Littérature - L’Archipel des Larmes de Camilla Grebe (2020)
J’avais envie de lire un bon polar avec un tueur en série et de me dépayser. La littérature nordique moderne semble friande de thrillers mais celui-là a quelque chose en plus.
Non, ce n’est pas seulement le fait que « ce tueur » sévisse en Suède en 1944, 1974, 1986 …jusqu’à nos jours. On pense au phénomène du « copycat » ou copieur. Ce n’est pas le fait qu’à chaque fois une équipe d’enquêteurs succède à une autre équipe ce qui rend la lecture plus lente et complexe. En effet, il faut à nouveau en passer par la présentation des personnages. Ce n’est pas seulement le fait que les meurtres soient sordides : Des femmes, mères célibataires, crucifiées au sol et battues à mort souvent devant leur enfant. Bon, je sens que j’en ai perdu là…J’ai « lu pire », hélas.
Le petit plus n’est pas seulement que les personnages principaux soient des femmes, c’est que Camilla Grebe s’intéresse à la place des femmes dans la Police suèdoise et même dans la société suédoise. Autant vous dire tout de suite que les maris de ces femmes ne sont pas des plus sympathiques : machos, fainéants, infidèles…Voilà le point commun évident entre ces histoires de femmes. Cet aspect « »MeToo » double l’intérêt du livre et interroge bien plus que sur la simple police mais effectivement ce que l’on admet ou pas entre hommes et femmes.Il y a donc un rappel que les femmes n’ont été admises sur le terrain que dans les années 70 mais que dans les faits, il a fallu attendre les années 80, … sauf qu’on ne les jugeaient pas crédibles. Je peux vous dire qu’il y a bien des secteurs où ça continue comme cela dans notre belle Europe.
Et puis donc on a cette histoire de tueur(s) en série qui aurait pu être banale sans cette construction chronologique. C’est mystérieux, habile, avec quelques twists mais j’en ai vu arriver avec de grosses ficelles quand même. Même si j’ai une intuition sur le dénouement, je n’ai eu aucune idée précise avant les dernières pages de ce livre qui en compte près de 500. Le rythme va crescendo, comme l’émotion au fur et à mesure de la lecture. Efficace tout en étant riche, voilà une bonne lecture pour les amateurs du genre qui cherchent de l’originalité et du fond.