Blog - "Pour de vrai"

Ce billet a commencé bizarrement quand j’ai entendu un inédit de Tom Petty en revenant chez moi, à la radio. Intitulé “For Real”, il répondait bizarrement à mon billet de la semaine précédente, que je venais justement de finir de corriger.

Il y a des moments comme cela où une chanson nous interpelle, agit mystérieusement sans que l’on prenne même le temps d’en comprendre le sens. Pendant ces quelques minutes avec le grand Tom, j’ai ralenti imperceptiblement mais pourtant tout à fait réellement sur la petite route limitée à 70Km/h. Je restais pourtant attentif à ce qu’il y avait sur la route mais mon esprit se laissait prendre par le rythme de cette chanson. Il faut dire aussi qu’avec Tom Petty, cela fait une trentaine d’années que cela dure, qu’il m’accompagne par période et que je me délecte de ses compositions entre folk, rock et country. Il n’a pas trouvé son public en France, qu’importe, vous ne savez pas ce que vous ratez. Mais cette chanson, qui n’a pourtant rien d’un chef d’œuvre, m’a happé ce moment pour ne plus me lâcher de toute une soirée, jusqu’à provoquer ce billet qui n’a pas vraiment de but.

Quelques instants plus tard, je réalisais que ma vitesse de croisière s’était paisiblement rapprochée de 50km/h, sans affoler le moindre poursuivant puisque j’étais totalement seul, comme rarement à cet endroit. J’étais aussi seul mentalement, comme transporté quelque part loin de l’hexagone. Je n’étais plus si pressé dans cette journée où je venais justement d’aller faire la provision mensuelle de médicaments pour madame, de faire les courses complémentaires de frais. J’avais pourtant optimisé mon temps pour profiter de cette soirée, me reposer vraiment et me soigner d’un méchant microbe qui rode toujours autour de moi sans m’achever vraiment. J’avais repris quelques contacts avec quelques vieux “compagnons” de l’époque Icezine et Twitter, m’indiquant sans doute que je rentrais dans une de ces phases plus mélancoliques. J’hésitais sur le film, avec madame pour la soirée, et finalement je me persuadais que ce vieux Lino serait un bon compagnon. Un petit tour dans les années 80 de ma tendre jeunesse, avec une figure qu’appréciait mon grand-père, un dur au cœur tendre…

Et puis j’ai écouté en boucle ce titre avant d’embrayer sur une de mes compilations et l’un de ses albums. La musique se retrouve souvent associée à des instants du passé, voir à des lectures lorsque je laisse un fond musical pour lire un livre. Pour de telles musiques, c’est la mélancolie qui guette, le spleen et c’est une de mes drogues pour écrire. J’essaie de m’en passer pour écrire les articles ici, sinon pour quelques textes. Et pourtant, là, en l’écoutant je repensais à ces moments d’il y a 30 ans, pas forcément très heureux. C’était l’adolescence, la fin du collège, le début du lycée, un virage pas négocié au mieux. Je repensais à ceux croisés à ce moment, qui m’inspirent parfois, justement, des textes. Certains sont encore dans mes contacts, d’autres non. Ils ont changé, moi aussi. Parfois nous n’avons plus rien de commun, la vie ayant suivi son cours. Mais quand je regarde mes amis d’aujourd’hui, certains me sont opposés sur des idées politiques, sociétales et je ne l’accepterai peut-être plus un jour.

Et puis d’autres ont coupé les ponts, parfois brutalement. Je suis passé justement il y a quelques jours, par hasard, devant chez un ancien ami qui soudain n’a plus donné signe de vie. Je n’ai pas eu d’explications, même quand j’ai essayé de le joindre par tous les moyens. J’aurais pu m’arrêter, sonner mais à quoi bon maintenant. Je n’ai jamais fermé la porte, jamais eu de mots contre lui. Peut-être un acte que j’ai manqué sans m’en apercevoir, mais je ne pourrais pas remonter le temps. Cette musique m’a plongé dans une de ces phases mélancoliques qu’aujourd’hui je gère sans doute mieux. Les erreurs, les silences, les mots de trop sont derrière moi. Et les mots de cette chanson ont commencé à entrer dans ma tête, à être compris. Mon inconscient avait dû déjà réagir à cela. Bien sûr, ça parle d’un frère que je n’ai pas mais cela parle aussi et surtout du passé. “Oh brother, look what we’ve become. Oh brother, could we be so dumb ?” (Deepl translator est ton ami…). Oui, j’ai été idiot parfois, aussi, égoïste sans doute comme nous le sommes tous parfois. J’ai appris à comprendre cet égoïsme qui vient souvent en réaction mais qui rode, comme une petite maladie humaine prête à nous contaminer, à nous faire basculer du côté sombre comme dirait le jedi, même un samedi. (humour de week-end, one point )

