Blog - J'ai pensé arrêter...

Je commence ce billet dans un moment de blues et de fatigue (non je ne l’ai pas fini hier). Ces derniers temps, j’ai perdu un peu de l’envie de faire vivre ce blog. J’ai mis quelques brouillons à la poubelle avec l’impression de radoter. J’ai des sujets récurrents c’est sûr mais je retrouvais des phrases à l’identique de billet en billet (même celui là…). Il faut dire que j’en ai écrit un sacré paquet pour faire une pause bien méritée…

L’audience baisse, j’ai l’impression, sans doute parce que je ne traite plus vraiment des mêmes choses ou peut être que les stats ont changé, mouais… Moins de sujets geeks, quasiment plus de logiciel libre. Et les articles qui me tenaient le plus à cœur ne marchent pas, en plus. Des personnes m’ont déçu aussi, sans doute parce que je prends trop à cœur certains détails. Je suis comme ça, on ne me refera pas. Heureusement que j’ai toujours des dizaines de billets d’avance pour donner l’illusion que rien ne change…même des billets pour le Samedi, parfois sans repère temporel, comme des sujets “magazine”. Mais c’est aussi l’été qui arrive, l’insouciance, l’envie de vacances qui fait que l’on déserte un peu plus les blogs.

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C’était une période nostalgique aussi. Ca s’est un peu vu dans mes chroniques de films et autres. J’ai réécouté pas mal d’albums de jeunesse et ça plonge dans la mélancolie. Des souvenirs reviennent, des visages aussi. On les recroise, ils ne sont pas comme on l’aurait imaginé. Chacun a suivi sa route, a renié un peu de ses idées, … j’en ai déjà parlé, je sais. La mélancolie pèse alors plus encore. Pour une fois, elle ne m’a pas fait écrire d’haïku, de poèmes; presque un regret. J’ai réussi à m’en sortir à peu près indemne. Alors on cherche à ce que ça sorte, on aligne les mots, les phrases, souvent dans le vide. On remplit quelques pages d’articles qui viennent tout seul et quand on relit, ça n’a plus vraiment de sens. On se défoule un peu sur twitter avant de tout effacer. Et on sort alors “les poubelles”, on voit ce tas d’immondices numériques qui s’accumule comme du temps perdu. On cherche une utilité, oubliant celle que l’on a. Pas étonnant que “la vie est belle” me touche à chaque fois…. L’impression d’inutilité de la vie, que ce blog lui même n’en a pas, est récurrente. La recherche du sens aussi, dans une époque où il n’y en a pas, d’ailleurs.

C’était une période d’élections, donc de mensonges à n’en plus finir, de trahisons. C’était une période où les conflits mondiaux m’inquiétaient, où les injustices m’exaspéraient plus que de raison… C’est toujours le cas, en fait. Le recul sur l’IVG, qui se généralise dans le monde, par exemple. Je pense sans arrêt à ces femmes qui se sont battues pour ça, ont souffert, sont mortes parfois… Et on trouve des illuminés pour aller contre ça, des gynécos endoctrinés comme le père de Vincent Lambert, des personnes qui utilisent la science pour eux mais la refusent aux autres. Je ne cherche même plus des excuses à ces gens. Je trouve cela insupportable, alors que l’on avance dans le temps, on revient en arrière sur beaucoup de droits, celui des femmes, les droits sociaux des plus fragiles et même pour la nature quand je vois ce que fait un Bolsonaro au Brésil, pays poumon de la planète, ou le Botswana qui autorise la chasse de l’éléphant… Il y a aussi l’instrumentalisation de chaque affaire, chaque événement par ces deux extrêmes populistes qui occupent la vie médiatique ( les 2 partis en tête, hein…avec cette loi passée en catimini au début du quinquennat), le manque d’alternative crédible ou raisonnable, ça me mine aussi, comme mon impuissance à trouver des mots, à convaincre sur tout,…surtout. Je devrai me boucher les oreilles sur les conversations autour de moi, fermer les yeux, je m’en porterai mieux mais à quoi bon ignorer la réalité, vivre dans son petit monde de bisounours.

