BD - La plus belle Femme du monde de Roy et Darange (2018)
…ou la vie de Hedy Lamarr, actrice mais aussi… inventrice. Cette BD met en lumière des aspects peu connus de la fantasque actrice dont la vie est un roman.
Née en 1914 à Vienne, Hedwig Kiesler est la fille d’un directeur de banque juif. Son père, passionné par la technique, lui donne le goût des sciences et de l’ingéniérie, la pousse à être une femme indépendante. Lorsqu’elle se passionne pour le cinéma, il pense bien que ce n’est qu’une passade mais la laisse faire. Elle n’a que 17 ans lorsqu’elle tourne « Extase », où on la voit totalement nue (je précise que ce n’était pas un film érotique). Scandale, mais cela la fait connaître mondialement. La collègue de Peter Lorre ne rêve que d’aller à Hollywood, mais elle aime aussi la séduction. Elle se marie à un riche homme d’affaire, marchand d’arme qui voit des opportunités avec la montée des partis fascistes. Elle s’aperçoit vite qu’elle n’ait qu’un trophée dans un cage dorée et s’enfuit pour l’Amérique…Ce n’est que le début du récit d’une vie tumultueuse.
Pour le grand public, Hedy Lamarr, c’est la Dalila du film Samson et Dalila de Cecil B. deMille, son premier film hors de la MGM qui la fait signer à son arrivée aux USA. Avant cela, elle a joué la brune incendiaire, l’exotique dans des rôles où sa beauté était plus mise en avant que ses talents d’actrices. Ce fut aussi le drame de bien des actrices et starlettes dans le règne des studios. La femme était un objet, manipulée par les services de presse, sans aucun choix de film. Hedy Lamarr en ressort malheureuse mais avait son petit jardin secret : Elle était inventrice. On lui doit une invention qui a permis au WiFi d’exister…Sauf que malgré un dépot de brevet, personne ne l’a prise au sérieux lorsqu’elle présenta son projet avec son ami le musicien George Antheil aux militaires pendant la guerre.
C’est tout le drame de cette femme qu’on montrera comme une aventurière mangeuse d’hommes (5 mariages) et qui finira ruinée, usée, recluse. Je connaissais un peu de sa vie pour l’avoir lu et je rêvais d’une adaptation littéraire ou autre…pas le côté inventrice pour l’avoir découvert récemment. J’ai eu un peu de mal au début avec le dessin de Darange, pas forcément raccord avec cette période artistiquement riche. Cela dit, c’est un trait moderne, à la palette graphique, avec beaucoup de trames, au style des personnages plutôt épuré tout en tant respectueux des décors. On accroche à l’héroïne dont on montre surtout le bon côté. Elle avait aussi des côtés plus sombres, sans doute très abîmée par son histoire, son manque de confiance en elle, par tous ceux qui ne voyaient en elle que « la plus belle femme du monde », comme elle avait été vendue par la MGM. L‘Electronic Frontier Foundation la reconnaîtra bien tardivement pour le deuxième prix de sa carrière…après celui d’actrice la moins gérable d’Hollywood. A défaut de roman (sa biographie officielle qu’elle a renié était plutôt dans le croustillant), cela valait bien une BD.