Littérature - Les Miracles du Bazar Namiya de Keigo Higashino (2012)
Je ne sais pas vraiment pourquoi mais j’ai été captivé par cette couverture, et deux chroniques (Alias et Tigger Lilly ) m’ont conforté dans cette envie de lire ce livre.
Pourtant l’histoire laisse croire à un banal thriller : « En 2012, après avoir commis un méfait, trois jeunes hommes se réfugient dans une vieille boutique abandonnée dans l’intention d’y rester jusqu’au lendemain. Mais tard dans la nuit, l’un d’eux découvre une lettre, écrite 32 ans plus tôt et adressée à l’ancien propriétaire. … »
Il faut dire que Keigo Higashino est plutôt connu pour ses polars. Mais le voilà qui se glisse tendrement dans le genre du fantastique. Je dis tendrement car il nous donne d’abord des petits morceaux d’histoire, comme des nouvelles qui se suivraient avant que l’on comprenne peu à peu qu’il y a une liaison entre chaque personnage, chaque histoire, chaque lettre envoyée à ce Bazar Namiya. C’est tendre car beaucoup de ces histoires, malgré leur dureté initiale, a une fin réjouissante. Peu à peu, se construit comme une sorte de saga du bazar, à force de miracles consécutifs.
Tout le talent de l’auteur est justement de nous garder en éveil, de ne pas nous perdre totalement dans cette succession d’allers et retours temporels. Le temps y est essentiel avec même les paradoxes qui vont avec comme dans une bonne histoire de science-fiction. Il n’y a aucun héros, juste une succession de personnages auxquels on arrive ou pas à s’attacher. Chacun a un secret et j’ai longtemps cherché où allait nous mener l’auteur dans ces presque 400 pages. Quand j’ai trouvé, il était trop tard, donc mission accomplie pour tenir en haleine le lecteur.
Même si on n’est pas adepte du fantastique, il y a quelque chose de terriblement réjouissant dans ce livre, une part d’humanité comme fil rouge. On y parle d’ailleurs du Japon, des difficultés du relationnel entre génération, de la place des femmes, des crises économiques, et cela sur toute la période de 1950 à 2000. Une franche réussite donc que je conseille vivement de lire, même si vous n’aimez pas … la couverture.