Cinéma - ADN de Maïwenn (2020)
Ce film, dont la carrière s’annonce difficile, avait rendez-vous avec moi. Vous comprendrez très vite pourquoi je l’ai trouvé touchant si vous suivez un peu mes aventures de cette année.
« Neige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à Émir, son grand-père algérien qui vit désormais en maison de retraite. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et surtout protégée de la toxicité de ses parents. Les rapports entre les nombreux membres de la famille sont compliqués et les rancœurs nombreuses… Heureusement Neige peut compter sur le soutien et l’humour de François, son ex. La mort du grand-père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige. Dès lors elle va vouloir comprendre et connaître son ADN »
Le deuil est évidemment le premier des sujets. Et juste avant nous avons les conditions de vie en EHPAD, j’en reparlerai prochainement. Dans cette famille nombreuse, chacun vit ce moment à sa manière. On peut pleurer ou se murer dans le silence, feindre le détachement ou surjouer. Maïwenn décrit cela très bien. C’est souvent la force de ses films de savoir rendre ces situations critiques avec une vision collégiale.
La famille, justement c’est les emmerdes…Elle en sait justement quelque chose. On ne peut s’empêcher d’y voir un peu d’elle-même dans son relationnel avec sa mère (ici Fanny Ardant épouvantable). Surtout que la situation de Neige est tout à fait celle de Maïwenn par rapport à ses propres origines. La scène avec Fanny Ardant en fin de film est particulièrement symptomatique. Il y a aussi des sourires (surtout avec François, Louis Garrel) et du ridicule comme la chanson de l’enterrement et les blagues des frères et sœurs. Il y a cette sœur perdue et retrouvée mais le fond c’est la recherche de soi.
Neige n’arrive pas à savoir qui elle est au fond, même si ses enfants lui donnent de la stabilité. Les origines, l’histoire du grand-père c’est important, sans être essentiel. Cette recherche est biologique mais aussi spirituelle. Sur ce deuxième point, le film rate partiellement la cible mais en même temps participe à la construction même de cette question pour la réalisatrice.On ne sait pas vraiment ce qu’elle fait dans la vie, tout comme les autres personnages. On peut voir le personnage de Kevin comme une autre part d’elle même, mais aussi celui d’Ali, qui fonctionnent comme deux opposés entre lesquels elle pourrait basculer. Elle a aussi de la fragilité et la sensibilité de la tante, comme l’énergie de la mère, même sans se l’avouer.
Il y a un gros Casting comme le montre l’affiche. Maïwenn filme un peu inégalement le tout, parfois influencée par les films indépendants ou sinon de manière plus classique. Mais la lumière se fait peu à peu présente jusqu’à l’explosion finale. Malgré la dureté du sujet, le film reste positif. Le film reste assez court ce qui explique des manques. Et en même temps c’est un compromis acceptable pour en conserver l’énergie, la fraîcheur.
Un film où on rit, on pleure, on peste, on grogne et qui, comme les autres films de la réalisatrice, ne comblera pas tout le monde. Plutôt bon signe , non ? Certains trouveront ça voyeuriste par rapport à la situation même de la réalisatrice mais il est permis de s’en détacher et de s’y retrouver.