Cette chanson, le passé aussi, m’ont rappelé la vertu de “communiquer”, de dire les choses, honnêtement. Je sais que parfois des paroles peuvent être mal prises sur le moment mais qu’avec le temps nous réfléchissons tous, nous comprenons mutuellement. C’est amusant que justement cette semaine, Madame ait eu envie de regarder quelques épisodes de la série “Good doctor”, une série sur un médecin autiste qui a du mal à mentir, à cacher les choses. Il dit les choses sans émotions, froidement à ses interlocuteurs et c’est peut-être l’élément le plus intéressant d’une série finalement assez banale sous sa couche bien dégoulinante de bons sentiments hypocrites et irréalistes comme les américains savent faire avec leur système de santé déficient. Nous pensons souvent qu’il vaut mieux mentir à quelqu’un car il n’est pas prêt à accepter la vérité, qu’elle soit sur lui même ou autre chose. Je crois pourtant que nous fuyons plutôt la difficulté de trouver les mots pour dire les choses.

La vérité… Je reviens finalement un peu par hasard à mon titre, à cette chanson qui est comme une confession. J’ai regretté d’avoir perdu quelques années ou mois pour ne pas l’avoir dit au bon moment, de peur de froisser, de décevoir et en même temps, si je l’avais fait, je ne saurai pas dire ce qu’il serait advenu. “Avec des si…”, il aurait pu se passer tellement de choses et pourtant je me satisfais plutôt de ma situation actuelle, malgré les quelques peines. Je sais mieux ce sur quoi je suis bon, ce sur quoi je suis mauvais. Je sais aussi qu’aujourd’hui, je ne trouve pas grand chose de bon dans mes derniers billets du samedi, avec cette impression d’errements, de vagabondage de l’esprit sur des thèmes que je m’impose, que je tente de structurer. Mais en même temps, quand je regarde les “billets” à succès, je n’ai certainement pas envie de les refaire tous au goût du jour. Je parlais de se mentir la semaine dernière et le plus dur dans l’écriture c’est d’être soi. Pour avoir fait autrefois du travail de commande, avoir répondu à des modes du moment, j’avais l’impression d’être quelqu’un d’autre. Malgré tous les défauts ici, ça me ressemble un peu plus, enfin je le pense.

Je termine prochainement quelques rubriques et je m’en étais prévu d’autres, à la fin de l’année dernière. Pour l’instant je n’ai pas respecté cela parce que c’est très énergivore et très gourmand en temps, ce qui me fait dire sans arrêt que je dois ra-len-tir. Quand je parle d’énergie, c’est ce que l’on a au fond de soi et qu’il faut chercher, en mettant la vie sur pause, en s’extrayant de son quotidien, de son environnement. (Tiens juste après cette phrase, je vois que Cyrille écrit là dessus…) Là aussi, pour le faire, j’ai parfois laisser le style et la forme s’imposer à moi, par mimétisme, plutôt que de laisser venir les mots, comme je le fais justement à cet instant, dans la froide matinée d’un printemps, entre gazouillis d’oiseau, bruit du train au loin et fond sonore. Je pensais ici ne pas savoir où aller, mais le titre m’a guidé peu à peu, tout comme le souvenir de paroles, de moments passés. Ce billet m’aura pris des heures, prises à différentes journées, quand l’atmosphère s’y prête, en essayant de garder de la cohérence, l’esprit du début, du milieu, de la … faim d’écrire des lignes.

