Blog - Covid-19 et moi, 12/12 FIN
Fin de cette série de billet… à moins qu’on fasse une saison 2. Mais une fin avec du recul, sur la situation et soi-même.
Un mois après cette reprise, voilà que je m’installe enfin dans des conditions de télé-travail plus durables. Je ne sais pas encore quel sera le ratio appliqué en Septembre ( 3 ou 4 jours sur 5 ?) mais j’ai de quoi être confortable entre un vrai siège de bureau relativement ergonomique, un support relevé pour poser le portable, un kit clavier-souris de qualité correcte, un hub USB pour mieux disposer tout cela sans avoir trop de fils qui traînent partout et puis surtout la vue sur l’extérieur, les fleurs, la nature. Le tout avec le casque-micro de très bonne qualité fourni par ma boite et je n’ai pas à me plaindre par rapport à la majorité des télé-travailleurs. Les horaires sont clairs et respectés et on ne prévoit pas des réunions durant les temps de pose de midi. Les habitudes sont bonnes avec Outlook maintenant pour indiquer ses créneaux de libre et d’indisponibilité. Attention, j’ai connu des abus dans la même boite donc c’est vraiment spécifique à chaque service, chaque chef. Les choses sont claires entre nous et le boulot qui doit être fait aussi (dans les deux sens car je suis dans une activité transversale avec assez d’indépendance).
J’ai suivi une formation à distance pour l’accès à mon site de travail, les mesures prises, les nouveaux aménagements pour les bureaux, les postes de travail, la circulation des personnes et des véhicules, etc… 1 heure quand même et un sacré boulot… Surtout pour les personnes du ménage qui doivent passer toutes les heures ou toutes les deux heures pour nettoyer, selon les endroits. Pour ce qui est du relationnel, fini les cafés dans le peu d’espace qu’il y avait déjà autour des cafetières. J’entendais un collègue sur le site dans une réunion et ça parlait fort derrière lui. Les pauses se font dans l’open space (histoire d’inciter au télétravail ? ) et il y a interdiction de fermer les box de réunion. Je suis aussi bien chez moi, dans ce cas. Il n’y a que pour les manips sur site que je ne pourrais pas m’en passer mais elles deviennent rares. Je suis revenu uniquement 2 jours ce mois-ci, pour cause d’audit … J’ai rempli toutes les paperasses possibles, été badgé en conséquences. Fort Knox doit être plus cool. J’ai l’assurance d’avoir deux masques chirurgicaux par jour, du gel hydroalcoolique partout et rechargeable. Sauf que ces masques jetables sont fragiles (la moitié a l’élastique qui se détache), peu confortables par rapport à mes masques habituels car trop petit. Il y a aussi moins de places dans les open-spaces et comme je dois avoir un bureau surélève, c’est pire pour être correctement installé. Les chemins de circulation sont tous fléchés et des ascenseurs pourtant larges sont réservés à 1 personne… alors que l’on vient d’avoir plus de proximité dans les transports. A se demander si je ne travaillerai pas dans une « salle grise ». Paradoxalement, c’est donc confiné que je me sens le plus libre encore avec mon nouveau bureau « mobile ».
Cette installation physique terminée, j’ai fait du ménage aussi sur le bureau en numérisant et sauvegardant triplement (règle du 1-2-3) ce qui pouvait et devait l’être. J’ai profité d’une vente flash sur un petit scanner manuel très pratique et transportable avec une carte SD intégrée. Les japono-belges d’Iriscan n’ont aucune concurrence dans ce domaine juste par cette particularité. Ainsi, pas besoin de piloter (surtout que leurs pilotes et logiciels sont un peu pourris) sur le pc avec des problèmes de compatibilité, c’est un support de stockage comme un autre qui est reconnu quelque soit l’OS. J’ai ainsi revu complètement le « coffre fort » numérique pour que ça soit plus simple plus logique, surtout si ce n’est pas moi qui ait à y accéder, ce qui est aussi un peu le but. Evidemment, on s’aperçoit au fil des années que l’on garde inutilement de la paperasse. Tenez, tout ce qui est garantie des matériels, ça file vite. Mais bon, je préfère quand même garder chez moi les factures qui restent en ligne chez les boutiques en ligne …. ou physiques. Le Zero-papier, c’est bien joli mais quand il n’y a pas d’électricité, on est un peu emmerdé aussi. Pour les solutions, je me replie définitivement sur Nextcloud (carnets d’adresse, agenda, notes) et Cozycloud (récupération auto des documents), abandonnant Digiposte dont l’interface prend le même chemin que tous les produits de La Poste, et tant d’autres (Pathé, UGC, pas mal de banques…). Et puis Mega toujours parce que j’ai commencé avec ça mais j’aurai pu choisir Pcloud qui propose à peu près pareil. Un de trop ? Je doute que Cozy se positionne comme « stockeur » de grandes quantité de données ou fasse concurrence à Nextcloud, même avec l’accord récent avec Gandi.
