Blog - Covid-19 et moi, épisode 8/?
Voilà qu’on commence à compter à rebours. Voilà aussi que la pression monte pour préciser les modalités, pour se préparer. Mais nous sommes loin de regarder cela comme un mauvais rêve.
Je n’ai pas parlé en détail du discours du 13 Avril. Il y a eu plusieurs mensonges qui m’ont dérangé, c’est vrai et je n’y ai vu aucune sincérité chez ce mauvais acteur de série AB Production. Il y a pourtant des choses que j’essaye de mettre bout à bout pour comprendre ce petit Machiavel. Il invoque des inégalités pour précipiter la réouverture des écoles, de quelques entreprises, des transports en commun tout en continuant de fermer des restaurants, des lieux où travaillent bon nombre de bas salaires, de précaires, de saisonniers. Curieux ? Je n’arrive pas à voir de logique sinon une, très cynique, celle d’une “sélection naturelle”, comme celle imposée aux maisons de retraites qu’on refusait de tester pour isoler les malades des autres. Les enfants meurent peu dans cette pandémie mais peuvent contaminer les parents et plus encore les grands parents, malgré le peu de charge virale (oui on devient spécialiste en vocabulaire technique ces temps-ci). Les moins protégés sont supposés être ceux qui n’ont pas assez d’argent pour se procurer des masques devenus rares donc chers, circulant dans un marché noir, les plus exposés aussi dans les transports. Bref, cela accentuera des inégalités et touchera les personnes que Macron appelait “ceux qui ne sont rien” il y a un peu plus d’un an.
L’inégalité elle a été criée depuis 1 an et demi déjà haut et fort chaque samedi, matraquée par la Police comme pour les soignants ignorés. Beaucoup de protestataires parlaient service public, étaient aussi ces invisibles qu’on juge indispensables aujourd’hui, qu’on oubliera demain. Alors la prise de conscience tardive, c’est du cynisme et de l’hypocrisie , rien de plus. Les retraités, j’ai entendu il y a peu un Christophe Barbier parler que “son ami Macron” s’en foutait car ils seraient morts en 2022. D’ailleurs, on parle de visites dans les maisons de retraite ? Il y en a si peu d’ordinaire ! J’ai entendu beaucoup de cynisme chez les chiens de garde du pouvoir, les gens du petit cercle bien informé, comme chez Jean Quatremer, Jean-Michel Aphatie. Je ne peux y voir un hasard mais un état d’esprit qui doit régner, une idée dominante. Entendre le lendemain du discours, toute l’éditocratie recevoir le SAV de Macron était insupportable, méprisant, mensonger. Et puis j’ai entendu Bill Gates (devenu le messie) parler ensuite solidarité et solution globale. Mais je n’oublie pas son intérêt pour un hygiénisme (ce qui l’a fait prophétiser le risque de pandémie ) qui amène à aussi des dérives solutionnistes industrielles touchant dangereusement l’humain et l’environnement mais qui me rappelle ensuite le pire de l’eugénisme d’il y a plus d’un siècle et demi. Les deux sont liés dans l’histoire et L’enfer est pavé de bonnes intentions dit-on. Avec les théories trans-humanistes en vogue dans ces milieux de la finance et de la technologie, cela me fait froid dans le dos quand je mets ça à côté du cynisme cité précédemment. J’y vois une explication à l’inaction de Trump mais aussi le peu d’implication des grandes fortunes (qui croissent comme pour Jeff Bezos), toujours promptes à se faire de la pub et du profit. Quelques gels produits, mouais…pour contrer le “bad-buzz” avant l’anniversaire de l’incendie d’une dame délaissée. Rien à voir avec une quelconque conspiration, un complot par contre ! J’observe que des masques sortent de nulle part dans les grandes entreprises, malgré les réquisitions d’état dans les régions, pas dans les TPE ou chez les artisans, peu dans les écoles ! On préfère investir dans une application de pistage inutile plutôt que convertir une économie du luxe à un besoin vital (masques, réactifs pour les tests, …). Il y a ce que notre dirigeant d’opérette pense au plus profond de lui et ce qu’il dit mais le mensonge finit par se voir crûment aujourd’hui. Le pire dans ce discours c’est l’impréparation qui en ressort (illustrée aussi par les 8500 respirateurs inutiles construits à la hâte par AirLiquide via PSA et autres), un type qui décide tout dans son coin sans en parler avant à ses équipes. Petit à petit, la promesse initiale se détricote. La conférence de presse du premier ministre une semaine après était vide de journalistes et de précisions. Là encore, on en met au placard pour moins que ça dans la vie réelle. On finit par ne plus croire.