Pendant cette semaine, je me suis beaucoup interrogé justement sur ce que j’écrivais, partageais, le besoin ou pas de parler de tout ce que j’ai vu, lu, écouté. Je n’ai pas mis beaucoup de films, par exemple, alors que j’ai vu beaucoup plus de sorties des dernières semaines. Vous ferez donc les conclusions que vous voulez sur les sorties que je n’aurai pas traitées. Certaines sont un peu décalées à la semaine prochaine (hein Tigger Lilly…) Je cherchais à parler de logiciel libre, sans trouver le moindre angle car en réalité, je n’ai touché à rien d’autre que mon PC qui fonctionne parfaitement, pas chargé le moindre logiciel, la moindre application nouvelle, pas eu le moindre besoin non satisfait dans ce domaine. La seule chose que j’aurais pu traiter, c’est un beta-test que j’effectue à mon travail mais ce n’est pas assez avancé pour cela. Et puis j’ai aussi un sujet en gestation avec l’aide du forum de M. Borne… Je me suis aussi beaucoup intéressé à la géopolitique, ai lu et écouté des avis sur des situations conflictuelles, par exemple sur l’Algérie. Mais je n’avais ni envie d’écrire à chaud là dessus et je ne me sentais pas assez légitime ou instruit sur le sujet pour apporter quoique ce soit. Et surtout, j’ai l’impression que nous ne sommes qu’au début de quelque chose, même une énième mystification qui ne sera peut-être plus acceptée. Nous verrons… Ce qui m’a fait retomber sur ce questionnement de la diffusion de liens, d’articles pertinents, de lectures intéressantes.

J’ai vu différentes formules chez des collègues blogueurs pour diffuser cela. Beaucoup ont abandonné le fil twitter, facebook pour cela pour compiler dans des flux RSS ou dans des billets “compilation”. La première solution me ferait retomber dans du Wallabag ou du Shaarli, alors que l’autre est proprement illisible à mon avis, même en structurant un peu avant. Que ce soit chez des blogueurs à succès ou des figures du monde du libre, je ne trouve pas ou plus satisfaction dans ces formes de diffusion. Il reste déjà mon petit flux d’actualité, là en bas du billet, dans le pied de page (sur mobile, cherchez dans le menu) et c’est déjà beaucoup. Mais comme j’ai fait aussi mon ménage de printemps dans les flux, pour des raisons évoquées la semaine dernière, il y a moins de choses à lire. J’ai énormément de mal avec tous les sites d’actualités, en fait. Et comme je n’en diffuse pas non plus… Je ne trouve pas de solution mais ma conclusion est que je n’ai pas besoin de le faire non plus. Il y a un côté narcissique, j’ai l’impression, à faire cela, comme si ce que je trouvais important, moi, l’était pour tout le monde. Je répondrais presque plus à ma propre envie qu’à celle de lecteurs qui ont certainement bien d’autres sources pour cela que la mienne.

Ah oui, en parlant de lecture, je voyais des sondages sur les français qui ne dorment plus (moins de 7h), qui ne lisent plus, ce qui n’est pas une surprise mais à peu près comme avant en fait. Tout dépend ce que l’on inclut dans le mot lecture … et si l’on voit le verre à moitié plein ou vide. Car pour le même sondage j’entendais une vision positive ou négative de la chose, notamment du fait qu’un tiers des sondés disent lire plus de 20 livres par an. Euh… je trouve cela peu, pour ma part, puisque cela inclut du roman, de la BD, du manga, de l’essai, des livres techniques, de cuisine, de bricolage. Je ne compte même plus mais je pourrais et je trouve encore que je ne lis pas assez, tout comme je n’écoute pas assez de musique parfois. En fait quand je pense à ralentir, c’est pour aussi me donner du temps pour cela, comme pour la contemplation, ces petits moments où je trouve que l’économie de mots est un art. Si je l’avais fait, j’aurais su que cette compilation du grand Tom comprenait cet inédit…

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Ecrit le : 23/03/2019
Categorie : reflexion
Tags : blogMusiqueRéflexionvérité

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