Cinéma - Police Story de Jackie Chan (1985)
Ce film est parmi les références de Jackie Chan, à la fois réalisateur, acteur, performeur, … Plus qu’un simple film d’action, ou une … comédie, il est symbolique du style Jackie Chan.
Les films d’arts martiaux, c’était les films « chanbara » japonais dans les années florissantes (avant 1970) de ce cinéma, ou bien les films de Bruce Lee qui ont ouvert ce genre au monde entier. Pourtant, Bruce Lee était bien un hong-kongais d’adoption (car né aux USA) qui permis à cette industrie locale d’émerger (Big Boss est une production HK). Quand il décéda prématurément, il fallu lui trouver un successeur. Parmi les nombreux prétendants, Jackie Chan (qui a tourné aussi avec Bruce Lee) trouva sa voie dans un style bien différent, tout en gardant la virtuosité du maître. Je ne vais pas refaire la biographie de M. Chan ici mais regarder un peu plus ce film qui me marqua dès la première vision.
Pour être totalement honnête, j’ai eu d’abord envie de fuir la version française, tant le doublage est affligeant. C’est le cas d’énormément de films des années 80 en provenance de chine et d’Hong-kong. Au moins, on a échappé à l’accent « chinois » qui est symptomatique du racisme du milieu du cinéma (on a eu le même problème pour les noirs, les arabes)… même aujourd’hui quand on demande à un acteur asiatique de faire l’accent chinois. J’y ai mis du mien pour résister à l’envie de couper et cela tient pour beaucoup à la prodigieuse séquence d’introduction dans le bidonville. On a là quasiment 15 minutes d’action ininterrompue avec des combats, des poursuites, des explosions, des cascades comme seuls savaient faire les Hong-kongais à l’époque (qui a dit …encore maintenant ? )
Immédiatement, on repère notre héros, l’inspecteur Chan Ka Kui, un peu maladroit et gaffeur, combattant extraordinaire, policier accrocheur qui ne lâche pas sa proie. Ce n’est pas l’Inspecteur Harry car si Chan a un flingue, c’est un petit calibre dont il se sert assez peu. Il y a pourtant des fusillades, sans tomber dans les chefs d’oeuvre du genre (John Woo, Ringo Lam, ….). Mais si les combats ont une chorégraphie hyper maîtrisée, il n’y a pas cette efficacité froide de Bruce Lee, ce regard de tueur qu’il pouvait prendre. Chan donne l’impression de décontraction, ajoutant son humour via sa maladresse feinte. Il utilise beaucoup les objets autour de lui, une technique qu’on retrouve aussi chez son ami Sammo Hung.
L’histoire n’apparaît véritablement qu’après cette scène. « Après une opération de police qui a permis d’arrêter Chu Tu et ses hommes, Le commissaire voit que la condamnation de ce dernier est incertaine. Il décide de lever les accusations sur Selina Fong, une femme récemment arrivé dans l’organisation, et de la considérer comme une témoin de l’affaire. Cette tactique vise à pousser le Chu Tu à commettre une erreur, en le laissant croire que Selina va coopérer. Elle est alors libéré, et l’inspecteur Chan Ka Kui se voit confier sa protection. ». Le scénario signé Jackie Chan n’est pas très original sur le papier avec cette histoire de témoin à protéger. Mais son traitement l’est bien plus car en dehors des scènes d’actions, on tombe assez vite dans des scènes burlesques, des suites de sketchs qui empruntent au burlesque classique. Il y a de la comédie « tarte à la crème’ (au sens propre ici…), des numéros quasiment de cirque (la scène des téléphones) et finalement on retrouve des ingrédients de l’humour chinois populaire, genre plutôt ignoré jusqu’alors.
Le fil rouge est dans la manière de faire tomber le méchant de l’histoire et on comprend assez vite qu’il y a un traître dans l’histoire. Avouons que le suspens n’est pas le point fort du film. Notre témoin, c’est Brigitte Lin qui joue la demoiselle en détresse type (ce qu’elle fait très bien). On retrouve aussi Maggie Cheung, oui celle vue chez Assayas et surtout d’In The Mood for love. C’est presque son premier rôle et elle joue la petite amie du héros, un peu femme-enfant capricieuse et naïve. On a vu mieux niveau rôles féminins et la scène de téléphone avec les cas de viols et de violence conjugal vous fera certainement tiquer aujourd’hui plus qu’hier. Il est clair qu’entre le méchant charismatique et le héros, il ne faut pas que d’autres acteurs fasse trop d’ombre. On s’attend à un grand final où notre héros triomphera, même lorsqu’il lui arrive les pires poisses.
J’aurai pu traiter de deux autres films de Chan qui ont aussi les ingrédients types de son cinéma (j’ai beaucoup hésité avec Drunken Master qui n’est pas une réalisation de Chan et Le Marin des mers de Chine / Projet A qui est souvent cité par les fans) pour ce qui est des sorties dans les années 80. Police story a quelque chose de particulier pour moi, plus synthétique de son cinéma même s’il peut apparaître parfois brouillon. Il revenait d’une mauvais expérience à Hollywood (qui se souvient de Cannonball 2 ? ) et on a l’impression qu’il veut montrer l’étendue de son talent. C’est aussi un film qui est le début de la licence Police Story (qui comprend à ce jour 7 opus). Jackie Chan aura l’occasion de parfaire son jeu dans les différentes directions vues ici, que cela soit dans le burlesque, la comédie, l’action pure, le polar. Les non spécialistes du genre attendront surtout les Rush Hour pour le découvrir et c’est bien dommage. Rien que la filmo des années 80-90 comprend près de 60 films ! Aujourd’hui, il reste sur un terrain très conservateur (les affaires sont les affaires), préférant la chanson au cinéma, sans doute parce que son corps n’est plus si bien réparé que cela maintenant.
A écouter aussi : Le podcast de Blockbusters qui y fut consacré.