Et puis, lorsqu’on est sous le feu des critiques, on allume des contre-feux. Le plus facile est d’accuser un adversaire économique. Donc on a vu le sinistre et ridicule Mike Pompeo, secrétaire d’état US, nous ressortir des accusations contre un labo-chinois qui aurait laissé échappé ce dangereux virus. Evidemment, les pays les moins organisés et les plus touchés que sont Angleterre et France ont participé à cette boule puante sans preuve qui rappelle les “armes de destructions massives de Saddam Hussein”. Je n’ai pas entendu la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Danemark ou même l’Allemagne participer à cette vile entreprise. Mais les ambassades chinoises sont aussi très offensives pour à la fois redorer le blason de leur pays et attaquer ce type de déstabilisation. Loi du Talion ? Le populisme et les “fake-news” ( pour des vérités sur le Covid, lire ce document) sont décidément bien partagés par Trump, Johnson et Macron, et pas seulement les Poutine, Erdogan ou Xi que l’on vise habituellement. Notre FoxNews à la française, CNews (made in Bolloré) et son climato-sceptique de service nous a sorti le Professeur Luc Montagnier, nobel contesté devenu depuis longtemps complètement gaga. Il est venu proférer des imbécillités, reprise par tous les abrutis de service sur les réseaux sociaux et autres, puisqu’on oublie d’inviter un contradicteur avec des bases un minimum scientifiques (ce qui amène aussi à de mauvaises interprétations de rapports, comme celui sur la nicotine). Cool, tu fais le tri dans ceux que tu suis…et dans tes amis, même si on mettra ce manque de discernement comme conséquence d’un mal de crane trop prononcé dû au confinement trop près du mur. Quand bien même il y aurait eu erreur de manipulation, cela ne dédouane en rien du temps de réaction, des erreurs d’appréciation, des manques de moyens, des mensonges et revirements. “Balayer devant sa porte” ne fait pas partie du vocabulaire politique, pas plus que la parabole de la paille et la poutre, même chez les plus pieux. C’est une nouvelle guerre qui s’installe…
En France, la guerre, c’est celle qui va avoir lieu dans les écoles maintenant. Entre syndicats et ministère, entre parents d’élèves de tous bords, entre privé et public, entre confinés et “inconfinables”, entre connectés et déconnectés. Que dire déjà des passages en classe supérieure. Je n’aimerai pas être un prof pour décider, quand justement certains montrent des capcités dans cette période, d’autres de l’abandon. Et puis les examens, les partiels de fac, le début de l’année suivante. Tout cela aura des conséquences durables et même sur ceux que l’on récupérera ensuite dans le monde du travail, en alternance déjà. Je ne sais d’ailleurs pas ce que sont devenus les stagiaires actuels et futurs, les conventions de stage pendant tout ce temps, encore moins les recherches pour l’année suivante. Le contrôle continu va être privilégié ? Pour me souvenir de mon année de terminale, je me dis que je n’aurai peut-être pas eu le bac comme ça parce que justement le niveau était volontairement haut dans ces classes de scientifique d’un lycée public de “quartier populaire” pour que l’examen soit facile. Et en même temps le niveau était inférieur sur de même matières à des classes de grands lycées parisiens. Aucune égalité face à l’examen. Demain, on voudra garder les mêmes statistiques et on baissera même le niveau d’exigences dans l’année. Même le privé risque de s’y mettre et l’on aura l’éducation dévaluée plus encore. La guerre immédiate est de protéger les gamins du virus mais la guerre d’usure est bien ailleurs. Je pourrais m’en foutre, les chats ne vont pas à l’école.. oui mais je vois aussi le niveau d’élèves ou de jeunes ingénieurs assez pitoyable face aux problèmes réels. L’enjeu est bien plus large.
L’autre risque c’est cette dérive vers tous les “télé-trucs” possible. J’apprécie le télétravail, oui mais il y a des manques dans mon activité. J’ai déjà dit le mal que je pensais du “e-learning” quand c’est mal fait et mal accompagné. On nous sort des consultations médicales à distance sans prise des constantes vitales ou si peu quand c’est dans une cabine équipée. J’ai repensé nettement à Idiocracy, pour le coup!
L’éducation risque de devenir le même genre** de truc bâcl**é si on n’y prend pas garde car déjà il y a la crise du recrutement, comme pour le service public hospitalier. Ces deux secteurs partagent, en France le fait d’être moins payés que dans des pays équivalents. Donc on se reporte sur ces “télé-trucs” qui sont le nivellement par le bas,une vision libérale façon démerde toi, seuls les meilleurs émergeront. J’en ai des exemples de gens considérés comme moins que rien par un système scolaire et qui ont réussi ensuite par eux-même sans avoir jamais cette reconnaissance du diplôme non acquis. Il y a toujours des plafonds de verre et des gens cassés par un système peu adapté à eux. Et comme le bac ne veut plus rien dire aujourd’hui (chiffres Data.gouv.fr), on repousse pour mieux sauter.
