Littérature - Lovecraft chronologiquement – Episode 1

J’entreprend de relire les oeuvres complètes de l’auteur mythique de Providence. Un classique de la littérature fantastique pour ceux qui ne connaissent pas mais que j’avais lu un peu dans le désordre dans ma jeunesse avec des recueils plus ou moins authentiques… Et puis avec l’intégrale des éditions Bouquins, je n’étais pas allé au bout. Me voilà à reprendre les choses dans l’ordre, nouvelle par nouvelle.

D’abord il y « Dagon« , écrite en 1917 est un des premiers récits publies, en marge du mythe de Cthulhu. ..il en contient déjà la recette classique, pourtant. Mais le titre est inapproprié car on se doute que ce n’est pas le nom de la créature qui y est décrite. Recette classique car c’est écrit à la première personne, comme un témoignage d’une horreur, d’une folie. Ici c’est un naufragé qui se retrouve sur une île étrange et y découvre un monolithe. Le lecteur doit faire appel à son imagination pour essayer de comprendre cette vision cauchemardesque. On y retrouve donc des odeurs pestilentielles, des créatures gigantesques, un probable culte… Et puis le retour à la réalité qui se passe mal pour notre héros. C’est court, presque trop mais cela répondait au format demandé par un périodique à l’époque.

« Nyarlathotep » écrit en 1919 est décalé … C’est en effet un poème en prose qui ne s’insère pas totalement dans le mythe de Cthulhu dans sa forme. Et pourtant il est bien un messager, un correspondant dont on imagine un peu la physionomie dans ce court texte. Là encore c’est un souvenir cauchemardesque, une vision floue, pesante et inquiétante, opressante au fil des lignes et pourtant fascinante par sa puissance.

lovecraft

Avec « La Cité sans nom » de 1921, il introduit le désormais fameux « Abdul Alhazred, le poète fou ». Une fois n’est pas coutume, c’est en Égypte qu’il nous entraine. Nul doute que les découvertes de l’époque l’ont inspiré…mais l’explorateur qui découvre cette cité a du mal à lui trouver une caractéristiques épouvantable…sinon qu’elle soit déserte et légendaire. L’angoisse est dans les rêves du héros mais non matérialisée. Il suggère avoir vu l’horreur sans décrire de qu’il voit. Il parle d’une race disparue, légendaire mais comment l’interpréter quand on se remet dans le contexte de l’époque. En parlant de contexte, il cite des vers de Lord Dunsany, un des pères de la Fantasy moderne. Et puis cela se matérialise peu à peu, jusqu’à la vision d’un réel cauchemardesque. Mais Lovecraft ne soigne pas assez son dénouement, cette fuite qui devient traditionnelle mais aussi inexplicable. Même la physionomie des créatures me semble hésitante entre les divinités et les « exécutants ».

« Le Molosse » semble d’une facture classique entre du Poe et du Wilde, du Stoker avec toujours cet aspect folie suicidaire et récit à la première personne. On y parle même de supposé vampire. Il y cite Baudelaire, Goya et Huysmans pourtant. Mais c’est une recherche de sensation extrême qui tourne mal, surtout. C’est aussi l’apparition du Necronomicom, le livre mythique et emblématique de l’oeuvre de l’auteur. A part cela, la nouvelle est plutôt banale dans l’oeuvre justement à cause de ce classicisme

Ces nouvelles mettent en place le mythe et le style. La difficulté avec Lovecraft c’est que l’oeuvre est constituée d’une multitude de récits qu’il faut relier patiemment. On ne sait pas forcément par quel bout commencer. J’avais entrepris de le faire au hasard dans mon adolescence, y mêlant quelques textes de Derleth….et puis je suis revenu à l’intégrale volume 1 en piochant aussi selon l’inspiration. Chronologiquement, l’intérêt est différent, plus technique par rapport à la construction et la progression.

A suivre.


Ecrit le : 27/10/2020
Categorie : litterature
Tags : 1920s,épouvante,fantastique,horreur,littérature

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