôt 14 ans. Pour du Paris Banlieue je suis à 4,8L/100km. J’ai testé récemment une berline flambant neuve avec le dernier cri du diesel, le truc calibré VRP ou Ministre de l’intérieur pour sortie de boite rapide. Elle n’était pas foutu de descendre à 6l/100km de moyenne en étant aux mêmes allures. Idem sur de l’hybride rechargeable récente d’ailleurs. La faute à un surpoids du véhicule, une aérodynamique sacrifiée à l’autel du style, des pneus trop larges, des roues trop grosses. Des études ont montré que la consommation de nos voitures aurait pu diminuer de 30 à 50% rien que sur les progrès moteurs si nous avions gardé le poids et les équipements d’il y a 20 ans. Je ne vous parle pas des SUV, j’ai déjà fait l’article. En gros, tu peux toujours aller du point A au point B en te faisant flasher sans que ta voiture soit autonome mais tu peux juste avoir Spotify sur ton Autoradio ou afficher Waze sur un grand écran en plus par rapport à 1990. Bon allez, tu es mieux protégé si tu joues à faire du rentre dedans aux murs.

Je n’ai pas l’impression d’avoir du progrès dans les machines à laver non plus. Oui, c’est mon dada aussi, comme sur le forum de Cyrille. Elles annoncent des consommations moindres mais souvent lavent justement moins bien car on a joué sur le chauffage de l’eau, la durée de cycle (j’ai mis 60 millions de consommateurs sur le coup). On met 3 fois plus de temps qu’avant, parfois. Et puis surtout, elles sont aussi moins fiables puisque de 10 ans, on passe souvent à 3 ou 4 ans. La mienne avance encore cahin-caha, avec un couvercle qui rouille comme au bon vieux temps des tôles italiennes des voitures des années 70. Disons qu’elle ne lave pas si mal, déjà et que j’ai pris le plus basique au niveau des commandes tout en ayant accès à des pièces détachées. La preuve, ils la font encore en ayant retouché la programmation et le circtuit de chauffe. Maintenant, j’en viens à regarder les notices de démontages, à faire le tour des machines à laver pour voir comment c’est monté, si j’arriverai à faire moi même, etc…. Ce qui vaut pour tout. Cyrille avait parlé du projet avorté de machine durable qui aurait coûté 6 à 10 fois le prix normal. Voilà …

A force de pousser à renouveler en offrant de fausses innovations, j’ai surtout l’impression que l’on en oublie les vraies, celles qui sont utiles. A l’ère du développement durable, on parle de durabilité du matériel sans le trouver. On parle de faire local, quand tout est délocalisé. Le Coronavirus aura mis en lumière le fait que 80% des médicaments font appel à la Chine. A l’époque de Fukushima, il y avait des ruptures sur des peintures qui utilisaient des coquillages japonais. Quand ce fut le grand Tsunami, c’était la RAM d’ordinateur et d’autres composants que l’on ne savait plus approvisionner. Pour le SRAS, c’est la femme de Cyrille qui a reporté son dernier achat...Autant d’incidents et aucunes leçons de retenues dans un monde où chacun se spécialise à outrance. Un monde où cela devient trop cher de réparer près de chez soi par rapport à l’achat de provenance lointaine. Un monde où l’on a tellement spécialisé des régions que l’on ne sait plus rien faire sur place

Un monde où le rêve de certain est de faire ses courses sans croiser d’humain, quand ce n’est pas derrière son ordinateur. Il y a eu aussi débat sur les magasins sans caisse sur le même forum. Voilà l’avenir version Amazon, alors qu’on boude de plus en plus les hypermarchés dont les rayons mettent le même produit en 10 marques différentes au lieu d’offrir de vraies alternatives. Une perte de temps ou une perte d’emploi, je vous résume, là. Bref, nous avons au fond deux visions du monde : l’individualiste du chacun pour soi ou la collective du on est tous dans la même galère. Je crois que l’on sait qui a gagné en ce moment avec l’enchaînement effréné des modes qui nous poussent à tout jeter, remplacer ou revendre , ou mettre “au clou”.Un mode éphémère pour des humains finalement éphémères à l’échelle de la planète.

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Rembrandt, La Tempête sur la mer de Galilée en 1633.

Le pire reste dans la mode tenace des Produits connectés. …jusqu’à des légumes connectés en leur mettant des qrcode dessus. Je ne parle pas du gag du mec avec sa patate connectée. Je parle de ne plus savoir vivre sans avoir des informations venant de partout. Dans la série Years and years, il y a quelque chose de très amusant d’ailleurs,…ou effrayant. Peut-être que Griveaux voulait connecter sa bite d’ailleurs, vu sa prodigieuse intelligence, puisqu’on dit que chez nous les hommes c’est là qu’est le cerveau. Mais bon je m’égare, comme l’humanité qui ne sait que faire de tous ces flux de données qui transitent dans de gourmands réseaux qui remplacent finalement les vraies autoroutes comme polluants. Voilà, c’était ça le coup de la comparaison avec le transport. Des visionnaires…On pollue sans bouger notre cul maintenant. Rien qu’en écrivant cet article, je pollue puisqu’il y a de petits scripts qui se déclenchent dans mon Gutenberg préféré.