- 1989 : 39,8% d’une classe d’âge a un bac
- 1996 : 61,1% d’une classe d’âge a un bac
- 2016 : 78,7 % d’une classe d’âge a un bac
Motiver les formateurs, avoir des exigences et des alternatives pour ceux qui ne réussissent pas dans un tel moule, c’est maintenant toutes les questions qui se posent. Mais en cette période, il y a trop de questions, pas assez de personnes compétentes aux bons endroits pour donner les réponses. La “guerre” déclarée par Macron, n’est pas la bonne. Ce n’est finalement pas celle contre un virus baptisé COVID, mais contre des idées reçues, contre une destruction plus sournoise depuis des années, celle d’un service public évidemment, contre cette certitude bien française de faire mieux que les autres. C’est devenue une guerre de tranchée et plus une guerre de mouvement, pour reprendre les métaphores guerrières. Il serait temps de faire la paix avec nous même.
Die Toteninsel - Arnold Böcklin
Nous sommes rentrés dans une phase de routine, voire de résignation. Un espoir le 11 mai ? Bof, on dirait presque qu’on commence à se plaire dans cet état. Un sondage donne 56% que ça ne dérange pas ? Un autre 64% qui garderont les enfants chez eux. C’est un sondage mais ça ne m’étonne pas. On a de nouvelles habitudes, des sorties bien réglées comme la cour pour le prisonnier, mais avec plus de confort. Une à deux sorties/semaine pour les courses en plus de mon jardin. Je profite du beau temps, me fait un petit apéro (non, sans facebook live ou whatsapp !) . Je m’occupais avec ce nouveau rythme de travail le matin aussi. Le plus dur c’était d’enlever toutes ces réunions qui persistaient et ne servaient honnêtement pas à grand chose. Je jonglais entre les appels imprévus, les documents à poursuivre, à faire valider quitte à passer en force et ces rituels hebdomadaires qui deviennent parfois un café du commerce. Je n’avais plus de réunion de service par contre, plus trop de nouvelles de ce que faisaient les autres collègues si je ne cherchais pas à en avoir. Le défaut de la “transversalité”. On se fait vite oublier si on n’est pas proactif. Maintenant je suis en chômage à 100% pendant 3 semaines…jusqu’à nouvel ordre, et/ou en congés quand je peux. J’ai encore heureusement une bonne marge pour respecter les attendus les plus proches, malgré les contraintes du moment, parce que j’avais de l’anticipation. Donc vacances mais confinées quand même.
J’ai le Jardin aussi, comme un refuge, un cocon de verdure. Tiens, je vais faire comme Anatole, je vous fais faire un petit tour. C’est le printemps et donc les arbres reprennent des feuilles, des fleurs, chacun leur tour. Le temps est capricieux et il y a du retard parfois, comme le pommier déphasé par rapport au poirier. J’étais inquiet pour ce dernier l’année dernière mais il est vraiment bien reparti. Ce n’est pas le cas d’un des photinias qui n’a pas passé l’hiver. Je soupçonne une mauvais cohabitation avec des bulbes d’Iris trop proches.
Il y a aussi mon palmier de Chine qui fait des fleurs (encore fermées sur la photo). Habitué aux climats rudes du nord de la Chine, il se plaît bien ici, surtout avec des hivers doux. Il y a longtemps que je n’ai pas mis de protection, de paillage et quelque chose me dit que ça va durer. Là aussi notre monde change, notre végétation aussi.
J’ai même revu quelques bourdons ces derniers temps, trop rares. Car si l’activité industrielle s’est arrêtée, ce n’est pas le cas de l’agriculture et ses abus de pesticides. Quand on pense qu’on s’en passait avant…Mais ça c’était avant. On voit aussi se développer de grandes serres avec des panneaux solaires au dessus et de la lumière artificielle pour doper la pousse des plantes. Des tomates toujours sans goût, des fruits du même tonneaux, mais moins de pesticides. Super avenir tout ça. Je n’ai pas pris le temps de planter des tomates cette année. Ma mère si…avant c’était mon père qui me fournissait les boutures. Là, nous avons mal anticipé, une leçon pour le futur. Alors il y aura des fraises quand même, des plantes aromatiques ou des salades, c’est déjà ça dans les carrés réservés à cela.
C’est mon petit coin de verdure, un peu exotique autour, notre petite** Asie** à nous. J’ai eu aussi des nouvelles d’une “filleule” en Asie. La situation économique de son village s’améliore, l’autonomie est là. Des bonnes nouvelles avec des valeurs que l’on partage, cette sensation d’être sur la même planète, même à l’opposé de la Terre. Là aussi les changements se ressentent, comme la salinisation par exemple. Je ne peux m’empêcher de penser à ce gros avertissement que représente cette crise sur notre faiblesse par rapport à ce que la nature peut nous faire. Il y a eu des incendies, des cyclones, des virus, des éruptions ces derniers temps. On parle résilience et l’Asie est certainement la plus touchée par les catastrophes, la plus résiliente. Nous regardons toujours ce continent avec supériorité, dédain. C’est pourtant bien dans la même galère, notre planète, univers fini. Mais dans le prochain billet, je parlerai de ce jour d’après… (écoutez les paroles), quand je vis chaque jour comme le dernier avec un de mes compagnons à 4 pattes.