C’est aussi l’impression que beaucoup laissent tomber des causes, autour de soi. Moi même je ne participe plus à grand chose contre l’exploitation du vivant, la cause animaliste, sinon en soft power, par la force des choses, hélas. Car autour de moi, ça mange moins de viande, ça comprend peu à peu l’impact de notre consommation sur le vivant, l’eau, la pollution. Je vais me remettre à la tâche, parler de ces sujets. Il faut sans cesse vulgariser, faire comprendre, sans insulter, sans trop culpabiliser non plus car ça en bloque aussi. Et qu’importe si certains ne me lisent plus car ils ne veulent pas comprendre que le prosélytisme n’est pas chez les vegans, où considère que le mot veut dire forcément extrémiste. A se refuser de réfléchir pour cela, on en devient con et ça va dans les deux sens. Je subis tous les jours, moi, de devoir tout vérifier, juste pour un choix éthique, d’être harcelé de publicités mensongères, d’annonces, d’articles sponsorisés par des lobbies, etc … Mais du côté du logiciel libre je vois que le fossé se creuse aussi entre les extrémistes et les pragmatiques. Ces derniers ont l’air de disparaître, de laisser un peu tomber les solutions libres qui tardent à devenir fiables, adaptées aux outils d’aujourd’hui. J’aurai l’occasion d’en reparler très bientôt. En attendant, même si j’ai fait quelques choix de conservation de solutions propriétaires, je reste un partisan du libre, surtout en vivant tous les jours les blocages de solutions fermées à mon travail. C’est d’autant plus important quand les filiales françaises de société n’ont le droit de rien sur leur produit. Là aussi, un autre débat.

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J’y peux rien, je suis allergique à cette marque…

Peut-être aussi l’impuissance à faire bouger les lignes au travail, à avoir l’impression de se démener et d’aller vite quand beaucoup lambinent (au dernier sondage interne 50% des gens de mon service sont démotivés! ). Je ne suis heureusement pas seul à voir et penser cela. Je m’épuise, le reste n’aidant pas. Rançon de quelques succès, on me demande un peu plus…toujours plus mais quand je demande de mon côté, je ne vois rien venir en retour. 4 semaines que j’attends une réponse, par exemple, que j’ai relancé presque tous les jours et qu’une date butoir arrive. J’assure mes arrières mais c’est épuisant car tout sera à faire à la dernière minute. Et puis les traitements miracles stagnent pour madame, mais je savais que ça serait long. Si…un jour j’écrirais mon expérience, son expérience, j’irai voir tous les médecins sans solutions, les sûrs d’eux, les pédants, … on trouve des motivations où l’on peut. Là encore, le patient est laissé à l’abandon quand il ne rentre pas dans les cases, quand il est au carrefour de spécialités. Et puis si j’ai la chance d’avoir de bons médecins autour de chez moi, le coût et les délais s’allongent. Ouf, j’ai les moyens mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Tout le monde ignore son prochain, celui que l’on côtoie dans la salle d’attente, ou celui qui ne peut justement pas y rentrer. Il faut au moins 10 ans avant de voir un changement dans ce secteur…On en parle peu, à moins d’être touché soi-même.

Internet est friand de nouveauté mais au bout de trois ans, de vieux articles commencent à fonctionner. Je ne sais même pas pourquoi. Pas grâce à Google, qui se gave de nouvelles. Même si la tournure du libre ne me convient guère, je reste discrètement fidèle au concept. Je n’ai juste rien à dire puisqu’il ne se passe plus grand chose. A quoi bon tirer sur l’ambulance linux ou firefox. A quoi bon tester ce qui ne me servira pas. A quoi bon changer ce qui fonctionne. Je n’ai aucun intérêt à penser mes articles en fonction d’une utilisation sur tel ou tel média, sur le JdH, twitter, Mastodon, etc. Ni créer un article polémique pour attirer le buzz dans quelconque communauté. Je vois bien les collègues parler de leurs essais, de solutions techniques, revenir en arrière, puis en avant, puis en arrière à nouveau. Je n’en ai plus la force ou l’envie. On peut donner de soi, comme je le disais dans un billet récent, mais à un moment, on attend quand même un minimum de retour. Cyrille parle parfois d’une génération qui ne veut plus sortir de sa prison dorée. Nous sommes des humains, surtout et je ne veux plus, non plus, sortir de mon confort. Encore que….

