Blog - Rentrer et se réinventer

Pour moi aussi c’est la rentrée puisqu’il y a quelques jours j’ai enfin appris une bonne nouvelle… Une fonction que j’attendais depuis longtemps s’est faite mienne ou presque.

Bon, je ne vais pas en dire trop non plus, mais depuis pratiquement deux ans, je militais pour qu’un poste soit créé en “Qualité” transversale dans les 4 entités qui constituent notre service. Dans les grosses sociétés, tout est cyclique et quand on a un peu de bouteille, on sait que des sujets vont revenir un jour ou l’autre. Alors je savais bien qu’il était nécessaire de re-gérer la qualité plus officiellement que le saupoudrage qui avait cours depuis 15 ans. J’avais vu se succéder des stagiaires bac +5 ponctuellement mais ce n’est pas comme ça que l’on fait adhérer un service à ce sujet déjà complexe. Je rongeais donc mon frein et je préparais patiemment mes solutions pour transformer la petite entité où j’étais. Car au cas où vous n’auriez pas remarqué, l’Automobile se transforme, la mesure physique se transforme, tout évolue et ça nécessite des moyens et des personnes prêtes au jour J.

Car derrière ce mot tiroir de Qualité, on met beaucoup de choses. Et ici pas de banalités à la ISO 9001 ou même d’environnemental à la ISO 14001. Il s’agit plutôt d’accréditations de laboratoires, ce qui touche autant l’organisation, l’administratif, les ressources humaines, la sous-traitance, la formation mais surtout, surtout… maîtriser ce que l’on fait, c’est à dire des mesures physiques dans notre cas. Tous les constructeurs automobiles ne s’appellent pas Volkswagen-Audi ou Fiat-Chrysler, si vous voyez ce que je veux dire niveau triche, hé hé . Ou plutôt la leçon doit servir pour tout prévoir, savoir prouver ses dires, etc…Comme je le disais, c’est cyclique car souvent lorsque l’on maîtrise une fonction, on se relâche, on laisse partir des compétences, on oublie les fondamentaux et on doit resserrer les boulons périodiquement (admire l’image mécanique…). Surtout que de nouvelles technologies arrivent, de nouveaux besoins et donc beaucoup de questions. Passionnant !

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“dieu” habite là… (et d’anciens éminents collègues)

Une fonction transversale, ça veut dire que tu n’interviens pas hiérarchiquement mais que tu viens accompagner la prise en compte d’un sujet dans plusieurs entités, plusieurs services. Çà fait pratiquement 20 ans que je suis dans ce type de fonctions et que je gravite autour des mesures physiques, de la qualité sans jamais perdre de vue le terrain et les connaissances de chacun. Le monde est assez petit et je suis assez casse-pied parfois pour qu’on se souvienne de moi, tout en restant pragmatique pour faire monter patiemment en compétence les équipes autour de moi. Cette fois, la tâche s’avère assez considérable puisque c’est plus d’une centaine de personnes qui seront concernés avec pas mal d’intermédiaires. C’est aussi pour cela que l’on sera un binôme, avec chacun nos connaissances. Là aussi il va falloir gérer surtout avec des caractères plutôt opposés.

Gérer le relationnel avec des gens qui ne veulent pas changer grand-chose, ou n’osent pas, c’est complexe. Gérer 4 sujets de front avec des objectifs, des délais, c’est aussi complexe mais j’aime les challenges, la part d’inconnu. Le problème va être de se répartir les actions, de faire travailler des personnes qui n’ont pas encore les bonnes connaissances et qu’aucune formation ne saura aider aussi rapidement. Le savoir c’est un des premiers problèmes car on aborde des sujets très techniques et des profils qui vont de l’ancien ouvrier à l’ingénieur mécanique en passant par divers techniciens, plus ou moins motivés. J’ai pris quelques jours pour y réfléchir en dehors du boulot. C’est essentiel de pouvoir sortir un peu du contexte pour mieux voir ce qu’il y a à faire. Et la qualité, c’est la cinquième roue du carrosse, le truc qui emmerde souvent au lieu d’aider, alors que ça devrait être naturel (ça l’est souvent sans être formalisé). Ce que l’on va demander, c’est du boulot en plus du boulot habituel des gens. Avoir l’adhésion au plus haut niveau est essentiel dans ce cas. Les planètes sont alignées (baisse de charge de travail, changement de hiérarchie), ça le fera !

Passer le savoir sur autant de sujets, ça se fait d’autant plus facilement si on a des relais. Je n’en ai pas partout mais je sais sur qui compter au moins sur 2 entités. Je réfléchis alors à faire du tutorat, à créer l’émulation sachant que tout le monde n’a pas le goût du challenge. C’est même plutôt “Panique à bord” dès que l’on parle changement. Et là, comme je l’ai dit, c’est une transformation totale du métier qui s’opère. Pour vous situer, on passe d’un magasinier réparateur à un technicien métrologue. Ah oui, la métrologie, c’est vérifier et exploiter des instruments de mesures de différents types. Et dans mon domaine, ça fait déjà des trucs très pointus, au point que certains laboratoires nationaux ne font même pas eux-mêmes et refusent de raccorder nos instruments. J’aurais l’occasion de m’étendre sur la déchéance de la fonction métrologie dans l’industrie française… Il n’y a plus qu’à compter que sur soi-même et tout inventer, créer, patiemment.