Et puis cette période a été propice à revoir mon pc perso. Ce bon vieil atom a étrenné un petit SSD des familles. Plutôt que de cloner le disque avec son windows d’il y a 10 ans (record à battre), j’ai voulu tout réinstaller proprement. Je ne garde un windows que pour des problèmes de compatibilité éventuelle, pour tout ce qui est root de téléphones android. Sauf que je n’avais pas fait attention à l’étiquette windows qui s’était effacée sous le pc… J’ai trouvé un script VBS pour retrouver le numéro de licence, qui… ne fonctionne plus. Fuck Microsoft ! Alors tant pis, j’avais un ISO Win7 (parce que Windows 10 ne passe pas sur la bécane et que de toute façon il restera offline en Win7). Un petit outil pour shooter le contrôle de l’enregistrement et j’ai mon win 7 avec 100% de logiciel libre dessus et une clé USB avec tout ce qu’il faut pour réinstaller, si mon image disque fait des siennes ensuite. Et évidemment la Debian et son Grub préféré.
Vous allez me dire, quel rapport avec le Covid-19 ? Pas grand chose sinon cette étrange envie de faire le ménage, l’envie de propre dans tous les domaines (non je n’ai pas le crâne chauve avec un tshirt moulant mes muscles saillants ). La folie, vous croyez ? J’ai même re-rangé tous les disques de sauvegardes, les clés USB bootable. Je ne ferai pas de tuto sur la clé USB ultime pour les réparations parce que ça change tous les ans. Du Ventoy cette fois avec des ISO mais dans un an, ça sera un autre outil et de nouveaux ISO à intégrer. Au moins, les images disques auront peut-être un peu plus d’espérance de vie, quoique je crois que l’Atom vit sa dernière année, vu sa lenteur pour tout maintenant. Je trouve ça rentable 11 ans pour moins de 250 euros. Cette sous-consommation informatique, j’essaie enfin de l’appliquer pour le reste. Pas sûr que ça dure mais déjà je vais de plus en plus rarement en supermarché et un peu plus chez les petits épiciers locaux, surtout en cette période où le frais est roi.
The Hay Wain de John Constable
Mais si je ne vais plus faire des courses à l’extérieur, c’est surtout pour une forme d’agoraphobie, ne supportant pas cette vision d’un monde masqué, éloigné, et pourtant si peu respectueux des distances, des consignes (masque obligatoire indiqué à l’entrée, mais personne pour le faire appliquer). C’est toujours à celui qui passera devant l’autre, qui se croit au dessus des règles. En plus les magasins sont peu adaptés à ces files d’attente à rallonge qui s’étendent dans les rayons, au point de devoir passer entre ceux qui attendent. Le remède est pire que le mal ? Mais dès le parking, je peste déjà à voir des masques qui jonchent le sol en plus des détritus habituels. Je l’avais remarqué pendant le confinement mais là c’est pire. On a vu des images des Invalides, du Canal St-Martin et de toutes les zones de promenades des grandes villes avec des canettes, des plastiques de repas à emporter, partout sur le sol, dans l’eau. Insupportable ! Dans ces moments, je rêve d’une pandémie ciblée sur les pollueurs et autres parasites humains.
