Cinéma - La Fameuse Invasion de la Sicile par les ours de Lorenzo Mattotti (2019)
Voilà un film d’animation qui aura du mal à trouver son public. Mis en image par un illustrateur italien, conçu en France, il est l’adaptation d’un roman “jeunesse” de Dino Buzzati, écrit au sortir de la seconde guerre mondiale.
Si je parle de ce contexte, c’est que je pense qu’il a son importance dans l’histoire : “Tonin, le fils du roi des ours Léonce, est enlevé par des chasseurs. Depuis, Léonce est tourmenté, car il n’a pas dit la vérité à son peuple. Des années plus tard, les ours n’ont plus de vivres et décident de descendre vers les plaines pour trouver de la nourriture chez les hommes, le roi gardant au fond de lui l’espérance d’y retrouver Tonin. À leur arrivée dans le monde des hommes commence une lutte acharnée entre le Grand-Duc de Sicile et les ours. Ces derniers en ressortent victorieux et organisent une fête durant laquelle le professeur De Ambrosiis, un magicien banni par le Grand-Duc, choisit de se joindre aux ours pour l’attaque de la forteresse de Cormoran.”
Je suis allé voir ce film d’abord pour son style, cette manière d’illustrer une histoire étonnante. Il y a un côté retro, et en même temps j’ai pensé au Roi et l’oiseau (bien que le style diffère), le film mythique de Paul Grimault. En effet, il y a ce même côté poétique dans un conte plutôt philosophique qui nous parle du pouvoir, de ce que peut faire l’humain pour dénaturer toute chose, tout idéal. Si les ours restent “mignons” et plairont aux enfants, il y a des scènes de bataille, de guerre qui peuvent heurter les plus jeunes. Pas de sang, évidemment, mais il n’y a parfois pas besoin de cela pour être violent. Avec une durée d’une heure vingt, on est aussi dans une animation “à l’ancienne” et ça me convient tout à fait. Il y a de réels moments magiques, des scènes très graphiques où l’on voit que c’est un illustrateur qui est aux manettes. La musique n’est pas négligée avec des ritournelles italiennes du plus bel effet.
Mais quand je dis qu’il aura du mal à trouver son public, c’est une constation. Pas un enfant dans la salle alors qu’on a en même temps 3 autres films d’animation et je peux le comprendre. La bande annonce laisse penser que c’est complexe. Le style paraîtra enfantin à des adultes peu habitués à ce format et c’est dommage de s’arrêter là. A la sortir de ce film, il y a matière à discussion sur le sens à donner à cette histoire à tiroirs. J’ai même envie de relire du Buzzati qui reste lointain dans mes souvenirs. Laissez vous tenter si vous recherchez autre chose, si vous avez envie de rêve, de poésie mais aussi de réflexion.