Cinéma - Mine de rien de Mathias Mlekuz (2020)
Encore un film sur le Nord, la Mine, la misère sociale tournée en comédie, me direz-vous ? Oui, il est à prendre dans le prolongement des Discount, Les Invisibles, plutôt que Bienvenue chez les chtis.
C’est aussi la première réalisation de l’acteur Mathias Mlekuz, sur un scénario écrit avec Philippe Rebbot (à l’affiche aussi comme acteur), et Cécile Telerman. L’histoire justement : “Dans une petite commune du Nord, Buchy, l’ancienne mine est sur le point de fermer, laissant des dizaines de personnes sur le carreau. Décidant de ne pas se laisser faire, les ouvriers décident de tenir un siège devant l’usine. Devant l’ultimatum de la maire qui menace de les exproprier, une idée lumineuse vient à l’un d’entre eux : transformer l’ancienne mine en parc d’attractions.” Et en plus tout cela se passe avant Noêl.
Je précise ce point car il y a un aspect conte. Le réalisme a en effet quelques limites mais je suis bon client. On s’amuse du stage pour que ces chômeurs de longue durée intègre les entrepôts d’ArMagedON et des promesses de la maire à la fois désespérée et prête à tout vendre pour relancer sa ville dans l’illusion. Mais finalement l’illusion c’est ce parc d’attraction improbable, un peu comme celui fait par Banksy il y a quelques années. C’est la démerde, la bricole, la bonne humeur de revenir à la simplicité, à l’émotion. Pour le casting, Arnaud Ducret surprend par son jeu sobre. Il trouve en face de lui l’habituel loser magnifique Philippe Rebbot, mais aussi Rufus, Marianne Garcia (décidément habituée de ce type de film), et la pétillante Mélanie Bernier.
Pour l’émotion on a une bande son bien trouvée par Mathieu Gonet et son réalisateur. De “Mon vieux “ à de très belles interprétations de chansons ouvrières par Christiane Oriol, il y a de quoi verser sa larme. Car si on a comparé ce film à “The Full Monty”, il est moins “feel good” que son aîné britannique. Nous sommes ici dans une émotion plus intérieure, respectueuse et tendre. Le rire est présent dans cette comédie souvent dramatique mais il n’est pas gras ou exubérant. Ce n’est parfois qu’un long sourire et c’est aussi bien. On trouvera à ce film plein de défauts mais il est sincère dans son propos.
Mathias Mlekuz, natif de Lens nous parle de sa région. Il a tourné d’ailleurs dans sa ville. On sent qu’il nous parle de sa famille, d’amis, de voisins sans doute dans cette jolie galerie de portraits. Et puis c’est un film militant de gôche, qui ne vient pas demander l’aumône mais juste un peu de respect et de mémoire. Le final avec les drapeaux rouges, sang et or, est à l’image du film : Généreux.