Et puis c’est le retour du jetable, du plastique. J’ai même vu des abus sur l’emballage de tout les légumes, l’abandon de rayons vrac. Déjà que je reçois trop de cartons. Mais là il y en a pour tout, jusqu’à ces masques jetables que je suis forcé d’utiliser chaque jour à mon travail. Je suis allé chez mon traiteur asiatique et chez mon traiteur indien qui ne font plus de repas sur place pour l’instant, ou si peu. Pas d’autres choix que d’emporter dans des boites jetables en plastique. Il y a vraiment du boulot pour trouver des alternatives. Pourquoi ces traiteurs (on a perdu un autre restaurant-traiteur parti à la retraite il y a 6 mois) ? Parce que si en plus ils disparaissent, il n’y aura plus aucun commerce de bouche dans la ville. Je ne m’en fait pas du tout pour les chaines de fast-food par contre qui, elles, continuent à mal trier leur déchets, en plus. Mes petits restaurants locaux, qui ne sont pas mauvais, méritent vraiment de survivre car ils participent à la vie de la cité, comme ces boulangeries, épiceries. Déjà qu’il n’y qu’une maigre librairie (affiliée LaLibrairie.com) et un point presse-tabac indigent. Là aussi, le numérique a peut-être du bon par ce qu’on ne jette plus après lecture mais je ne suis pas sur qu’on lise mieux. Ne serait-ce que pour l’information puisqu’il vous aura échappé pas mal d’informations (par exemple l’impact de la mort du président Burundais, l’enquête du New York Times montrant que les élections Boliviennes étaient bien recevables et la destitution du président en place hors-la-loi, le sort de Tripoli en Lybie …)
Lien social justement. J’en ai profité pour « rencontrer » ou revoir des personnes pas ou peu vues depuis un bout de temps. Ils se reconnaîtront et pourront dire qu’ils ont vu les ravages du temps sur ce vieux Ice. Jitsi marche vraiment très bien en vidéo, de même que pour Signal mais ce dernier nécessite un numéro de téléphone et c’est bloquant sur une tablette uniquement wifi. Je verrai la prochaine fois pour installer tout ce qu’il faut chez ma chère maman. Et peut-être aussi un simple VNC sur son pc, au cas où. Pour elle qui était en manque de lien social justement, la nouvelle routine s’est installée avec sa voisine, avec des courses à pied, même si c’est relativement loin (mes grands parents faisaient pire). Pourvu que ça dure. Et puis elle profite encore des horaires prioritaires aux personnes âgées, qui doivent être très matinales, d’ailleurs. Ça ne durera pas…
En parlant d’âge, j’ai retrouvé, en rangeant, des vieux CD et DVD gravés avec des films DivX. Je m’attendais à ne plus en lire beaucoup après 10 ou 15 ans mais ça va, Verbatim c’est encore du solide. Par contre les résolutions et qualités de codage paraissent faibles aujourd’hui. Quand je pense déjà aux cassettes VHS parties à la poubelle, il y avait encore un petit morceau de culture à broyer ici. Mais parmi tout cela, il y a des raretés, des choses démodées que j’ai voulu garder un peu plus. Beaucoup ne sont pas trouvables sur les plateformes de streaming qui poussent sans cesse à la nouveauté. Est-ce que ça tiendra 10 ans de plus ? La vie fait entasser des choses en pensant que, peut-être, un jour,… Et puis non, on ne revoit rien, abreuvés déjà d’un flux de nouveautés. Dans quelques jours je pourrai retourner au cinéma et reprendre un semblant de vie d’avant tentant d’oublier un peu du quotidien dans un imaginaire projeté. Et toute la liste de choses à voir, à faire, à lire se trouvera bouleversée.
Je me demande parfois si je fais bien mais j’ai pleinement conscience des dérives de ce monde, de nos erreurs, de notre fuite et de notre lâcheté face à ce qui s’annonce comme une Dystopie dans moins de temps qu’on ne le pense. Nous sommes partis à nouveau dans les excès du commerce, de l’achat compulsif, du déplacement en voiture, des loisirs à outrance, du tourisme de masse, comme si rien ne s’était passé. Je n’ai jamais autant aimé ma ville ou Paris que pendant cette période où nous ne sortions que pour le strict minimum. Cela me fait penser à la partie chinoise de la famille qui s’extasiait en plein mois d’août de nos plages normandes, alors qu’elles étaient pourtant particulièrement occupées et animées. Eux trouvaient ça calme…En Chine justement, la pollution de maintenant dépasse celle d’avant le Covid19. Mais en Chine, on a aussi durablement installé une application de traçage.