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Etude pour un portrait - Francis Bacon 1952

Transformer un service, c’est donc trouver le bon matériel, la bonne utilisation et ensuite mettre les personnes que l’on juge compétentes. On ne fait pas ce qu’on veut et on fait avec ce que l’on a, avec ingéniosité plutôt que monnaie sonnante et trébuchante. Pareil pour le personnel, on “recycle” (parce que des services et des usines ferment) et on peut avoir de très bonnes surprises, comme de mauvaises. Je suis plutôt optimiste de nature dans ce domaine, essayant de communiquer la confiance à des gens qui parfois ont simplement perdu la flamme. Mais il y a aussi des manipulateurs, des tricheurs et je les repère assez vite. Dans ce domaine, pas de place pour la triche. En étant transversal, on ne peut pas être partout et on passe par la strate hiérarchique ce qui complexifie les choses. Surtout si le hiérarchique n’y croit pas … La confiance est donc un paramètre à donner et je l’accompagne de bonne humeur. Enfin j’essaie de dédramatiser le contexte surtout, sans perdre la rigueur. En même temps, il y a ce besoin d’uniformiser les modes de fonctionnement de 4 entités et de ménager les susceptibilités. Je n’arrive jamais avec mes solutions mais je reprends le meilleur de celles qui existent. Là, il y a certaines des miennes dans le lot et il faudra que j’en fasse abstraction.

Mais je n’échappe pas au syndrome de l’Imposteur. Je sais que je ne suis pas un spécialiste infaillible du calcul d’incertitude (où il n’y a pas de vérité unique !) et que j’ai besoin de réviser sans cesse les basiques, parce que je ne fais pas que cela dans l’année. Je préfère ne pas dire de bêtise et vérifier les normes, les calculs, les notations, surtout que ça évolue selon les domaines. En plus, il faut prendre en compte les besoins US, allemands, chinois même…. Tout le monde a ses habitudes dans la formalisation des calculs, dans les expressions d’une incertitude. Le SEE (standard error of estimate), par exemple, n’est pas très usité en France mais très courant ces dernières année. En réalité, c’est juste une manière de présenter la méthode des moindres carrés, ce qui ne parlera pas à tout le monde. Une part de moi doute forcément. Ne jamais le montrer …mais toujours le préparer. J’ai déjà parlé de ce travers très français d’arriver à des réunions sans préparation, ce qui n’est pas mon cas. Là aussi, il faudra que je gagne du temps en faisant préparer les choses par chacun, notamment avant les audits qui se préparent.

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Ce n’est pas moi, mais certaines personnes quand on parle “qualité”

Pour le coup, mon passage en “analogique” va être mis à rude épreuve. J’en reparlerai aussi bientôt dans un sujet dédié à mes prises de notes, à mes changements en 4 mois. Ce n’est pas forcément adapté à ces multiples réunions par semaine, à ces synthèses mais il faudra que je prenne le temps d’avoir une vision des choses suffisamment reculée pour trouver les priorités et appuyer sur l’accélérateur où il faut. On a trop souvent la tête dans le guidon dans son travail pour rater l’essentiel. Dans une telle synthèse, plusieurs cerveaux valent mieux qu’un déjà mais il est essentiel de prendre du recul sur chaque sujet. Je pense mettre à profit le travail à domicile pour cela car c’est un environnement différent, où je peux plus facilement me lever de mon poste, marcher, faire une pause et reprendre autrement. J’ai eu quelques couacs aussi avec ça car il faudrait que j’utilise le même double écran qu’au travail. Mais sur cette tâche, ça devrait aller. J’ai de la chance d’avoir cette solution dans de bonnes conditions et surtout cette possibilité dont il ne faut pas non plus abuser, avec le risque d’être coupé du monde réel.

Je suis content de tout ça, de ce gros challenge qui ne peut que me motiver. De toute façon, je me l’étais mis à titre perso sans qu’on me le demande dans mon activité. S’il y a une leçon à retenir, c’est bien de ne jamais attendre que l’on nous donne une activité mais de se l’inventer, de se la créer. Tant que le reste de ce que l’on demande est fait, ça va. Dans ce cas, profiter des creux de charge de l’activité est essentiel. Se ménager aussi des périodes pour cela dans son emploi du temps. Je m’inscris cela carrément comme des réunions dans mon planning de la semaine. Quitte parfois à décaler mais cela me permet de ne rien oublier. Ça et une bonne “to do list” (liste de ce qu’il y a à faire en français) restant visible sur le bureau et ça fonctionne. Il faut se prendre du temps pour réviser la liste , évaluer les manques, revoir les priorités. A peu près comme le plan de bataille de cette activité en fait où là aussi on peut vite trouver une routine ennuyeuse.

Je sais que dans tout cela, je me planterai sur certains points, je serai surpris sur d’autres et que j’en apprendrai beaucoup, forcément. Le plus difficile sera de garder du pragmatisme dans les solutions et ne pas sombrer dans des organisations inapplicables sur le terrain. C’est aussi le message à faire passer à des auditeurs qui n’ont pas tous le même profil, certains étant très, trop techniques, d’autres plus branchés organisation ou paperasse. On le sent assez vite dans les réunions préliminaires à cette course à étape. Le monde étant petit, on se retrouve avec des gens que l’on a croisé ou qui connaissent d’autres collègues du secteur. La qualité, c’est tout de même d’avoir un “livrable” parfait et d’en être certain. Avec tout ça, cela promet moins de temps pour des billets de blog ? Ou de la matière pour en faire ? On verra.

” You Wanna Stay Alive, Better Do What You Can” M.Jackson 1958-2009

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Ecrit le : 07/09/2019
Categorie : reflexion
Tags : blog,industrie,méthodedetravail,Réflexion,travail

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