Cinéma - J'ai perdu mon corps de Jérémy Clapin (2019)
Je ne sais pas vous, mais je vais au cinéma pour ressentir des émotions. Elle sont rarement procurées par des effets spéciaux mais plus par des histoires, savamment mises en image, et en musique. Ce film d’animation de Jérémy Clapin a su me procurer ces émotions, assez diverses d’ailleurs.
Une fois de plus, il s’agit d’un film pour adultes ou grands adolescents. L’histoire intrigue : “Dans un hôpital de la région parisienne, une main amputée s’échappe pour retrouver le corps auquel elle appartient. C’est celle de Naoufel, un jeune homme d’origine maghrébine qui rêvait d’être à la fois pianiste et astronaute, mais la vie en a décidé autrement..” Immédiatement, on s’attend à un conte horrifique ou glauque. Et pourtant, le spectateur va aller de surprises en surprises passant alternativement de la main au personnage de Naoufel. L’histoire est une adaptation d’un livre de Guillaume Laurent, “Happy Hand”, ce même monsieur qui a travaillé sur le “Fabuleux destin d’Amélie poulain” ou “Un long dimanche de fiançailles”.
Le spectateur passe de l’effroi au rire, au sourire ou aux larmes. On revit l’enfance de Naoufel jusqu’au … drame. On se laisse guider par un minuscule fil rouge ailé. Et on succombe à de très belles scènes poétiques, des séquences qui sont là pour des moments de contemplation, de belles images de cinéma avec un grand C. Car le film manque parfois de rythme ce qui est tout à fait volontaire mais surprend parmi les films survitaminés. Il ne dure qu’une heure vingt et on en ressort secoué. C’est une comédie dramatique, une romance aussi avec l’histoire de Gabrielle et Naoufel. C’est une histoire de notre temps, et j’avais l’impression de connaître ces quartiers, ces barres d’immeubles, ces ruelles parisiennes, …
Cette belle mise en scène est soutenue par une excellente bande-son de Dan Levy (The Do, producteur de Jeanne Added…). L’image est réaliste sans excès, beaucoup dans les tons gris sauf dans ces scènes plus contemplatives de la beauté qui nous entoure dans l’ignorance. C’est un film pour rêveur sans doute, pour ceux qui sont distraits par le vol d’un oiseau, d’une mouche ou le passage d’un petit rongeur. C’est aussi un film pour les fans d’animation et malgré de nombreux prix (Annecy, Cannes), ça risque de le cantonner à un trop petit public. C’est un film qui a justement parmi ses nombreux mérites, le fait de sortir des stérétotypes, de surprendre et toucher. On lui pardonne alors ses défauts de jeunesse car il n’est pas lisse.
Et j’aime ça !