Cinéma - Les Apparences de Marc Fitoussi (2020)
Dans cette période où les cinéphiles sont sevrés de bons et grands films étrangers (même d’auteurs), on doit se rabattre sur une production française plutôt riche mais inégale. Alors certains films sont chroniqués ici pour … sauver les apparences.
Ok, j’ai un peu forcé le trait pour faire une bonne introduction du sujet. Car au travers de cette galerie de personnages dans ce thriller psychologique, Marc Fitoussi (réalisateur de quelques épisodes de 10% et de films oubliés) nous emmène chez les expatriés français à Vienne. Pour avoir vu le même genre de réunion en Chine, je peux dire que c’est assez bien dépeint (le scénario est l’adaptation libre du livre Trahie de Karin Alvtegen). Nous avons donc Evelyne, qui se fait appeler Eve (Karin Viard), directrice de la bibliothèque de l’institut français, mariée à Henri (Benjamin Biolay) chef d’orchestre mondialement célèbre. Tout va bien pour eux avec leur fils adopté, dans leur appartement cossu avec leurs amis de la haute société. Tout … sauf qu’un jour Eve tombe sur des SMS d’une certaine Tina à son mari, laquelle est la prof de leur fils. Pour se venger elle rencontre un certain Jonas dans un bar…
4 personnages, beaucoup de possibilités et tous ont quelque chose à cacher. De leur passé, de leur présent, de leur envie d’avenir ? Des apparences pour tromper son monde, un monde qui ne vit finalement que dans ces apparences. Les amis ? Ils attendent la chute pour trahir. Tous sont effrayants, détestables à une plus ou moins grande échelle. Eve l’est avec sa mère, trop modeste pour la présenter à ses amis. Henri l’est dans son attitude, ses trahisons, ses mensonges (ndlr : comme un homme ???) . Tina l’est dans ce qu’elle cache de son passé et de son présent et Jonas a deux visages. Rien de neuf dans les relations humaines vous me direz ? C’est peut-être un des soucis du film (et donc du livre) d’avoir un regard parfois cynique (mais vrai) sur l’humain tel qu’il est : toujours en représentation par rapport aux autres, plus soucieux du regard de l’autre que de son moi intérieur.
Le tout est plutôt bien filmé et mis en scène, sans fausse note même si les acteurs sont dans leur registre habituel. On sent que cela va aller jusqu’à « la rupture » mais passeront-ils à l’acte ? Sans divulgacher le film, Eve saura peut-être à la fin que les vrais amis sont parfois ceux qui ne se soucient pas des apparences et disent franchement les choses… Un thriller qui se laisse regarder, sans révolutionner le genre. Vu surtout pour Karin Viard, dans sa nouvelle panoplie de « monstre », comme elle le dit.