Pas qu’en Chine car on voit aujourd’hui des interdictions de manifester abusives, des restrictions de liberté, des enregistrements de données personnelles sournoises, toute les briques de ce qu’il faut pour une bonne dictature. Les Français ont peur de cette police exagérément violente, cette police qui tue (relativisons tout de même par rapport aux USA et à d’autres mortalité) et qui ne fait plus respecter l’ordre mais son ordre à elle. J’en veux pour preuve les menaces par tracts interposés de syndicats de police vis à vis de leurs ministres (j’ai pris le plus soft ici, je ne propage pas la haine de ce syndicat d’officiers). Rappelons que le taux de personne du FN/RN y est plus élevé que dans tous les autres corps de métier. Et si on me dit que la société elle aussi est violente et que chacun veut imposer sa loi, cette escalade n’apportera rien de bon. Sans faire de l’angélisme, la confiance, ça se perd plus facilement que ça ne se gagne. Je constate juste des faits, quand je vois que sur un groupe de personne qui descend du train à 6 ou 7h du matin (donc va travailler et pas dans des bureaux), je ne suis jamais contrôlé. Juste des faits quand pendant le confinement, je n’ai pas été contrôlé sur tous les barrages policiers que j’ai vu quand je voyais des gens « racisés » systématiquement arrêtés. Des faits aussi quand je vois qu’on interdit avec zèle des manifestations, quand je me souviens aussi qu’il y a seulement 4 mois on tabassait sans vergogne des soignants pacifiques demandant juste de travailler dignement, profitant d’une arrivée opportune de black blocks (eux jamais interpellés). Et on reprend très vite ces mauvaises habitudes. Non, je ne me suis pas endormi pendant cette pandémie. (*)
Une dystopie pour quoi faire ? La théorie du choc des libéraux est d’actualité économiquement comme pour le droit du citoyen. Nous n’y pensons plus en ce moment car nous sommes content d’avoir survécu. Mais déjà on nous dit « Qu’il faut » baisser les salaires pour préserver l’emploi, chose qui n’a pas été vérifié dans de très (trop) nombreux cas. On nous disait déjà de nous priver de libertés pour notre sécurité et pas seulement sanitaires. On ne les a jamais retrouvé, c’est historique. Alors cette crise semble à la fois un souvenir et à la fois une évolution dans notre vie quotidienne. Toutes les question d’environnement, de bien être passent au second plan. On nous prédit le pire, quand déjà la grippe espagnole de 1919 et la peste ont fait bien pire. Dois-je avoir plus peur de nos faiblesses ou de ce que nous pouvons commettre vis à vis de nous même? Les deux maintenant et les années punk criaient no-future.
Et comme en plus, nous avons été négligents sur le début (je parle pour la France), j’ai cet impression d’excès inverse dans bien des professions (dont la mienne), parce que ça rassure, et de relâchement pour ceux qui ont été bien plus prudents durant cette période. Ce qui donne des situations où la protection devient plus néfaste et anxiogène que son absence, où l’on comprend mal les consignes aussi sur les distances, en prenant en référence les objets et pas les humains autour. Tout ça pour ça, dit Cyrille ? Pas assez d’un côté au moment où il le fallait et trop maintenant avec des conséquences pour plus tard. Je regarde toujours les exemples de pays qui ont su faire en ayant connaissance de leurs faiblesses, de leurs moyens et ce ne sont pas que des dictatures. Mais je regarde aussi les pratiques actuelles qui touchent à la consommation, à l’environnement, au travail. Le monde d’après ? Même pas, juste reprendre la place que l’on devrait avoir dans ce monde tout court. Oui, nous avons aimé ce que nous n’aurions pas du, en tout cas, de trop nombreuses personnes l’ont fait.
Allez, bonne pandémie, … la terre essaye toujours de se soigner de l’humain.