Même dans mon métier, j’en viens à des aberrations. Je connais par exemple un constructeur français de matériel de mesure qui fait encore le même matériel depuis 30 ans. Le look est typique des années 80 mais niveau performance, ça laisse rêveur. Sauf que pour le piloter, personne ne sait faire de nos jours. Plus de programmeurs pour faire de nouveaux pilotes ou pour que ça passe. Ils ont rebadgés des matériels chinois, fait faire de nouveaux produits mais ça ne remplace pas vraiment. Les concurrents font aussi bien mais plus cher, ou sinon carrément mieux mais avec là aussi une durée de vie limitée, notamment à cause du développement informatique. Il y a 5 ans, je balançais des centrales d’acquisition à des dizaines de milliers d’euros qui fonctionnaient toujours. Cette année encore, il y aura des morts, comme des caméras de thermographie, des bras de mesure 3D et autres matériels qui valaient une fortune, fonctionne toujours … sauf avec nos PC actuels. Si en thermographie on sait aujourd’hui faire bien mieux en plus petit et moins cher, la mesure 3D ne justifie pas vraiment le changement.

Oh, bien sûr, tout n’est pas si négatif. Regardez ce blog, il est écrit sous l’interface gutenberg de Wordpress, si décriée. J’y trouve vraiment des avantages pour ma part et récemment j’ai eu le malheur de revenir à l’ancien format de saisie. Outre que ça m’a permis de solutionner un bug sur le forum de Wordpress, je me suis aperçu que je ne pourrais pas revenir en arrière. La gestion des blocs est franchement confortable. L’édition mobile aussi avec même des possibilités de markdown ou de HTML à l’ancienne. Cela dit, ce petit confort se paye parfois par de nets ralentissements que je n’avais pas avant sur la même machine, mon tromblon à 2GO de RAM qui consomme à peine 11W à fond.

Mon côté vieux con se renforce sans doute pour faire le tri dans ces progrès promis. Pourtant, des innovations, j’en vois beaucoup de possibles, celles qui viseraient notamment à la frugalité sur les ressources, tant logicielles, matérielles, qu’énergétiques. On me parle de transition énergétique mais je n’en ai pas vu le bout de la lorgnette sinon pour me faire racheter…et donc consommer de l’énergie, émettre des polluants. On nous promet de communiquer sur la dispo des pièces détachées mais à quoi bon si c’est trop cher à réparer. Idem pour les indices énergétiques peu représentatifs des fonctionnements réels (Cycles de lavage, cycles de pollution véhicule*). Tout ça par manque de courage politique et par lobbying des industriels. Il est parfois difficile d’accepter la réalité pour le consommateur.

(*): Je sais déjà que cela sera très sévère et proche de la réalité après demain, croyez moi.

Je pourrais faire la comparaison avec le bien être animal. La plupart des gens ne veulent pas regarder ce qui se passe réellement pour l’agneau dont on mange le gigot, pour la vache qui perd son veau pour produire du lait, ce même veau anémié pour que la viande soit artificiellement blanche (ce qui n’est pas vrai partout dans le monde). On ne veut plus voir cette industrialisation de la mort qui n’existait pas il y a un siècle à ce point. Alors on trouve des excuses de citadins ignorants des réalités de la ferme d’antan, ou des excuses d’industriels de l’agro-alimentaire pour continuer pareil, ou pour aller vers encore plus de productivité. La partie rurale de ma famille a depuis longtemps cessé l’activité agricole maintenant, dégoûtée par ce que c’est devenu. Le veganisme, lui même n’est pas forcément un progrès si on se retrouve à faire de même dérives (chimie, importation lointaine, mauvaise qualité d’ingrédients…) , ou à ignorer les disparités dans la planète. On mise sur l’ignorance pour faire croire au progrès en toute chose.

Le 20ème siècle et ce début de 21ème siècle a montré un progrès (supposé) accéléré mais qui a conduit à une catastrophe écologique depuis la révolution industrielle. On sait voler, rouler, partir dans l’espace, communiquer rapidement et c’est fabuleux. On ne s’imagine pas dire stop à tout ça et le risque d’effondrement de la civilisation pourrait nous amener à penser à un futur sans progrès. On pourrait même dire en régression. Ce qu’il convient c’est de s’entendre sur ce qu’est le progrès finalement. Ce n’est pas forcément la croissance infinie professée par les libéraux et capitalistes malgré la certitude que notre planète est finie (dans le sens mathématique). Le progrès, c’est peut-être bien ce slogan un peu débile…D’être partagé par tous.

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Ecrit le : 08/03/2020
Categorie : reflexion, geek
Tags : blog,consommation,environnement,geek,Geekeries,informatique,Réflexion

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