Parfois je m’imagine virer pas mal de petits gadgets, de facilités. C’est juste qu’il faut sauter le pas en fait. Le végétarisme, je l’ai fait d’un coup, avec madame, par exemple….puis le véganisme. Ca m’a coûté en confort, c’est sûr. J’ai aimé passer du temps à configurer ce foutu PC atom avant de trouver la config de la veille qui foutait tout en l’air, par exemple. Pas le choix ? Si, j’aurai pu aussi rester sous windows, changer de machine. J’ai failli donc tout arrêter et puis je me suis dit, quand même… Quel gâchis. Ca reviendra comme lorsque j’écris d’un seul coup 4 articles le même jour, que je trouve autant d’idées en une heure qu’en un mois. C’est la vie, finalement qui veut que l’on ait des hauts et des bas. J’ai enfin terminé des brouillons qui trainaient depuis 2 ou 3 ans, par exemple, même s’il en reste trop à mon goût. Et puis tout arrêter ça, ce n’est pas comme se débrancher totalement de la vie, si vous voyez ce que je veux dire. J’arrive encore à donner l’illusion d’un rythme régulier avec la parution programmée alors que c’est complètement bordélique en coulisse. Tout arrêter, ça serait un peu comme être à la retraite en fait. Il me faudrait trouver une passion nouvelle, un exutoire aussi efficace. L’écriture, tiens…. Euh oui, bon, c’est un peu ce que je fais déjà, non?

C’est justement la période où je me trouve des défis pour l’année à venir. Réécrire sérieusement pour moi en est un bon. Après le faux roman et la nouvelle de commande, après la BD, après l’album musical, je reprendrais peut être la plume pour quelque chose. Madame m’a donné une bonne idée, justement…. chut, ça sera une surprise, un jour. Bref, ce billet, je le fait paraître pour tous ceux qui ont commencé un blog un jour, et ont eu l’impression à un moment de ne plus avoir rien à dire, d’avoir autre chose à faire. C’est tout à fait normal et on se fixe des barrières, on n’ose pas, on n’essaye pas. Tout n’est pas réussi et si je regarde ce que j’ai jeté, il y a parfois un bon passage entouré de fioritures, de circonvolutions, et autres détours. Et surtout, tout n’est pas bon à dire, il n’est pas nécessaire de réagir sur tout, tout le temps non plus. Je pourrais faire des billets sur les faits d’actualités chaque semaine mais quel en serait l’intérêt? Au bout de quelques temps, on aurait oublié de quoi je parle, le contexte de l’époque. Je préfère chercher une intemporalité, un cas qui cause au plus grand nombre, même si je pars d’un cas très particulier. Voilà finalement le vrai défi hebdomadaire et que j’ai parfois un peu oublié.

Dans ce billet qui ne cause en théorie qu’aux personnes qui écrivent, se filment, parlent et perdent un peu le fil, l’envie, je parle plus généralement d’une passion qui nous anime, nous guide. Cela aurait pu être du sport, un sport où je me donnerait à fond et qui à un moment m’ennuie, cesse de me motiver à aller à l’entrainement. Cela aurait pu être un métier aussi où à un moment on ne sait plus ce que l’on vient faire, où on a besoin d’un break, de repenser… Souvent, il y a des évènements extérieurs et on en devient plus irritable, aussi. Je l’ai vu chez des collègues, parfois, essayer de leur faire réaliser leur dérive. Pas évident de le réaliser par soi-même, n’est-ce pas, ou d’écouter ceux qui s’inquiètent autour de nous. Et puis ça repart, malgré tout le constat fait auparavant, qui ne change pas beaucoup. Des blogs, des lecteurs, des matériels, des amis, des enemis, etc…. ça va, ça vient. Finalement, c’était là l’essence de ce billet.

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Ecrit le : 22/06/2019
Categorie : reflexion
Tags : blog,environnement,politique,Réflexion

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