Musique - Fatboy Slim - You've come a long way baby (1998)
Dans la catégorie “Big Beat” de cette fin des années 90, un DJ a fait son trou dans un style plus “grand public”, Fatboy Slim. Norman Cook, de son vrai nom, va inonder les ondes et les écrans avec les hits de cet album… qui forcément a tourné beaucoup chez moi.
Je ne sais plus vraiment où j’ai entendu ou vu le premier hit de Norman Cook, mais ce que j’ai en mémoire, c’est que je connaissais ce gars avec Beats International, un collectif britannique de Brighton, la ville emblématique de Fatboy Slim… La légende veut qu’une rencontre avec les Chemical Brothers le pousse à une carrière solo dans leur style qui métissait déjà Hip-Hop, Dance, Rock et Techno. Si j’avais aussi son premier opus “Better living through chemistry” (hum…), je n’avais pas plus accroché que cela. Il manquait un élément dans cette alchimie de la musique.
En bon DJ, Norman sait y faire pour faire danser les gens et c’est ça qui prime dans sa musique, bien moins industrielle ou sombre que d’autres de ses comparses. Il arrive peut-être après que le style soit installé mais concourt à le populariser encore plus. Il s’agit une fois de plus d’une musique très instrumentale avec peu de paroles, des samples le plus souvent avec une rythmique appuyée. Le premier titre de l’album, le hit “Right Here, Right Now” en est la preuve avec une mélodie lancinante, des effets qui évoluent, des breaks et quelques samples. La pub s’est emparée de ce titre immédiat sans aucun problème. Et que dire du “Rockfeller skank” qui ne peut que vous faire remuer votre corps avec quelques samples bien sentis, dont un de John Barry et un sample du hit “I fought the law”, titre de 1960. Fatboy slim sait recycler habilement la musique et jouer des breaks comme personne.
Il se moque de lui même comme dans “Fucking in heaven”, et utilise à fond le son Hip-Hop des années 80-90 comme dans “Gangster Trippin”. On le jugera justement moins bien que ses pairs à cause de ce recyclage qui paraît facile mais ne manque pas de maestria dans sa réalisation. Ca reste dans la tête malgré la répétition et on ne s’ennuie pas, justement à cause des changements de rythmes, comme un set de DJ justement. On part en Jamaïque ou dans le Bronx sans problème au fil du titre. On se rapproche du “Breakbeat” comme dans “Build it up tear it down” qui manque parfois d’inventivité sur les “wah”, mais jamais d’efficacité. Si d’autres auteurs de Big Beat sont plus rock, lui est clairement dans une mouvance Hip-Hop dance, ce qui se ressent par exemple dans “Kalifornia” avec sa digitalisation de sons ou même dans certains samples de “You’re not from Brighton”. Mais il n’a pas besoin d’un flow de rappeur pour mettre le feu à une salle ou … au dancefloor.
Il utilise même des petites choses innatendues comme ce sample de Camille Yarbrough sur “Praise you”. Il le fait durer, le distord avant de mettre un gros méchant beat qui tue et du funk qui fait bouger. Il y a même un petit clin d’oeil à une série mythique des enfants des années 70 comme moi. Il y a vraiment une part générationnelle dans sa musique. Et cela fit son succès encore dans les années 2000 avant qu’il ne rentre dans le rang, comme le Big Beat, d’ailleurs. Il reste un DJ hors-pair et un grand remixeur, pourtant et cet album reste toujours aussi actuel aujourd’hui selon moi, ce qui est rare dans cette catégorie de musique. D’ailleurs les hits repassent très souvent dans films et pubs.